Les vertus insoupçonnées du ménage
Faire le ménage recèle des plaisirs secrets qu’on aurait tort d’ignorer.
Récurer son espace apporterait des plaisirs aussi enfouis que secrets, parce que se livrer à ces tâches n’a rien de « noble » et que s’y complaire a vite fait de les qualifier de « toqués ». Pourtant, à l’heure de la fin de l’aliénation des femmes, il s’agit bien d’autre chose. Mais quoi ?
Ça passe par le corps
Laver le sol, passer l’aspirateur… Tout le corps est sollicité. Or notre cerveau est conditionné pour affronter des efforts physiques importants, et ceux-ci seraient nécessaires à notre équilibre mental. Nettoyer libère des endorphines qui procurent apaisement et bien-être. Autrement dit, l’activité mentale est stimulée par le corps, le geste. Cerise sur le gâteau : le ménage permet de garder la ligne. La preuve : trois heures de ménage énergique équivalent à trois kilomètres de jogging.
Ça passe par la tête
Ces gestes ont un impact formidable sur le moral : ranger est un excellent moyen de repartir à neuf, épousseter ravive des souvenirs (un bibelot rapporté de vacances, un cadre photo, un livre redécouvert dans la bibliothèque), s’appliquer à ses vitres permet d’accroître ses capacités de concentration et de mémorisation… Leur routine laisse l’esprit s’évader. Louis, jeune père de famille, considère le ménage comme une activité manuelle proche du bricolage, qui fait travailler les mains et met son cerveau dans un état « diesel ». « Et puis, quelle satisfaction après ! » « La grande différence avec les autres activités, c’est que le ménage donne une espèce de souffle, de durée, de bénéfice dans lequel on peut puiser son équilibre, voire son succès, plusieurs jours durant », soutient Anne de Chalvron auteur d’un livre sur les vertus du ménage.
Le ménage en dit long sur celui qui le fait. Un excès est une « tentative de s’assurer que rien n’est désordonné du point de vue moral ». La tentation inverse est de « molester cet ordre moral, en laissant libre cours aux affects et aux pulsions inconscientes ». « Le ménage, selon les psys, met en jeu l’ordre des choses, sa place dans sa famille, les éventuelles confusions de rôles. »
Ça donne du pouvoir
En ces temps de crise, un chez-soi beau et propre face à la pollution ambiante, aux informations alarmantes, devient un réflexe vital pour beaucoup. Et la propreté donne cette gratification de contrôler quelque chose, sans l’aide de personne et d’oeuvrer à son rythme. « Quand on ne domine pas ses relations familiales ou professionnelles, là, au moins, on peut ranger les éléments extérieurs dans des cases pour en être maître. »
C’est un don !
Les mères surtout (même par femme de ménage interposée) éprouveraient un certain plaisir à maintenir un nid « net et propre ». Le ménage, un acte d’amour ? Entretenir la maison, c’est « faire le ménage ». C’est-à-dire fabriquer de la famille, de l’organisation. C’est contribuer à perpétuer l’univers familial. La mère, quand elle repasse ou cuisine, pense à ceux qu’elle aime. Son amour se réalise à travers ces « objets inanimés ». Les femmes, encore, s’approprient physiquement le territoire, imposant leur personnalité. En venant souvent, selon les psys, à une toute-puissance sur les choses et les personnes dont elles n’ont pas conscience, contrairement à leurs proches.
Il ne reste plus qu’à partir à la recherche des plaisirs secrets du ménage.
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