Curiosity, le rover de la NASA sur Mars. © REUTERS/NASA/JPL-Caltech/MSSS

De la vie sur Mars?

Rosanne Mathot Journaliste

L’eau pure liquide est le meilleur solvant pour produire des molécules qui peuvent donner la vie, telle qu’on la connaît sur Terre. Pour autant, l’existence des sels hydratés martiens, annoncée avec fracas par la NASA, ne remet pas forcément en cause le rêve de découvrir de la vie sur Mars, notamment parce que rien n’est plus extrémophile qu’une bactérie.

Ainsi, au CNES (Centre national français d’études spatiales), cette annonce laisse songeur: « Depuis 1976, on ne recherche plus de traces de vie sur Mars, mais seulement des fossiles pouvant démontrer qu’il y a quatre milliard d’années, lorsque Mars était chaude et humide, il y a eu de la vie », explique l’astrophysicien Francis Rocard. « L’annonce récente de la NASA me laisse à penser que les Américains pourraient maintenant envoyer un robot qui irait, à nouveau, chercher des bactéries. »

De fait, la résistance herculéenne de certaines bactéries terrestres à des conditions extrêmes peuvent laisser supposer tous les possibles. Avec six années passées dans l’espace, Bacillus subtilis HA101 détient ainsi le record de longévité d’un micro-organisme terrestre envoyé dans l’espace. « Subtilis a été retrouvée vivante sur les parois d’un satellite de la NASA, malgré des effets de pression très forts et des irradiations hallucinantes » s’enthousiasme-t-on au LUPM, le Laboratoire univers et particules, à Montpellier, où l’on veut croire que la vie peut exister sur Mars. « La présence de sels hydratés sur Mars pose la question de la possibilité du développement bactérien dans un tel milieu, explique le physicien Denis Puy. Et j’ai envie d’y répondre par « oui! » »

Mais qu’est-ce que la vie? Depuis les premières tentatives de définition de la vie par Emmanuel Kant, en 1790, chercheurs et philosophes n’ont de cesse de se casser les dents sur cet incroyable problème existentiel. Pour la NASA, « la vie est est un système chimique autonome capable de suivre une évolution darwinienne ». Ainsi, un être auto-reproductible à l’identique, de manière opportuniste dans un environnement, serait un être vivant. Cela semble logique et convaincant. Reste que si l’on suit ce raisonnement, le cristal serait vivant. La définition américaine de la vie donnée par la NASA est donc une anti-définition, une figure de rhétorique, une construction en trompe-l’oeil. Pour s’en convaincre, revenons sur ce tropisme bien connu: « Tout ce qui est rare est cher. Un âne à trois pattes est rare. Donc, un âne à trois pattes est cher. » A ce jour, il n’existe aucune définition exhaustive du concept de « vie », aucun consensus scientifique ou philosophique. C’est à la fois fascinant et terrifiant. Comme la conquête de Mars.

Le dossier « Mars, la nouvelle Terre promise », dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec:

– l’exploration qui a déclenché une révolution industrielle

– la conquête de l’espace, ce grand business

– la stratégie spatiale de la Belgique

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