Anvers, otage de la poudre blanche
Les tonnes de cocaïne saisies à Anvers attestent du travail abattu par les douaniers. Elles confirment aussi, hélas, que ce marché est en pleine expansion. La ville portuaire en subit les conséquences jusque dans la violence qui sévit dans certains de ses quartiers.
Au jeu du chat et de la souris, les autorités anversoises perdent plus souvent qu’elles ne gagnent, ces derniers temps. La ville portuaire que dirige le président de la N-VA, Bart De Wever, n’en finit pas de servir de décor à des actes de violence lourds. La semaine dernière, un homme a été abattu devant son domicile, à Hoboken. Au cours du week-end, de nouveaux coups de feu ont été tirés. Depuis le début de l’été, une vingtaine d’incidents violents ont été recensés, possiblement liés au milieu de la drogue. Pour la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), interrogée par VTM, ces faits illustrent sans doute la panique qui s’est emparée du milieu mafieux lié au trafic de stupéfiants, après le piratage, l’an dernier, de sa messagerie cryptée usuelle, Sky ECC. «Depuis, a-t-elle confirmé, plus d’un millier de personnes ont été arrêtées. Nous suspectons que les rapports hiérarchiques changent au sein de ces groupes et que les membres paniquent, ce qui entraîne une augmentation du nombre d’incidents.»
La panique s’est emparée du milieu mafieux lié au trafic de stupéfiants.
Le bourgmestre, Bart De Wever, a réclamé une réunion du Conseil national de sécurité, arguant qu’il revient au fédéral d’inter- venir ou de donner plus de marge de manœuvre aux communes. Auparavant, le Vlaams Belang avait demandé une réunion en urgence de la Commission de l’Intérieur, signe que le problème est aussi politique et gêne le président de la N-VA de multiples manières.
Parallèlement, les services de douane ont annoncé avoir saisi 35,8 tonnes de cocaïne dans le port d’Anvers au cours du premier trimestre 2022, contre… 4,7 tonnes en 2013. Il faut y ajouter 2,2 tonnes de haschisch et 1,2 tonne d’héroïne. En Amérique latine, la production de drogues diverses augmente, pour un marché en expansion ; les prix pratiqués en Europe sont supérieurs à ceux en vigueur aux Etats-Unis, et Anvers reste une porte d’entrée idéale sur le continent pour les trafiquants. Tant pour la consommation locale que pour faire transiter de la marchandise destinée au Moyen-Orient et à l’Asie.
Dans cette lutte inégale, quelque 70 millions d’euros ont été dégagés par le gouvernement fédéral: ils permettront d’engager 108 douaniers supplémentaires, d’acquérir cinq nouveaux scanners mobiles et cinq véhicules équipés de scanners qui détectent tout produit entreposé dans des cachettes.
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