Suite à la débâcle du printemps et l’échec du 9 juin, Défi doit faire mieux aux élections communales. C’est presqu’une question de vie ou de mort pour le parti. © BELGA

Pour DéFI, les communales bruxelloises constituent un enjeu vital

Battu par le MR dans tous ses bastions lors du scrutin du 9 juin, DéFI n’a pas le droit à l’erreur le 13 octobre prochain lors des élections communales. Il en va de la survie du parti.

Sixième à Schaerbeek, troisième à Woluwe-Saint-Lambert, deuxième à Auderghem. La soirée du 9 juin n’était pas marrante pour les amarantes. DéFI, en proie à une guerre ouverte au printemps puis à un changement de présidence, devra faire mieux lors des élections communales du 13 octobre s’il veut se relancer sur le long terme. A la Ville de Bruxelles, Fabian Maingain l’a bien compris, et annonçait dans La DH ce vendredi matin la naissance d’un «axe du centre» avec le MR et Les Engagés afin de composer une majorité contre «la majorité la plus progressiste possible» appelée des vœux d’Ecolo qui regarde vers le PS et le PTB.

Résultats détaillés (2024)

Qu’en est-il pour les trois communes bruxelloises qualifiées de bastions pour le parti présidé depuis par Sophie Rohonyi ? Systématiquement, lors du scrutin régional, DéFI y est arrivé derrière le MR. Bien sûr, une élection n’est pas l’autre. «Beaucoup d’Auderghemois m’ont dit ne pas avoir voté DéFI à la Région, mais qu’ils le feront pour les communales», temporise la bourgmestre Sophie De Vos, qui affrontera les urnes pour la première fois en tant que bourgmestre dans trois semaines.

«L’avenir du parti est un véritable enjeu pour la formation politique, analyse le politologue de l’UCLouvain Pierre Vercauteren. DéFI ayant un vrai ancrage à Bruxelles où la collaboration entre la Région et les communes est très importante.» Ejectée de la majorité régionale suite à la déroute du 9 juin, l’équipe de Fabian Maingain, président de la section bruxelloise du parti, devra faire face à un exécutif bruxellois peut-être moins conciliant vis-à-vis des amarantes, d’autant plus que le ministre sortant des Pouvoirs locaux, Bernard Clerfayt, est un ténor du parti. Et d’autant plus encore si la N-VA venait à intégrer le gouvernement bruxellois.

Ouvrir pour mieux reconstruire

Point commun des trois listes étiquetées Défi dans leur propre bastion: elles ne portent pas le nom officiel du parti (Liste du/de la Bourgmestre à Schaerbeek et Woluwe, Défi & Vous à Bruxelles). «Le vote communal est moins celui pour une parti que pour des personnes», admet Fabian Maingain. Olivier Maingain (Woluwe-Saint-Lambert) comme Sophie De Vos (Auderghem) jouissent pour l’heure d’une majorité absolue qu’ils ont ouverte, et qu’ils ouvriront encore s’ils en jouissent toujours le 13 octobre au soir, estimant qu’il s’agit d’un choix plus sain pour la démocratie. A quel(s) partenaire(s)? Aucun accord n’est encore en place, assurent-ils. Idem à Schaerbeek, où Bernard Clerfayt se dit confiant sur son avenir.

Voilà pour le meilleur scénario possible pour le parti. Le pire serait une nouvelle vague de défaites faisant tomber Sophie De Vos, Olivier Maingain et Bernard Clerfayt (revenu en tant que candidat bourgmestre à Schaerbeek) de leur fauteuil de bourgmestre. Deux options s’ouvriraient alors. Soit entrer dans une cure d’opposition ; ce qui ne serait pas une bonne nouvelle, car si siéger dans l’opposition est confortable aux niveaux régional et fédéral, cela réduit fortement la visibilité du parti au niveau communal, analyse Pierre Vercauteren. Soit négocier des postes d’échevins, ce qui pourrait aussi constituer une lente agonie. «La survie d’un parti dépend des idées qu’il porte, mais aussi de ses personnes, analyse le politologue. Quand des ténors passent la main, une alliance en majorité avec d’autres partis peut être utile», histoire de faire souffler la pression politique et permettre aux figures de travailler en interne, «mais c’est toujours un pari risqué». Quoiqu’il arrive, «il y aura un travail de reconstruction après les communales», annonce Fabian Maingain, ces alliances pourraient donc être bienvenues.

Revendiquer son influence

Reste une question. Si, à Bruxelles-Ville, DéFI roulera avec «l’axe du centre», qui s’inscrit plutôt à droite, comment le parti arrivera-t-il à se démarquer du MR et des Engagés qui leur ont soutiré à eux deux 47,2% de leurs électeurs entre 2019 et 2024 ? «Si le MR et Les Engagés ont plus incarné le vote utile en juin, c’est davantage notre rôle désormais, assure Fabian Maingain. Aujourd’hui, ces deux partis révèlent leur vrai visage, c’est d’ailleurs pourquoi ils ne montrent pas le budget régional (NDLR: en Wallonie) avant les élections communales. Le MR se droitise, se populise, et devient même conservateur, Les Engagés doivent montrer qu’ils ne sont pas leur succursale. J’ai entendu Maxime Prévot dans le passé dire qu’il ne monterait jamais avec la N-VA, et aujourd’hui il clame qu’il faut Bart De Wever Premier ministre.»

Ce glissement vers la droite observé par Fabian Maingain ouvre donc le champ des possibles au centre sur lequel DéFI pourrait semer les graines de la renaissance. L’importation dans le débat des sujets communautaires, comme le survol de Bruxelles, aura son importance également. «Tout dépend aussi de comment DéFI se positionne dans les majorités communales, ajoute Pierre Vercauteren. Ils devront revendiquer leur influence.» Concernant sa commune, Olivier Maingain dit avoir reçu des appels de tous les partis démocratiques pour discuter d’une collaboration dès le 13 octobre au soir, signe que ses concurrents le voient garder son poste. «En matière fiscale par exemple, nous sommes parmi ceux qui taxent le moins de la région, mais nous voulons encore baisser. Il faudra quelqu’un qui soit en accord avec cette idée.» Garder ses exigences malgré la tempête, c’est aussi ça, revendiquer son influence.

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