Des scientifiques ont découvert comment le système immunitaire des "contrôleurs", ces patients séropositifs qui ne développent pas le SIDA, fonctionne. © BELGA

Le mystère des « contrôleurs  » du SIDA dévoilé

Certains patients séropositifs ne développeront pourtant jamais le SIDA. On les appelle les « contrôleurs ». Des scientifiques ont découvert leur secret.

Depuis une vingtaine d’années, les  » contrôleurs du sida », les personnes infectées par la maladie, mais qui ne la développeront jamais, sont bien connus des médecins. Il s’agit d’un profil de patient plutôt rare puisqu’il concerne seulement 1% de la population séropositive.

Cependant, leur cas est intéressant, car il pourrait aider les chercheurs à comprendre comment le système immunitaire parvient à empêcher la progression du virus, et in fine, à conduire les médecins à trouver un vaccin.

La notion de  »contrôleur » est apparue en 2004 et désigne « les patients séropositifs infectés par le VIH, dont l’organisme parvient spontanément et durablement à contrôler la réplication virale maintenant le virus indétectable ou presque dans le plasma ». Autrement dit, ces patients sont déclarés positifs au test sérologique, mais sur plusieurs examens répétés dans le temps, le virus du sida en lui-même demeure indétectable dans le sang. Le terme désignant ces personnes vient donc du fait que le virus reste bloqué, ou « contrôlé ».

Ces patients sont précieux pour les chercheurs qui se sont intéressés très tôt à leur cas. Jusqu’à présent, ils étaient parvenus à mettre en évidence certains mécanismes immunitaires liés aux enzymes. Cependant, les recherches ne s’étaient pas révélées concluantes et des interrogations persistaient. Une des difficultés pour la recherche réside dans le fait que les études sont menées sur un échantillon très faible. En effet, il existe très peu de « contrôleurs » déclarés, car la plupart d’entre eux le sont sans même le savoir. Néanmoins, aujourd’hui, ce mystère semble avoir été découvert.

Rendre tous les séropositifs « contrôleurs »

Des recherches menées par une équipe de l’Institut Pasteur et de l’INSERM (en collaboration avec l’université australienne de Monash) ont découvert le mécanisme qui protégeait les « contrôleurs ». Leurs études montrent que la réponse immunitaire très efficace des patients qui ne développent pas le sida dépend de récepteurs moléculaires particuliers. Ces récepteurs qui entrent en jeu sont appelés « TCR » et se trouvent à la surface des cellules immunitaires appelées CD4.

Les études ont montré que les récepteurs TCR des  »contrôleurs » sont capables de reconnaitre des antigènes du VIH et de réagir en déclenchant une réponse immunitaire pour tuer les cellules infectées par le virus. Les TCR des autres patients, en revanche, ne sont pas sensibles aux cellules infectées.

L’objectif des chercheurs ? Transférer des cellules immunitaires, génétiquement modifiées au niveau des TCR, aux patients malades. Grâce à ces cellules TCR, l’organisme des patients atteints du sida pourra réagir comme celui des contrôleurs, et donc bloquer le virus.

« Ce qu’on souhaiterait tester maintenant, c’est la possibilité de rendre contrôleur un patient qui ne l’est pas au départ, explique Lisa Chakrabarti, auteur de l’étude, sur le site Science&Avenir, « Si les multi thérapies sont efficaces, elles sont à vie avec parfois de sérieux effets secondaires. De plus, certains patients développent une inflammation chronique ce qui peut mener à la longue à une plus grande fragilité osseuse ou à un risque accru de maladies cardiovasculaires ». Pour l’instant, les expériences vont se faire sur des souris. Si les chercheurs parviennent à les rendre « contrôleuses », ils poursuivront leur test sur de véritables patients.

Félicia Mauro

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