Violences au Bangladesh: la Première ministre renversée, comprendre ce qui se passe en 12 points clés

Les manifestations estudiantines au Bangladesh, violemment réprimées, ont provoqué le renversement de la Première ministre Sheikh Hasina et l’annonce par le chef de l’armée de la formation d’un gouvernement intérimaire.

Le Bangladesh connaît une crise politico-sociale sans précédent. Voici les dates-clef de la contestation au cours de laquelle au moins 300 personnes ont été tuées et qui a entraîné la chute du régime autocratique de Sheikh Hasina, 76 ans, au pouvoir depuis 2009, dans ce pays musulman d’environ 170 millions d’habitants. Retour en 12 points sur les récents événéments.

1er juillet: début des blocages

Des étudiants se mettent à bloquer quotidiennement routes, autoroutes et lignes ferroviaires. Ils protestent contre un système de quotas d’emplois réservés dans l’emploi public, datant de l’indépendance et accusé de favoriser les proches du parti au pouvoir, la Ligue Awani.

La cheffe du gouvernement Sheikh Hasina déclare le 7 juillet que les étudiants « perdent leur temps » et qu’il n’y a « aucune justification » pour exiger une réforme du système.

16 Juillet : premiers morts

Six personnes sont tuées dans des affrontements dans trois villes. Le gouvernement ordonne la fermeture de toutes les écoles et universités. Les forces paramilitaires des gardes-frontières du Bangladesh (BGB) sont déployées dans cinq grandes cités.

17 juillet : Mme Hasina s’adresse à son pays

Environ 500 manifestants organisent à l’université de Dacca les funérailles des six personnes mortes la veille. Ils portent six cercueils drapés du drapeau national rouge et vert. La cérémonie est rapidement interrompue par la police antiémeute.

Dans une allocution télévisée, Mme Hasina appelle au calme et promet justice pour les étudiants tués.

18 juillet : bâtiments incendiés et internet coupé

Journée ville morte à Dacca, les étudiants retournent dans la rue pour scander « A bas la dictatrice ! ». Au moins 32 personnes sont tuées et des centaines d’autres blessées dans des heurts.

Dans la capitale, des manifestants incendient le siège de la télévision publique BTV, des dizaines de postes de police et d’autres bâtiments gouvernementaux.

La chaîne privée Independent Television fait état d’affrontements dans au moins 26 des 64 districts du Bangladesh. Les autorités coupent l’internet quasi-totalement.

19 juillet : rassemblements interdits

Les rassemblements publics à Dacca sont interdits mais les violences s’intensifient.

Des milliers de personnes prennent d’assaut une prison dans le district central de Narsingdi, libérant plus de 800 détenus avant d’incendier une partie de l’établissement.

Tard dans la nuit, le gouvernement annonce un couvre-feu 24 heures sur 24 et le déploiement de l’armée pour maintenir l’ordre dans les villes.

20 juillet : tirs à balles réelles

Des milliers de personnes défient le couvre-feu pour manifester dans le quartier de Rampura. La police tire à balles réelles sur la foule et fait au moins un blessé.

21 juillet : la justice atténue les quotas

La Cour suprême du Bangladesh revoit à la baisse le système de quotas pour le recrutement dans la fonction publique, sans toutefois l’abolir, et demande aux étudiants de « retourner en cours ».

Mais le principal collectif étudiant « Students Against Discrimination » décide de poursuivre le mouvement, avant d’annoncer une pause tactique. Les arrestations se multiplient dans les jours suivants.

23 juillet : internet en partie rétabli

L’internet haut débit est rétabli dans la soirée, mais pas l’internet mobile, alors que l’armée estime avoir la situation « sous contrôle » depuis la veille.

26 juillet : la répression des meneurs

Trois leaders de la contestation, Asif Mahmud, Nahid Islam et Abu Baker Majumder, sont arrêtés dans un hôpital de Dacca où ils sont soignés après avoir, selon eux, été torturés.

30 juillet : la réprobation internationale

Le gouvernement essuie la réprobation internationale venant de l’Union européenne, des ONG, de l’ONU, qui condamne l’usage excessif de la force contre les manifestants.

Le gouvernement annonce qu’il va interdire le plus grand parti islamiste, le Jamaat-e-Islaami et sa branche étudiante, le Shibir.

4 août : l’armée aux côtés du peuple

Des milliers de manifestants, répondant à un appel à la désobéissance civile, demandent la démission de la Première ministre et affrontent ses partisans. Au moins 94 morts sont recensés à travers le pays. C’est le bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début du mouvement.

L’ancien chef de l’armée, le général Ikbal Karim Bhuiyan, appelle le gouvernement à retirer l’armée des rues et condamne les « meurtres flagrants ». L’actuel chef de l’armée, Waker-Uz-Zaman, déclare que les militaires « ont toujours été aux côtés du peuple ».

5 août: Fuite de Hasina

Mme Hasina fuit Dacca en hélicoptère alors que des milliers de manifestants prennent d’assaut son palais.

Des centaines de milliers de personnes défilent dans les rues, certains dansant sur le toit des voitures blindées et des chars.

Le général Waker-Uz-Zaman déclare à la télévision nationale qu’il est temps de « mettre fin à la violence ». « Nous allons former un gouvernement intérimaire », annonce-t-il.

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