Juliette Debruxelles

La sexualité n’est pas la même selon l’orientation politique

Selon qu’on vote à droite ou à gauche, on n’aborde pas la sexualité de la même manière. Mais pas forcément dans le sens qu’on pense…

Peut-on coïter quand on ne partage pas les mêmes idéaux politiques? Le drapeau se dresse-t-il de la même façon lorsqu’on glisse la main dans des fentes (d’urnes) différentes?

Les interactions entre sexualité, genre, équité, réseaux de rencontre et opinions politiques ne sont en tout cas pas neutres. Les grands principes –endogamie, homogamie– s’effacent face à l’envie et les dissonances se font entendre sitôt le dernier coup de reins donné. Un malheureux «Et au fait, tu voteras pour qui?» prononcé au saut du lit, et le risque de débander est pris.

Dans son tout récent roman Le Mal joli (Albin Michel), l’écrivaine Emma Becker vit une relation adultérine avec un amant d’une droite traditionnelle presque caricaturale. Elle confiait à L’Express: «Quand on fait l’amour avec des mecs de droite, on n’a pas à se justifier en tant que femme d’avoir envie d’être traitée comme on le désire. […] La seule chose que je souligne, c’est que les hommes de droite ne s’excusent pas d’être des hommes

Alors que les clichés bien alignés sur la droite conservatrice et la gauche progressiste ne manquent pas, les rares données statistiques révèlent des points plutôt farces.

Les électeurs d’extrême droite se révèlent ainsi être des paradoxes sado-érotiques. Même s’ils prétendent que «c’était mieux avant» (quoi et avant quoi?), ils n’épousent pas nécessairement une vision conservatrice de la sexualité, les coquins.

Une étude menée en 2017 auprès de 4.000 Français de plus de 18 ans révèle que ces électeurs –surtout les plus jeunes, moins aveuglés par les diktats religieux que leurs aînés– se montrent particulièrement ouverts à des pratiques sexuelles transgressives ou agressives. Fessée ou éjaculation faciale ne seraient que quelques expérimentations issues de la culture pornographique appréciées par des gens qui se situent à la droite de la droite. Des pratiques souvent associées à une domination masculine exacerbée, à une plus grande acceptation des connotations de violence symbolique et à une image tronquée de la virilité.

Les femmes de droite (23%) seraient plus nombreuses à avoir expérimenté la bifle (soit une gifle avec, en guise de main, le membre masculin) que la moyenne de la gent féminine (13% tout de même).

A l’opposé du spectre politique, des électeurs d’extrême gauche apprécieraient les expériences sexuelles peu conventionnelles. Libertinage, triolisme, polyamour et grrrrrande ouverture d’esprit et de corps à la contre-culture sexuelle… Selon un autre sondage, mené en 2012 par l’Ifop pour le magazine de charme Hot Vidéo –qui évoque la vision proudhonienne de la propriété qu’aurait cet électorat– ils sont deux fois plus susceptibles de s’adonner à l’échangisme que la moyenne, 23 % d’entre eux l’ayant déjà pratiqué.

Souvent plus ouverts à l’exploration et à la diversité, les «gauchos» embrasseraient des pratiques variées en raison de leur adhésion à des valeurs de liberté personnelle, de générosité et de partage. Ainsi, 81% des femmes de gauche pratiqueraient la fellation, contre 69% des femmes de droite. Quant à la sodomie, elle serait plus courante chez les électeurs des extrêmes que chez les sympathisants des partis traditionnels.

Les mêmes qui s’offusquent d’à peu près tout savent donc, eux aussi, comment se détendre…

Juliette Debruxelles est éditorialiste et raconteuse d’histoires du temps présent.

Le drapeau se dresse-t-il de la même façon quand on glisse la main dans des fentes (d’urnes différentes)?

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