Une note de 2 sur 5: le climat, « incroyablement absent » de l’accord MR-Les Engagés

Sur le volet climatique, le duo formé par le MR et Les Engagés au sud du pays était attendu au tournant. Après analyse, la fédération des associations environnementales belges Canopea lui attribue « une note de 2 sur 5 ». L’accord gouvernemental manquerait de lucidité et de pragmatisme. Tour d’horizon.

Pendant la campagne électorale, Ecolo a timidement tenté de démontrer que les ambitions climatiques affichées par Les Engagés n’étaient « que du vernis turquoise ». Et qu’il n’y avait « pas d’écologie sans Ecolo au gouvernement ». Alors que le MR et Les Engagés ont dévoilé les contours de leurs accords en Wallonie et Fédération Wallonie-Bruxelles, qu’en attendre sur le plan climatique? La fédération des associations environnementales belges Canopea amène une première pierre à l’édifice. Elle a comparé les mesures envisagées par la coalition Azur aux 75 priorités définies à l’été 2023 dans son mémorandum.

1. Le climat, « incroyablement absent »

« L’objectif de neutralité carbone en 2050 et l’objectif de –55% sont repris par la déclaration », salue Canopea. Mais l’association se demande bien comment le gouvernement compte atteindre ces objectifs. S’il veut redéfinir le Plan Air-Energie-Climat (PACE) de la précédente législature, jugé trop flou, « cela arrivera de manière bien trop tardive alors que c’est l’objectif 2040 qui devrait déjà être préparé ». Canopea n’y va pas par quatre chemins: « le climat est incroyablement absent de cette DPR (Déclaration de Politique régionale, NDLR) ».

2. « Très peu d’ambition » sur la biodiversité

Comment la coalition Azur projette de régénérer une biodiversité aux abois? A lire le communiqué de Canopea, la volonté du gouvernement est de faire le minimum d’efforts. « La biodiversité n’est toujours pas perçue comme une thématique transversale », est-il écrit. L’équipée wallonne se contenterait d’un alignement sur les objectifs européens de 5% du territoire sous protection forte et de restauration des habitats en mauvais état de conservation d’ici 2050. Mais tout n’est pas à jeter à la poubelle. La fédération des associations environnementales belges loue la ‘cartographie du réseau écologique’, qui doit permettre de mieux déployer l’énergie et l’agriculture sur le territoire.

Canopea se dit déçu des velléités azuréennes en matière de photovoltaïque et d’éolien.

3. Energie: pas assez de durable, trop de flou

C’est un secret de Polichinelle: tant Les Engagés que le MR sont partisans d’un développement de l’énergie nucléaire, qu’ils souhaitent introduire dans le mix énergétique à côté du renouvelable. Canopea se dit déçu des velléités azuréennes en matière de photovoltaïque et d’éolien. Tout en critiquant « la part belle à des technologie loin d’être éprouvées, comme l’hydrogène bas carbone”. L’organisation distribue néanmoins un très bon point à l’attention portée à la gestion des réseaux électriques.

4. Rénovation des bâtiments: l’ambition reste, l’approche change

Pour atteindre ses objectifs climatiques, la priorité de la Wallonie est sans doute de rénover son parc de logements, très énergivore. Le précédent gouvernement en avait fait une priorité. Et son successeur? Canopea est favorable à l’abaissement des droits d’enregistrement de 12,5% à 3%, qui « améliorera
la mobilité résidentielle ». En ce qui concerne la rénovation du bâti, la DPR consacre le système du tiers-investisseur si cher aux Engagés. « Pourquoi pas », réagit l’association, qui rappelle cependant qu’un soutien public via des primes est nécessaire.

L’association critique également l’accroissement du réseau routier “aux endroits opportuns”.

5. Mobilité: ‘peut mieux faire’

La DPR mentionne la volonté d’une meilleure intermodalité. Mais, selon Canopea, la mise en place concrète « manque cruellement de robustesse ». Les deux partenaires de gouvernement ont également confirmé l’octroi de subsides au Grand Prix de Spa Francorchamps de Formule 1 et aux aéroports. Des mesures décriées par la fédération des associations environnementales belges. Qui critique également l’accroissement du réseau routier “aux endroits opportuns” envisagé.

6. L’aide aux entreprises pas conditionnée à leurs efforts écologiques

Le volet industriel de l’accord gouvernemental occupe une place majeure, sans surprise. Si Les Engagés voulaient dans leur programme conditionner l’octroi de subsides aux entreprises vertes, dans les faits il n’en est rien.

7. Santé et environnement: des mesures périphériques

La polémique liée à la présence des polluants éternels PFAS dans l’eau et les sols wallons a marqué le dernier gouvernement wallon. Centristes et libéraux n’étaient pas les derniers à critiquer la gestion de cette crise par l’ex-ministre de l’Environnement Céline Tellier (Ecolo). Pourtant, à en croire Canopea, les ambitions en matière de lutte contre les pesticides et substances toxiques restent insuffisants. « Les quelques mesures proposées se focalisent sur la surveillance, le monitoring et la sensibilisation ». L’association se montre encore plus ferme quant aux polluants éternels. « Nous espérions que la récente crise des PFAS avait réveillé la conscience politique sur la nécessité d’appliquer plus sérieusement le principe de précaution. Force est de constater que ce principe a été galvaudé ou mécompris dans la présente Déclaration. Cette crise nous avait pourtant rappelé que les normes européennes n’étaient pas toujours assez strictes. La fin du «gold plating» souhaitée par le nouveau gouvernement semble pourtant oublier cette réalité.