Foyer : la (lourde) charge psychologique des femmes
S’occuper des tâches ménagères, prendre de soin des enfants, mais aussi organiser, planifier et gérer le foyer. Si les hommes prennent de plus en plus part aux tâches domestiques, la » charge mentale » incombe toujours majoritairement aux femmes.
Quand il s’agit des tâches ménagères et des soins aux enfants, les couples tendent à s’équilibrer depuis quelques décennies. En effet, en 2010 les femmes consacraient 183 minutes par jour aux tâches domestiques, les hommes 105. Il y a 30 ans, cet écart de 78 minutes s’élevait à 138 minutes, selon les chiffres de l’Insee rapportés par La Croix.
En plus des tâches ménagères et des soins aux enfants, les spécialistes ont décelé un troisième pilier de tâches quotidiennes : la charge mentale.
Il s’agit de « ce travail de gestion, d’organisation et de planification, qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectifs la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence », commente la chercheuse canadienne Nicole Brais. Et cette tâche incombe le plus souvent aux femmes.
Il s’agit d’une charge difficilement quantifiable, mais qui peut néanmoins avoir des conséquences sur la personne sur qui elle pèse. « Même quand je suis au travail, je pense à ma fille : ai-je bien fait telle recommandation à la nounou ? Y a-t-il encore assez de yaourts pour ce soir ? Que va-t-on faire ce week-end ? illustre Françoise dans les colonnes de La Croix. Ce sont des pensées assez prenantes, voire envahissantes, car elles impliquent une forme de vigilance permanente. »
De nombreuses femmes témoignent souffrir de cette charge qui procure beaucoup de stress, mais en dégagent également une certaine fierté. « La charge mentale du foyer est un enjeu de pouvoir au sein du couple, relève ainsi Christine Castelain-Meunier, sociologue au CNRS.
Pour équilibrer davantage les couples, les femmes devraient donc apprendre à déléguer, également, l’organisation du foyer à leur compagnon. Mais pour cela, les hommes doivent aussi accepter de prendre leur part de responsabilité.
« Un modèle est construit à deux, en fonction, certes, de la place que la mère laisse au père, mais aussi en fonction de la place que demande le père, remarquait la sociologue Michèle Ferrand dans une interview, en 2004, à la revue Mouvement. Certains prétendront que les femmes préfèrent s’occuper de la famille ; je ne le crois pas. C’est toujours une charge. Si les femmes sont épaulées par un père présent, elles s’en libèrent. »
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici