Nucléaire : Greenpeace reçoit une volée de critiques de la part des politiques
Alors que des militants Greenpeace sont rassemblés ce matin devant le siège d’Electrabel à Bruxelles pour réclamer « la fin de la mainmise de la mafia nucléaire sur nos dirigeants », le clip, publié lundi sur les réseaux sociaux par l’association, reçoit une volée de critiques de la part des politiques.
Un clip présentant un faux Elio Di Rupo pris en otage par la « mafia » nucléaire publié lundi sur les réseaux sociaux remporte un certain succès depuis lundi, mais son contenu choque le monde politique.
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Sur La Première (RTBF), la co-présidente d’Ecolo Emily Hoyos a indiqué ne pas apprécier « l’instrumentalisation de l’image des politiques », estimant par ailleurs que « l’excès » nuit en tout. Pour Emily Hoyos cependant, il n’en demeure pas moins qu’Electrabel pratique un « chantage » en annonçant la fermeture de centrales électriques et donc des pertes d’emplois, et en organisant la « pénurie » en guise de protestation contre la fermeture des centrales nucléaires.
Le clip est jugé « peu acceptable » par la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet, citée dans Le Soir. Celle-ci estime notamment qu’il témoigne d’un « non-respect » à l’égard « du Premier ministre et de la fonction qu’il représente ». Dans divers médias, le directeur de Greenpeace Michel Genet assume le contenu du clip, « du deuxième degré » qui permet de faire passer un message fort. « Que les gens se réveillent et ouvrent les yeux, c’est plutôt bien », indique-t-il dans Le Soir.
De son côté, Electrabel parle de « démagogie » et de « manque total de respect ».
Des militants devant le siège d’Electrabel
L’action de Greenpeace ne s’arrête pas là puisque des militants occupent depuis ce matin l’entrée du siège social d’Electrabel, à Bruxelles. Se présentant comme des militants du PS, ce que le parti en question a directement démenti, ils « annoncent la fin de la mainmise de la mafia nucléaire sur nos dirigeants ».
Cinq militants de Greenpeace ont escaladé la façade sur siège social d’Electrabel et y ont suspendu une banderole rouge annonçant « la mafia du nucléaire et nous, c’est fini ». La quinzaine de militants de Greenpeace, vêtus des couleurs du PS, comptent rester devant l’établissement jusqu’en début d’après-midi.
« Nous voulons que le PS confirme la loi de sortie du nucléaire et la fermeture d’ici 2015 des trois plus vieux réacteurs nucléaires de Belgique. Cela fait trente ans qu’Electrabel a le monopole de l’énergie belge et dicte la politique énergétique belge », a indiqué Arnaud Collignon, responsable de la campagne nucléaire de Greenpeace.
« Pour nous, Electrabel agit en véritable mafia du nucléaire, au point de créer artificiellement des déficits d’approvisionnement afin de prolonger les centrales nucléaires, qui sont pour elle de véritables poules aux oeufs d’or. Or, garder les centrales ouvertes est néfaste pour l’avenir énergétique de notre pays. »
« Greenpeace invite le Premier ministre Di Rupo à respecter sans ambiguïté la loi de sortie du nucléaire et à ne pas céder au chantage d’Electrabel », explique l’organisation environnementale qui regrette que le MR et le CD&V aient « une fois de plus cédé aux pressions de la mafia nucléaire ».
« Le PS a toutes les clés en main. Il est impératif que ce parti ait le courage politique de mettre un terme au monopole de GDF Suez Electrabel. Notre approvisionnement en énergie ne peut plus dépendre du bon vouloir d’une multinationale étrangère qui prend en otage notre gouvernement, notre économie et notre population » commente Arnaud Collignon de la campagne Énergie de Greenpeace Belgique.
Les opérateurs nucléaires sous-estiment systématiquement le risque de catastrophe nucléaire et refusent en même temps d’assumer la responsabilité civile d’une telle catastrophe, dénonce encore Greenpeace. Le parti socialiste a pour sa part condamné la récupération de son image par l’organisation « qui dupe les citoyens par des procédés de plus en plus douteux.
Comme n’importe quelle ONG, Greenpeace a le droit de faire passer les messages qu’elle souhaite, mais qu’elle en assume au moins la paternité au lieu de tromper les citoyens de manière totalement déloyale », souligne la porte-parole du parti dans un communiqué.
Dans un court communiqué, le PS a condamné « la récupération de son image par Greenpeace, qui dupe les citoyens par des procédés de plus en plus douteux ». Comme n’importe quelle ONG, Greenpeace a le droit de faire passer les messages qu’elle souhaite, mais « qu’elle en assume au moins la paternité au lieu de tromper les citoyens de manière totalement déloyale », souligne le parti socialiste.
Sur Twitter, le secrétaire général du PS, Gilles Mahieu, a estimé que « faire de faux tracts PS, c’est utiliser les mêmes méthodes que le FN face au FG » (Front des Gauches).
L’heure de vérité approche
La température monte d’un cran alors que le gouvernement s’apprête à prendre sa décision concernant le prolongement d’une ou plusieurs centrales nucléaires initialement destinées à la fermeture. Il pourrait trancher la semaine prochaine.
Alors que Greenpeace met la pression, Ecolo observe le gouvernement depuis l’opposition. Réalistes, les Verts s’attendent cependant à une décision de prolongation. « Nous ne sommes pas des « ayatollahs » anti-nucléaires, a indiqué mercredi la co-présidente du parti Emily Hoyos sur La Première (RTBF). Faisant une nouvelle fois observer qu’aucun investissement alternatif n’avait été réalisé depuis dix ans, la co-présidente souligne que la Belgique se doit de se doter d' »outils performants ».
Dans ce contexte, les ministres qui se sont succédé à l’Energie ainsi que la CREG font valoir la nécessité de prolonger de quelques années au moins une centrale. « Il faut prolonger deux réacteurs nucléaires deux ou trois ans, et proposer un plan massif d’alternatives… Oui, à la place de Melchior Wathelet je serais bien obligée de prolonger les centrales nucléaires », a admis mercredi Emily Hoyos. Mais prolonger de dix ans la « vieille technologie nucléaire », ce n’est pas l’avenir, a-t-elle conclu.
Le Vif.be, avec Belga
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