Les partis ont déposé leurs listes électorales.
330 listes ont été inscrites, qui représentent 6.550 candidats. Dont seuls 7,4% seront directement appelés à siéger. © BELGA IMAGE

Les partis ont déposé leurs listes: voici cinq lapins sortis de leur chapeau

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Les partis politiques ont désormais déposé leurs listes pour les élections du 9 juin. Certains se lancent dans de nouvelles conquêtes électorales, pendant que d’autres revoient leurs ambitions à la baisse. Certains sont là où on ne les attendait pas, pendant que d’autres ne sont pas là où on les attendait. Tour d’horizon de quelques surprises qu’ils ont réservées à l’électeur.

C’est une étape importante de l’agenda électoral, que les partis connaissent à la perfection. Le samedi 13 avril, les formations politiques ont déposé leurs listes de candidats pour le triple scrutin du 9 juin prochain. Au total, a fait savoir le SPF Intérieur, 330 listes ont été inscrites, toutes circonscriptions et tous niveaux de pouvoir confondus.

Cela représente 6.550 candidats, dont la grande majorité, à l’instar des coureurs cyclistes, participent à la campagne en se doutant qu’ils n’en sortiront pas vainqueurs. Ils le font par conviction, pour défendre un projet, par habitude, pour combler des cases vides, pour faire plaisir ou pour la beauté du geste. Au bout du compte, seuls 7,4% seront directement appelés à siéger.

La plupart des ces députés seront issus de la douzaine de partis qui occupent l’avant-scène de la politique belge. Les électeurs sont souverains, naturellement, mais les enseignements du scrutin ne devraient pas donner lieu à de gigantesques bouleversements. Pour autant, en cette campagne électorale, quelques partis ont créé la surprise ou modifié leurs habitudes, conférant de nouveaux enjeux au scrutin. Il y a ceux qui se trouvent exactement là où on les attendait, puis quelques autres qui cherchent à rebattre les cartes.

Ces partis qu’on n’attendait pas là

Cela restera une des annonces inattendues de la campagne. Une étrangeté dans un pays où, contrairement à l’écrasante majorité des démocraties de la planète, les partis nationaux sont inexistants (à l’exception du PTB).

La N-VA se présente dans toutes les circonscription wallonnes au niveau fédéral. C’est confirmé, puisque le parti a dévoilé, le 16 avril, les noms des têtes de liste dans chacune des provinces.

La capacité des nationalistes flamands à décrocher l’un ou l’autre siège en terre wallonne reste une inconnue, même si les chances semblent a priori minces. Le parti entend, en tout cas, y «ouvrir l’offre», estimant qu’un vaste espace demeure vacant à la droite du MR.

Les conjectures ont été nombreuses sur les motivations moins affichées de cette nouvelle conquête, qu’elles soient plutôt financières, politiciennes, cyniques ou communicationnelles. La principale question consiste à savoir si la N-VA nuira au MR, ou à d’autres partis. Mais au sein des formations francophones, on refuse de voir dans cette nouvelle venue une menace électorale, du moins en apparence.

Ces partis qui se sont retirés

Un autre parti, d’extrême droite celui-là, a opéré un mouvement inverse. Le Vlaams Belang ne présente plus de liste en Wallonie, ce qui était pourtant devenu l’une de ses habitudes électorales, aussi paradoxal que cela puisse sembler. Lors des élections fédérales de 2019, ce parti était présent dans chacune des cinq circonscriptions wallonnes.

Il ne s’agissait pas d’opérer une percée en terre ennemie, mais bien d’effectuer «une action symbolique pour dénoncer le fait que les partis francophones font de même» dans la périphérie bruxelloise.

Pour autant, l’extrême droite ne disparaît pas des bulletins de vote en Wallonie. Le parti Chez Nous, d’ailleurs parrainé par le Vlaams Belang et le Rassemblement national, a bien déposé des listes dans les cinq provinces pour les élections fédérales. Pour les régionales, il se présente dans les quatre circonscriptions hainuyères et les trois circonscriptions liégeoises, mais pas dans les circonscriptions namuroise, brabançonne et luxembourgeoise, où le parti reconnaît n’avoir aucune chance de décrocher le moindre siège.

A Bruxelles, il laisse le champ libre au Vlaams Belang, de même que celui-ci ne vient pas marcher sur les plates-bandes de Chez Nous en Wallonie. Et ce, commente-t-on chez les séparatistes flamands, «pour leur donner les meilleures chances d’obtenir un bon résultat».

Le scrutin ne devrait pas donner lieu à de gigantesques bouleversements. © BELGA IMAGE

Ces partis qui se ressemblent et s’assemblent

Les familles politiques à l’ancienne ont maintes fois été qualifiées d’obsolètes, dans une Belgique emportée par des forces centrifuges. Mais les élections fédérales telles qu’elles se déroulent dans la circonscription de Bruxelles donnent une impression inverse, puisque les électeurs pourront y faire leur choix parmi une série de listes communes: MR et Open VLD chez les libéraux, PS et Vooruit chez les socialistes, Ecolo et Groen chez les écologistes, CD&V et Les Engagés chez les centristes. Le PTB-PVDA présente «naturellement» une seule liste, ce qui n’est, au passage, pas le cas pour le scrutin régional.

Les socialistes avaient déjà fait cause commune lors des élections de 2019, de même que les écologistes lors des deux précédents scrutins. Pour les libéraux et les centristes, c’est une nouveauté. Au final, parmi les principaux partis, seuls DéFI, la N-VA et le Vlaams Belang, qui ne bénéficient pas de cette «opportunité» de se réunir en famille, se présentent seuls.

Les thématiques communautaires étant moins saillantes, il est compréhensible que certains partis frères s’assemblent de façon plus évidente que par le passé. Les convergences programmatiques permettent de s’associer devant l’électeur. Et cette configuration les conduira éventuellement à monter ensemble dans la future majorité.

C’est pour Les Engagés et le CD&V que cette liste commune, annoncée dès décembre, constitue finalement le plus une surprise, les premiers ayant abandonné toute référence chrétienne au cours de leur mue. Mais, ont affirmé Maxime Prévot et Sammy Mahdi, leurs présidents respectifs, ce «partenariat» ne les empêchera aucunement d’exprimer des sensibilités différentes à l’occasion.

De manière plus prosaïque, ces listes communes dans la capitale se justifient aussi par des considérations plus mathématiques. Pour une formation néerlandophone, s’associer à un parti francophone nourrit l’espoir de décrocher l’un ou l’autre siège, ce qui ne serait pas envisageable seul. Et pour une formation francophone, s’adjoindre quelques candidats néerlandophones permet d’espérer une petite amélioration des résultats, qui peut être déterminante au moment de constituer une majorité.

Ces partis qui se présentent partout

A côté des grandes écuries, les élections donnent toujours lieu à des candidatures qui ont de moins grandes chances d’occuper massivement les parlements. Ces partis éprouvent parfois des difficultés à constituer des listes dans chaque circonscription.

Dans l’éventail de l’offre politique, il y en a un qui est parvenu à remplir cet objectif. Le parti Blanco, comme espéré, confirme qu’il concourra bien dans chacune des onze circonscriptions fédérales. «Nous y sommes arrivés notamment grâce aux signatures de députés de plusieurs autres partis, ce qui est une bonne nouvelle. Cela donne de l’espoir et prouve que notre idée fait son chemin», commente-t-on au sein de la jeune formation.

Son unique objectif consiste à faire réviser la Constitution et la loi électorale pour ajouter sur les bulletins de vote, à l’avenir, la possibilité de voter pour un siège non attribué à la Chambre. Ce serait alors une forme de matérialisation du vote blanc ou nul dans l’hémicycle. En toute logique, puisqu’il s’agit de réviser la Constitution, Blanco n’a cherché à se présenter qu’aux élections fédérales.

Ces partis qui peinent à se présenter partout

D’autres partis, s’ils ont beau être installés de longue date dans les parlements, éprouvent pourtant quelques difficultés à déposer des listes dans toutes les circonscriptions. C’est le cas de DéFI, parti historiquement implanté en Région bruxelloise et dans la périphérie, mais qui nourrit des ambitions en Wallonie.

Le parti amarante n’était pourtant pas certain de pouvoir figurer sur les bulletins de vote partout, si bien qu’il s’est lancé dans une campagne sur les réseaux sociaux, durant les derniers jours précédant le dépôt des listes, pour inviter les électeurs à leur octroyer leur signature. Ce stress de dernière minute était palpable notamment dans les circonscriptions régionales de Liège et de Verviers.

«Mais nous sommes finalement parvenus à déposer des listes dans toutes les circonscriptions wallonnes», tant au fédéral qu’à la Région, confirme le président de DéFI, François De Smet. Les difficultés ne résultent pas tant d’un manque d’intérêt pour son offre politique, estime-t-il, que d’un changement dans les procédures d’inscription, qui conduisent à un «formalisme excessif» des administrations communales. De quoi défavoriser les «petites listes», selon lui.

En province de Luxembourg, les socialistes ne se plaindront sans doute pas de la défection du PTB.

DéFI ne présentera pas non plus de liste fédérale en Brabant flamand, ce qu’il était encore le seul parti francophone à faire aux précédentes élections. Cela n’a pas plu à tous, en interne. Cette absence s’explique notamment par une démobilisation dans la périphérie ou encore les dissensions vécues ces derniers temps à l’intérieur du parti. Mais, aux élections régionales dans ce même Brabant flamand, la liste de l’Union des francophones (constituée de membre de plusieurs partis francophones) sera emmenée par un candidat DéFI. «Là, il y a une vraie chance de décrocher un siège, cela nous semble vraiment prioritaire.»

A noter qu’un autre parti, pourtant en phase ascendante dans les intentions de vote, ne se présentera pas dans toutes les circonscriptions: il n’y aura pas de trace du PTB aux régionales et aux fédérales en province de Luxembourg, cette fois. Le parti manque encore de stabilité et de structure dans cette circonscription, justifie-t-il. Et sa précédente tête de liste régionale avait rejoint le PS dès 2019, accessoirement. Des socialistes qui, en province de Luxembourg, ne se plaindront sans doute pas de cette défection.

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