Comment l’intelligence artificielle peut vous aider à placer votre argent

L’intelligence artificielle (IA) se fraie peu à peu un chemin 
dans votre patrimoine et la gestion de votre argent. Mais les robots et les algorithmes n’ont pas remplacé votre conseiller financier, pas plus que l’IA ne prend de décisions autonomes. Elle épaule le gestionnaire de patrimoine dans ses relations avec ses clients, sans l’évincer. Ou pas encore…

Texte : Lieven Desmet

« Depuis quelques années, l’intelligence artificielle s’est progressivement frayé un chemin dans diverses sociétés innovantes. L’arrivée de l’intelligence artificielle générative (GenAI) a toutefois accéléré le processus », explique Xavier Verhaeghe, Technology Lead chez PwC Belgium. Différents secteurs, parmi lesquels le monde de la finance, l’interrogent sur l’utilisation de l’intelligence artificielle, notamment pour gérer son argent. « En soi, l’IA est déjà souvent utilisée pour la gestion de patrimoine, surtout pour la gestion et l’analyse de données. Auparavant, les analystes achetaient, par exemple, les données des opérateurs de téléphonie pour savoir combien de voitures étaient garées sur le parking d’un Walmart à l’occasion de Thanksgiving, et pouvoir ainsi effectuer des prévisions de ventes. De nos jours, l’IA offre un nouveau type d’interaction. »

Gérer son argent grâce à l’intelligence artificielle: les investissements quantitatifs progressent

Frank Van de Vel, Chief Investor Support Officer de KBC Asset Management, confirme cette percée au niveau de la finance et du private banking. « Les stratégies d’investissements quantitatives ne sont pas un phénomène neuf. Depuis les années 70, les analystes recherchent des manières d’effectuer des prévisions sur base de données numériques du passé. Cette approche a toujours été un complément à l’analyse fondamentale, les analystes cherchant surtout la valeur intrinsèque d’un investissement. »

A l’heure des stratégies d’investissements quantitatives, la quantité d’informations disponibles augmente de manière exponentielle, et les analyses de l’IA gagnent en qualité. «L’IA recule les limites de la finance quantitative, sans modifier son essence, poursuit Frank Van de Vel. Nous possédons un nombre infini de nouvelles possibilités d’étudier des données uniques et d’acquérir des connaissances.»

Un outil de conseil

«L’IA va jouer un rôle considérable dans la gestion de patrimoine», enchaîne Gert Rammeloo, general manager du Private Banking & Wealth Segment. «Au niveau du private banking, KBS/CBC utilise un outil spécifique destiné aux clients qui ne sont pas en gestion discrétionnaire et font appel au private banking pour des conseils de placements proactifs en restant libres d’y donner suite ou non.»

Cet outil analyse les portefeuilles de conseil au jour le jour. Il vérifie dans quelle mesure le portefeuille du client diverge de la stratégie de référence et de l’objectif défini par la banque en fonction du profil investisseur du client. «Si l’écart est trop conséquent, cette technologie formule une proposition d’avis afin de ramener le portefeuille du client plus près de la stratégie de la banque. L’IA est un outil de soutien de l’analyse des données mais le facteur humain reste extrêmement important, dans la gestion de patrimoine comme dans les propositions de placement. Le gestionnaire de patrimoine et le client occuperont toujours le premier rôle. L’IA soutient et conforte le gestionnaire de patrimoine dans ses relations avec ses clients mais ne le remplace en aucune façon.»

Ou pas encore ? «Théoriquement, il n’y a aucune raison de refuser que l’IA assure le rôle d’un gestionnaire de patrimoine, commente Xavier Verhaeghe. L’IA est plus efficace et plus rapide que l’humain dans le traitement de grandes quantités de données. La GenAI peut également assurer une partie des contacts. Mais je pense que la nuance se trouve dans des situations spécifiques et dans la capacité humaine à faire preuve d’empathie. Les gens veulent des conseils. Dans ce contexte, l’IA peut améliorer le niveau de ces conseils.»