Anne-Sophie Bailly

Gestion des travaux au carrefour Léonard: à quand la fin de la blague?

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

La gestion des travaux au Carrefour Léonard confine à l’absurde. Si l’opportunité des rénovations est avérée, l’échéance électorale et le manque de concertation ont semé le chaos sur les routes.

A l’époque de la pandémie, c’était devenu un running gag sur les réseaux sociaux. Par la suite, on l’avait aussi partagé dans les bulles de deux, de quatre ou de huit. Malgré neuf ministres de la Santé, la Belgique était confrontée à certains errements dans la gestion de la crise sanitaire du Covid. Elle s’en sortait moins bien que ses voisins. On manquait de masques, les hôpitaux étaient débordés, la vaccination était à la traîne. En cause: la pléthore de responsables en la matière et le système fédéral qui contribuaient largement à ce chaos.

La caricature était grossière et la réalité autrement plus nuancée.

La gestion des travaux du carrefour Léonard, elle, aurait toutes les chances d’emporter un prix, le premier peut-être, au concours de la blague la plus absurde. L’humoriste qui la mettrait en scène n’aurait qu’à raconter une réalité: l’histoire d’un nœud routier majeur, emprunté quotidiennement par quelque 80.000 à 100.000 automobilistes essentiellement Bruxellois et Wallons, mais situé en territoire flamand. Un étrange axe d’entrée dans la capitale autour duquel cinq ministres se pencheraient, au sujet duquel certains décideraient, à propos duquel aucun ne se concerterait. Des travaux y seraient entrepris depuis un an pour rénover les tunnels situés dessous. Ce lourd chantier serait récemment dans une deuxième phase qui aurait engendré tellement d’embouteillages sur cette voie que les communes avoisinantes auraient été saturées de navetteurs à la recherche d’un itinéraire bis, ter, quater.

Suggestion à l’humoriste: insérer ici une séquence sur des automobilistes qui mangent leur volant ou des riverains excédés et introduire une sorte de cliffhanger: «Que vont-ils devenir?» Effet burlesque garanti par la réponse: on ajoute une couche de travaux supplémentaires à leur situation déjà chaotique. En invoquant l’urgence, en prévenant à la dernière minute, en occultant les nuisances pour des usagers qui ne font pas partie de l’électorat de la ministre décisionnaire.

Quant à la chute, elle ferait entrer deux autres personnages. Le premier dirait «Profitez-en pour découvrir les transports en commun», l’autre lui rappellerait les 20 ans de retard du RER ou les chiffres de ponctualité de la SNCB. Le premier prônerait les solutions partagées et l’autre chercherait le parking de délestage à Overijse ou emprunterait la bande de covoiturage à Wavre et s’arrêterait aux limites de la Flandre sans pouvoir rejoindre le centre de Bruxelles.

Fin de la blague.

«Les travaux du carrefour Léonard, gagnants du concours de la blague la plus absurde.»

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