Réussite scolaire : (presque) tout repose sur la qualité du professeur
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte dans la réussite scolaire d’un enfant, mais selon une étude, rien ne compte plus que les capacités de l’enseignant. Mais être un bon prof c’est quoi ?
De nombreux facteurs peuvent être déterminants pour la réussite scolaire d’un enfant, mais rien n’a davantage d’influence que la qualité de l’enseignant, affirme The Economist sur base d’une étude réalisée par un chercheur de l’université de Melbourne. John Hattie a croisé 65 000 documents issus de centaines de méthodes d’apprentissage. Il a constaté que les variables auxquelles les parents prêtaient beaucoup d’importance (la taille des classes, le port d’un uniforme ou la répartition par aptitudes) n’ont que peu d’influence sur l’apprentissage des élèves.
Ce qui importe vraiment, ce sont les aptitudes de l’enseignant. Ainsi, les vingt méthodes les plus efficaces pour améliorer l’apprentissage dépendent directement du travail de l’enseignant en classe, selon les résultats de l’étude.
Un économiste de l’université de Stanford a par ailleurs constaté que les dix pour cent d’enseignants les plus efficaces parvenaient à faire assimiler trois fois plus de matière en une année scolaire que les dix pour cent les moins efficaces. Des résultats similaires ont été découverts dans de nombreux pays à travers le monde.
De plus, il est plus facile pour les familles riches de compenser les lacunes d’un mauvais professeur en payant des cours particuliers à leurs enfants. Du coup, avoir de bons enseignants est surtout bénéfiques pour les élèves pauvres.
Avoir un instituteur de bonne qualité en primaire pourrait compenser substantiellement l’influence de la pauvreté sur les résultats scolaires, selon une autre étude. Une étude d’Harvard va même plus loin en affirmant que si les enfants afro-américains suivaient les cours des 25 % d’enseignants les plus performants, l’écart de résultats entre les Blancs et les Noirs pourrait être effacé en l’espace de huit ans.
Être un bon prof
Après ce constat, une question demeure. Être un bon professeur est-ce inné ? Même si la culture populaire veut qu’être un professeur charismatique, ça ne s’apprend pas, les études prouvent le contraire.
En 2014, Rob Coe de l’Université de Durham en Angleterre a noté que la plupart des méthodes régulièrement utilisées par les enseignants ne fonctionnent pas. On parle ici de répartir les élèves en fonction de leurs aptitudes, d’encourager différents styles d’apprentissage ou de laisser les élèves découvrir des notions complexes par eux-mêmes. Les professeurs devraient au contraire transmettre leurs connaissances et leur esprit critique.
Rob Coe identifie six qualités essentielles chez un bon professeur :
- Il est motivé
- Il échange avec ses pairs
- Il utilise son temps efficacement
- Il accorde de l’importance au comportement de ses élèves envers lesquels il a des attentes élevées
- Il a des connaissances pédagogiques approfondies
- Il a une bonne culture générale
Le tout se résumerait par le fait qu’un enseignant ne doit pas enseigner une matière, mais bien apprendre aux enfants à apprendre.
Avoir la bonne méthode
Parmi les méthodes qui fonctionnent, The Economist relève le fait de faire participer toute la classe pour résoudre un problème, d’afficher des objectifs clairs et d’expliquer comment les atteindre tout en laissant place à l’interactivité, de pratiquer les savoirs plusieurs fois de différentes manières, mais aussi de demander aux élèves « comment » et « pourquoi » plutôt que de leur imposer de restituer des connaissances. Cela permet de savoir si les enfants comprennent ce qu’ils apprennent.
Être bien formé
Cependant, la méthode d’enseignement ne fait pas tout. Ce qui compte avant tout, c’est la manière dont sont formés les profs. Leur diplôme à peine en poche, ils sont jetés dans l’arène et sont censés être directement aussi bons que ceux qui enseignent depuis des années. Une aberration, selon les experts qui plaident pour que les jeunes profs continuent d’être formés et encadrés une fois sur le marché de l’emploi. Il faudrait en fait 3 à 5 ans de pratique à un jeune enseignant pour devenir efficace.
Se remettre en question
Autre « pêché » des professeurs, ils travaillent à huit-clos, ils sont peu nombreux à se concerter et s’entraider ou même à se remettre en question. Ils ont bien souvent un excès de confiance en leur méthode. Trois profs sur cinq parmi les moins performants pensent en effet faire un excellent travail. Neuf enseignants sur dix dans l’OCDE pensent être bien formés. En Angleterre, les profs sont même fiers d’affirmer qu’ils apprennent à leurs élèves à réfléchir alors qu’il est prouvé qu’ils réclament plus de restitution que dans n’importe quel autre pays de l’OCDE.
Reste à voir, ici, ce que le Pacte d’Excellence réserve comme réformes pour améliorer la qualité de notre enseignement.
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