Benjamin Hermann

Le lieu commun de Benjamin Hermann | La quadrature du cercle pour former le gouvernement bruxellois

Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Le gouvernement bruxellois n’est pas près de voir le jour. A vrai dire, on ne voit pas bien comment les différentes formations parviendront à trouver une majorité. C’est un sac de nœuds… et l’expression n’est pas galvaudée.

La Région bruxelloise, une chatte n’y retrouverait pas ses petits. C’est un sac de nœuds, un embrouillamini, un imbroglio, un véritable casse-tête. Les qualificatifs ne manquent pas pour dépeindre la situation politique institutionnelle belge, dont on aime régulièrement déplorer le caractère tarabiscoté.

Il n’est pas impossible que la situation vécue en Région de Bruxelles-Capitale depuis les élections du 9 juin dernier justifie l’emploi de quelques-uns de ces termes. Une fois n’est pas coutume, ils ne seront pas galvaudés. Objectivement, c’est un casse-tête, une configuration politique dans laquelle chacun dépend des autres, mais se sent suffisamment indispensable pour poser ses exigences. Une simple exposition des faits permet de mesurer la quadrature du cercle.

En Région bruxelloise, donc, les composantes francophone et néerlandophone de l’échiquier politique sont censées s’entendre chacune de leur côté, avant de former une coalition ensemble.

Du côté francophone, on se souviendra que le MR et Les Engagés avaient progressé lors des élections régionales, mais pas suffisamment pour former une majorité bipartite, à l’instar de ce qui s’était rapidement produit en Région wallonne et à la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Le PS, qui s’était maintenu dans la capitale, avait a priori fait le choix de l’opposition. Pratiquement incontournables à Bruxelles, les socialistes seront finalement de la partie, au sein d’une tripartite classique.

Sans attendre que les interlocuteurs néerlandophones atterrissent, MR, PS et Les Engagés se sont déjà entendus pour reporter la prochaine phase de la zone de basses émissions (LEZ) dans la Région. De quoi courroucer la cheffe de file des écologistes néerlandophones, Elke Van den Brandt, qui a fini par claquer la porte, la semaine dernière, après que le président du MR a déclaré vouloir mettre fin au plan de mobilité Good Move.

Du côté néerlandophone, donc, il convient de réunir une majorité de neuf sièges. L’affaire est sacrément corsée. Doté de quatre sièges, Groen avait naturellement pris la main, a priori pour former une coalition de quatre partis (alors que seuls trois portefeuilles ministériels sont à répartir).

Le PVDA (un siège) et le Vlaams Belang (deux sièges), plus que vraisemblablement, n’intégreront pas la majorité. Reste Fouad Ahidar, dont la «team» a créé la surprise en décrochant trois sièges en juin, et qui se voit jouer les conciliateurs. Mais sa campagne menée sur les thématiques communautaires le rend très difficilement fréquentable aux yeux de plusieurs partis, tant francophones que néerlandophones.

Une fois retirés les partis jugés infréquentables et ceux qui ont quitté les négociations, il ne reste jamais que l’Open VLD, Vooruit, le CD&V et la N-VA. Ensemble, ces quatre-là ne seraient pas majoritaires, ce qui impliquerait un indispensable retour de Groen ou une improbable participation de Fouad Ahidar. De plus en plus incontournable dans la capitale, une N-VA au pouvoir serait tenue de gouverner avec le PS, ce qui semble également contre-nature d’un point de vue politique.

Aussi biscornue soit-elle, l’équation se résume actuellement de manière fort simple, en définitive: il n’y a pas de solution à Bruxelles.

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