Les bienfaits du silence
Que se passe-t-il lorsqu’on est confronté au silence ? Des spécialistes du cerveau répondent à partir de leurs propres expériences. Des réponses certes personnelles et subjectives, mais qui n’en sont pas moins révélatrices
Pourquoi les scientifiques aiment-ils tant le silence ? Pour le savoir, Daniel A. Gross, un journaliste scientifique, a posé cette question à des scientifiques et des neurologues et voici ce qu’ils ont répondu.
Pour le spécialiste italien Luciano Bernardi, « il y a quelques siècles, la société c’était beaucoup de silence et quelque moment plus bruyants. Maintenant, c’est l’inverse. Au point que le silence est presque devenu un luxe. Pour trouver un silence de qualité, il faut pratiquement se retirer en montagne ou dans des centres de méditation. »
Après avoir étudié les effets de la musique et du silence sur le cerveau de souris du laboratoire, Imke Kirste s’est demandé si sa propre vie n’était pas trop polluée par le bruit. « Lorsqu’on étudie le silence, on apprend surtout à écouter différemment » précise le chercheur. Depuis ces recherches, elle a pris conscience du bruit permanent qui l’entourait. Mais aussi à quel point cela représentait une distraction auditive qui la poussait vers la dispersion. Car, selon elle, « l’apprentissage de la solitude – et du silence qui en découle – donne justement forme à de nouvelles idées ou pistes de recherches. »
Zoran Josipovic, un neuroscientifique a scanné le cerveau de moines bouddhistes lorsqu’ils étaient état de médiation. S’il a fait ce genre de recherche, c’est qu’il médite lui-même et voulait savoir comment cela marche. Pour lui, il ne fait pas doute que le silence est plus que bénéfique. « Dans un endroit calme et retiré, l’entièreté du système sensoriel commence à se détendre et à s’ouvrir à de nouvelles perspectives. »
Le neuroscientifique Marcus Raichle raconte pour sa part que les meilleures pensées émergent dans les endroits calmes. « Le calme m’aide à passer en revue les pensées qui me traversent l’esprit ». Pour Dave Kraemer, qui étudie les mécanismes d’un auditoire, « le silence m’aide à reconnaître mes émotions, un peu comme une page blanche fait ressortir l’encre des mots ».
Comme la plupart d’entre nous, les scientifiques aiment donc le silence et si certains ont cherché à comprendre pourquoi, ils sont surtout d’accord sur une chose : il n’y a aucun doute, le silence est d’or.