Des tests toxicologiques sur des cellules pour épargner les animaux
Des chercheurs ont utilisé des cellules pour définir le niveau de toxicité de composés chimiques, une possible alternative à l’expérimentation sur les animaux, selon une étude publiée mardi dans Nature Communications.
« C’est la bonne direction », explique à l’AFP André Menache, directeur de l’association de défense animale Antidote Europe, créée par des chercheurs issus du CNRS. « La toxicogénomique -le fait d’exposer les cellules à une substance et d’étudier la réaction des gènes- c’est la toxicologie moderne ».
Ruili Huang de l’Institut national de la santé de Bethesda aux États-Unis et ses collègues ont étudié l’effet sur des cellules de plus de 10.000 composés chimiques tels que des pesticides, des produits chimiques industriels, des additifs alimentaires et des médicaments.
Disposant ainsi de près de 50 millions de données, ils les ont combinées avec les caractéristiques des produits chimiques pour définir des modèles mathématiques reliant composés chimiques et effets sur la santé.
« Un modèle est un ensemble d’algorithmes qui prend en compte les données in vitro et/ou des informations sur les structures chimiques et prédit la toxicité d’un nouveau produit chimique », explique à l’AFP Ruili Huang, auteur de l’étude.
Les résultats obtenus grâce à leurs modélisations ont été comparés à ceux précédemment obtenus suite à des essais sur des animaux ou à des expositions d’êtres humains. Les résultats correspondent, présentant ce mode opératoire comme alternative à l’expérimentation animale.
« C’est une excellente nouvelle », pour Brigitte Gothière, porte-parole de l’association de défense des animaux L214. « Le développement des alternatives à l’expérimentation animale pourrait sauver énormément d’animaux », précise la militante.
En Europe, 11,5 millions d’animaux sont utilisés chaque année pour des expérimentations dont 11% d’entre eux sont dédiés aux tests de toxicologie.
« Malheureusement, nous sommes toujours bloqués par la même vieille loi qui exige de passer par des tests sur les animaux », regrette André Menache. « Cela n’a aucun sens scientifique, la toxicogénomique est tout à fait performante ».
« C’est politique. Le défi, ce n’est pas la technologie, ni la science », ajoute André Menache.
Rejoint en cela par l’association People for the Ethical Treatment of Animals (PETA): « Seuls l’inertie, le conservatisme, la bureaucratie et l’argent, maintiennent, confinés dans de petites cages de laboratoire, des animaux effrayés et misérables ».
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