Anne-Sophie Bailly

France: le redoutable scénario à l’italienne de Marine Le Pen et Jordan Bardella

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

En tentant d’apaiser les marchés pour rassurer électeurs et alliés, Marine Le Pen et Jordan Bardella font leur le scénario à l’italienne de Giorgia Meloni. Pour devenir «acceptables» autant que «crédibles».

L’onde de choc causée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron n’en finit pas de faire des vagues. Sur l’échiquier politique, l’ébullition est constante, les nouveaux blocs tentent de se mettre en ordre de marche pour les législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. Dans les rues, les manifestations se succèdent. Sur les réseaux et dans les médias, sportifs et influenceurs se positionnent.

La déflagration n’a logiquement pas épargné les marchés financiers. Dans la foulée de l’annonce du président français, la Bourse de Paris a connu sa pire semaine depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie et l’indice de volatilité, également appelé «indice de la peur», a atteint un niveau qu’il n’avait plus connu depuis la crise de la dette souveraine. Parce que l’incertitude est majeure et la fébrilité intense. Parce que ni le programme du Nouveau Front populaire ni celui du Rassemblement national ne promettent des lendemains qui chantent à l’économie hexagonale. Dans un camp comme dans l’autre, des mesures populaires et coûteuses sont mises en avant, sans véritable contrepartie financière, faisant craindre tout à la fois une détérioration des finances publiques et un isolement des entreprises françaises en cas de victoire.

Ce sombre tableau n’a pourtant pas (encore?) suffit à ce que la BCE esquisse le moindre mouvement de soutien à la France. Qui plus est, après ces quelques jours d’émoi, un certain calme semble même avoir regagné les marchés.

Que comprendre de cette relative stabilisation? Pas tant que la cohabitation Macron-Bardella au lendemain du 7 juillet soit irréaliste. Plutôt que si l’extrême droite devait in fine s’installer à Matignon, les mesures prévues dans son plan se heurteront à la réalité et certaines des promesses de campagne resteront au stade de déclarations d’intention. C’est ce que les milieux économiques qualifient désormais de «melonisation» ou de «scénario à l’italienne», en référence à l’amendement de certains éléments du programme particulièrement négatifs pour l’économie de la Première ministre italienne Giorgia Meloni lors de son accession au pouvoir. Les premiers revirements de Marine Le Pen et de Jordan Bardella sur certaines thèmes –l’abrogation de la réforme des retraites ne serait plus une «priorité» en cas de victoire ou le renvoi dans «un second temps» de la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité– semblent donner du crédit à cette hypothèse.

Apaiser les marchés pour rassurer électeurs et alliés pour ensuite devenir «acceptable» autant que «crédible». La stratégie semble au stade actuel redoutablement efficace. Au point peut-être d’inspirer le Nouveau Front populaire.

Apaiser les marchés pour rassurer électeurs et alliés et devenir «acceptable» autant que «crédible». La stratégie semble redoutablement efficace.

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