Tintin, quelle religion ?
L’angle religieux dans les aventures de Tintin est un thème d’exégèse en vogue. Les spécialistes de l’oeuvre d’Hergé s’attachent à repérer les allusions aux valeurs chrétiennes, omniprésentes dans les albums, mais aussi les références au bouddhisme, au taoïsme, à l’hindouisme, à l’occultisme, au » soucoupisme « , reflets de la quête spirituelle de l’auteur.
Dans moins d’un an, le 10 janvier 2019, Tintin passera le cap des 90 ans. Ses aventures ont commencé sur un quai de gare, à Bruxelles, le 10 janvier 1929, l’année de la naissance de Jacques Brel et celle où René Magritte a peint La Trahison des images ( » Ceci n’est pas une pipe « ). Pour le jeune reporter du Petit Vingtième et son fidèle fox-terrier, qui prennent le train à destination du pays des Soviets, c’est le début d’une odyssée qui les conduira sur tous les continents.
Un demi-siècle plus tard, dans l’émission littéraire Apostrophes (5 janvier 1979), Bernard Pivot demande à Hergé pourquoi son héros, né dans un magazine catholique belge, ne va jamais à la messe. Surpris par la question, le » père » de Tintin répond : » Je ne sais pas, cela ralentirait l’action. On ne peut pas avoir des aventures extraordinaires dans une église ou une abbaye » (Umberto Eco prouvera le contraire l’année suivante avec son best-seller Le Nom de la rose, roman policier médiéval dont toute l’action se situe dans une abbaye bénédictine). Pivot remarque tout de même qu’au Congo, Tintin a une pensée chrétienne après la mort d’un bandit dévoré par un crocodile : » Dieu ait son âme ! … » Toutefois, le dessinateur belge, embarrassé, explique qu’il évite de faire intervenir Dieu ou la religion dans les aventures de ses héros.
Valeurs chrétiennes
Les spécialistes de son oeuvre, de plus en plus nombreux ces derniers temps à explorer les aspects religieux de la saga hergéenne, ne sont pas vraiment du même avis. Le créateur de la ligne claire est issu d’un milieu catholique et son oeuvre en est le reflet. C’est donc tout naturellement qu’il y a distillé de multiples allusions aux valeurs du christianisme, très ancrées en lui, et incarnées par son héros. En toute occasion, Tintin fait preuve de bonté, de générosité, de compassion. Il lutte contre le mal, ne tue pas, défend les faibles et reste fidèle en amitié. Quand Haddock tombe dans le vide, en montagne ( Tintin au Tibet), Tintin refuse obstinément de le lâcher. Il s’agrippe à la corde qui le rattache à son ami, au risque de chuter avec lui.
Comme Totor (le premier personnage créé par Hergé) avant lui, Tintin applique, dès Les Soviets, les préceptes du scoutisme catholique : il est débrouillard et incorruptible, il prend la défense d’un koulak condamné à être torturé et pratique la charité en donnant à manger à un clochard. Scout actif jusqu’en 1930, Hergé est resté scout de coeur jusqu’à la fin de sa vie. » Tintin ne lutte pas pour le bonheur de tous les hommes, mais chaque fois que les hasards de ses aventures l’ont mis en présence d’un homme victime de la misère, de l’injustice, de la violence, c’est pour cet homme-là que Tintin a pris parti « , reconnaît Hergé dans une lettre, en 1973.
Un héros christique
Le théologien dominicain Dominique Cerbelaud va plus loin. Il considère Tintin comme un » héros christique « , titre de sa contribution à l’ouvrage collectif L’Archipel Tintin (Les Impressions nouvelles, 2012). Il établit un parallèle entre l’entourage de Jésus et celui de Tintin, où l’on retrouve les figures de l’apôtre, du traître, du disciple bien-aimé… L’une des images christiques les plus fortes de la saga est celle où Tintin, suivi par Haddock et Tournesol, est prêt à mourir par les flammes dans Le Temple du soleil. » En montant sur le bûcher, accompagné de ses deux larrons, il rappelle le sacrifice du Christ sur la croix « , estime le tintinologue Jean-Marie Apostolidès.
Autre image christique : celle du tombeau. Elle revient souvent dans les aventures, comme autant de morts possibles du héros. Dans Les Cigares du Pharaon, Tintin pénètre dans le tombeau du roi Kih-Oskh et découvre son propre sarcophage. Au moment du départ de la fusée lunaire, dans Objectif Lune, Baxter prévient : » Les voilà enfermés dans ce qui pourrait bien devenir leur tombeau ! » Les résurrections de Tintin sont plus nombreuses encore : en Amérique, Tintin adresse une ultime prière à Dieu : » Recevez mon âme ! Et maintenant, mourons bravement, comme un vrai Belge ! » Mais plus tard, il sort de terre, au sens propre, pour réapparaître bien vivant. Un Indien le reconnaît et le prend pour un fantôme. Dans L’Oreille cassée, Tintin fait cette étrange confession à ses bourreaux : » Vous comprenez, moi, j’ai déjà été fusillé trois fois ! Alors, une fois de plus, hein ? … Ça m’est bien égal : je suis habitué ! »
Quête spirituelle
Signe d’un intérêt renouvelé pour la thématique religieuse dans les aventures de Tintin : en octobre dernier, la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’université Laval de Québec a conçu, dans le cadre de l’exposition Hergé à Québec, présentée au Musée de la civilisation, un rallye promenade autour des dessous religieux de Tintin. Le document élaboré à cette occasion par des historiens de l’art et des religions met en lumière la quête spirituelle de l’auteur, son intérêt pour l’ésotérisme, la réincarnation, les phénomènes paranormaux, les rituels africains et incas (totems, masques, fétiches). Il est aussi question de l’attrait d’Hergé pour le monde intérieur, à travers sa passion pour la recherche des formes et des couleurs dans l’art abstrait.
En France, Fabrice Bouthillon, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bretagne occidentale, et auteur de Des Sommes et des dieux, ou comment la cantatrice sauve. Tintin, miroir de la décomposition de la Chrétienté belge ? (CRBC-Brest, 2013), a sondé, lui aussi, les replis de l’âme de Tintin. En duo avec Christophe Hadevis, prêtre à Vannes et scénariste de bandes dessinées, ils ont décrypté, lors de conférences-débats, certaines références religieuses glissées au fil des albums, l’occultisme qui imprègne Les 7 Boules de cristal, le bouddhisme qui » colore » l’aventure tibétaine. Ils relèvent les scènes qui renvoient directement à la culture chrétienne : dans la crypte du château de Moulinsart, à la fin du Trésor de Rackham le Rouge, Tintin désigne une statue de saint Jean l’Evangéliste, l’auteur de l’Apocalypse, surnommé l' » Aigle de Patmos » ; au début des 7 Boules, toujours à Moulinsart, Tintin surprend Haddock tenter, en vain, de changer l’eau en vin, référence explicite au premier miracle du Christ, celui des Noces de Cana. » Il réussit bien à le faire, lui ! « , s’exclame le capitaine, qui tente de reproduire le tour d’un illusionniste du Music-Hall Palace. » Qui, lui ? « , s’étonne Tintin, qui s’attend sans doute à ce que son ami Haddock lui réponde : » Jésus. »
Un côté pape François
Alors, Tintin, un héros chrétien ? En janvier 2017, la question a été posée aux orateurs d’une conférence intitulée Tintin au Vatican, tenue au Collège des Bernardins, à Paris. L’un d’eux, Giovanni Maria Vian, directeur de l’ Osservatore Romano et collectionneur de bibelots Tintin, reconnaît qu' » on ne trouve pas de vignette ni d’épisode où Tintin fasse acte de dévotion « . La seule trace qui s’en rapproche est une couverture du journal Tintin de 1948, dessinée par Hergé, où le jeune reporter est à genoux devant une crèche avec les Dupondt, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol. » Mais c’est un chrétien effectif, même s’il ne le déclare pas « , assure le journaliste italien (propos recueillis par Laurence Desjoyaux, lavie.fr, 12 janvier 2017). Selon lui, il y a même un côté pape François chez Tintin, qui se bat contre les multinationales dans L’Oreille cassée, refuse de croire à la culpabilité du gitan dans LesBijoux de la Castafiore et est un éloge vivant de la fraternité et de la recherche de vérité et de justice.
Autre intervenant, cité par lavie.fr : le philosophe et académicien catholique Jean-Luc Marion, coauteur de Tintin le terrible ou l’alphabet des richesses (Hachette, 1996). Il défend la thèse d’une » théologie implicite » dans l’oeuvre d’Hergé, qui a connu une évolution mouvementée : dans Tintin au Congo, » le phénomène religieux est sociologique, matérialisé par la présence des missionnaires : on est là dans une vision très institutionnelle du fait chrétien « . Durant la Seconde Guerre mondiale, les aventures de Tintin reflètent » une théologie de l’absence de Dieu, négative, critique » : dans L’Etoile mystérieuse (1942), » la fin du monde n’est qu’un tremblement de terre et le prophète est un faux prophète « . Au cours des années 1950 et 1960, Hergé traverse une crise personnelle et renaît dans Tintin au Tibet (1960). La trame de ce 20e album se noue autour de la foi de Tintin, qui croit que son ami Tchang est vivant. » Dans la scène finale, poursuit le philosophe, les moines montent à la rencontre de Tintin qui ramène Tchang et le nomment « coeur pur », terme qui rappelle les Béatitudes : « Heureux les coeurs purs ». »
Miracles au Congo belge
Illustration de la première phase de cette théologie : Tintin est attendu comme le sauveur en Afrique. Il incarne le Messie attendu par les Noirs et que leur ont promis les missionnaires. » Pour qu’il n’y ait pas de doute possible, le Père blanc le reconnaît comme tel en le sauvant par deux fois de la mort « , signale Jean-Marie Apostolidès dans Les Métamorphoses de Tintin (Champs-Flammarion, 2006). On parle à Tintin avec respect, on l’appelle au moindre problème, on s’agenouille devant chacun de ses miracles. Les chefs locaux lui offrent la couronne ( » Toi y en a grand sorcier ! … Toi y en a devenir roi des m’Hatouvou ! « ), mais Tintin décline toutes les propositions : son royaume n’est pas de ce monde. Une fois les bandits sous les verrous, il monte au ciel dans un avion venu le secourir, mais reste présent au milieu de ses disciples. Selon Jean-Marie Apostolidès, la dernière image de Tintin au Congo rappelle la situation des apôtres après la remontée au ciel de Jésus : ils parlaient de lui et se préparaient à répandre sa parole. » De même, ici, Hergé montre une pentecôte « animiste », parodiée de la pentecôte chrétienne : les Africains récitent la geste de leur dieu ; ils vont imiter son exemple. »
Après son séjour congolais, Tintin se rend en Amérique pour se mesurer directement à l’incarnation du Mal, Al Capone. On y assiste à de nouvelles scènes de miracles. » Si l’existence du héros est ponctuée de miracles, c’est pour souligner le caractère sacré de sa mission, explique Jean-Marie Apostolidès. Comme Jeanne d’Arc, que l’Eglise a canonisée quelques années auparavant, Tintin doit non seulement bouter le Mal hors d’Europe, mais encore imposer au reste du monde les valeurs de l’Occident nationaliste. L’intervention divine manifeste clairement qu’il est l’instrument de la Providence. S’il n’entend pas d’autres voix que celles de sa conscience, il possède en commun avec l’héroïne de Domrémy le courage, la jeunesse et la virginité. »
Respectueux de toutes les croyances
L’angle religieux dans les aventures de Tintin est bel et bien un thème d’exégèse en vogue : Bob Garcia, un passionné de littérature populaire et spécialiste d’Hergé, auquel il a consacré plusieurs essais, sort, ces jours-ci, Tintin, le Diable et le Bon Dieu chez Desclée de Brouwer. L’auteur s’attache à répertorier toutes les références aux religions, mythes ou superstitions glissées dans les albums. Il estime que les aventures de Tintin » témoignent d’un intérêt très documenté et respectueux du dessinateur pour toutes les croyances « . Il assure aussi que ces albums » nous enseignent la tolérance, le respect et l’ouverture au monde. » Hergé se définissait lui-même comme une » éponge « . Il ne pouvait donc, remarque Bob Garcia, rester indifférent aux grands courants spirituels.
Hergé s’est intéressé à l’Egypte ancienne : il y a des clins d’oeil à ses croyances religieuses dans la partie » égyptienne » des Cigares du pharaon. Dans Le Temple du soleil, Hergé fait un joyeux amalgame des cultes incas, mayas et aztèques. Scout indianiste, il connaît les cultures amérindiennes et leurs croyances. Dans la deuxième partie des Cigares et au début de Tintin au Tibet, il aborde l’hindouisme : Brahma et Vishnou sont cités et, dans Les Cigares du pharaon, le dessinateur évoque Krishna à travers l’épisode de la vache sacrée, qui parle à Milou. Toujours en quête d’absolu, le dessinateur se dit lui-même » captivé » par le taoïsme, l’un des piliers de la pensée chinoise. L' » enseignement de la voie » est traité directement ou par métaphores dans Le Lotus bleu, sous l’influence de Tchang, l’ami de Tintin. Didi, le fou au sabre, s’exclame : » Lao-Tzeu l’a dit : Il faut trouver la voie ! » Dans Les Cigares, le symbole de la secte Kih-Oskh s’inspire du yin-yang des taoïstes, représentation de la dualité et de la complémentarité.
Hergé et l’islam
Hergé ne fait guère référence au judaïsme dans son oeuvre. On lui a reproché sa caricature de Rastapopoulos – dans une lettre à un lecteur datée de 1973, le dessinateur assure que le milliardaire louche, plus ou moins grec ou levantin, n’est pas juif -, et plus encore celle de Blumenstein, le banquier américain fourbe de L’Etoile mystérieuse, dessiné pour le » Soir volé » pendant la guerre. L’attitude d’Hergé sous l’Occupation et ses égarements antisémites dans L’Etoile suscitent encore des polémiques.
En revanche, l’islam est mis en scène à plusieurs occasions. Dans un essai à charge, Le Monde arabe dans les albums de Tintin (L’Harmattan, 2016), Louis Blin accuse Hergé de s’être désintéressé de la foi musulmane, ou de l’avoir méprisée. » Procès infondé ! s’exclame Bob Garcia : quand, dans la partie « marocaine » du Crabe aux pinces d’or, les Dupondt pénètrent en chaussures dans une mosquée, ce n’est pas de l’islam qu’Hergé se moque, mais de l’inculture européenne. Quand, dans Au pays de l’or noir, l’un des deux détectives botte les fesses d’un arabe en prière, c’est le comportement déplacé et irrévérencieux du policier belge qu’Hergé stigmatise. Le dessinateur montre qu’il a du respect pour les « piliers de l’islam » : dans Coke en stock, Tintin et Haddock ne cherchent pas à détourner de leur foi les Noirs qui se rendent en pèlerinage à La Mecque. Le capitaine se contente de les mettre en garde contre les risques d’esclavagisme. Dans Le Crabe aux pinces d’or, Tintin, assis dans un coin, reçoit des pièces dans sa main, scène qui révèle qu’Hergé connaît parfaitement la pratique islamique de l’aumône. »
Attiré par le paranormal
Selon Bernard Heuvelmans, qui a collaboré à plusieurs aventures de Tintin entre 1942 et 1960, Georges Remi, » esprit rigoureux et précis « , avait toutes les qualités d’un savant. » Mais il avait une attirance indiscutable pour les phénomènes inexpliqués. Je pense qu’il croyait profondément à la réalité de tous ces phénomènes de clairvoyance, de télépathie, de rêves prémonitoires que l’on voit dans les aventures de Tintin. » Pour illustrer son propos, il mentionne la scène du moine lévitant Foudre bénie dans Tintin au Tibet. » Là, Hergé évoque le phénomène d’une manière très sérieuse et presque avec déférence, parce qu’il y croyait profondément » (propos recueillis par Benoît Peeters et publiés dans Hergé fils de Tintin, Champs-Flammarion, 2006). Dans son livre Hergé au pays des tarots (Cheminements, 1999), Pierre-Louis Augereau rappelle que la première épouse du dessinateur, Germaine, était férue d’astrologie et que c’est sous son influence que Georges a pris l’habitude de se faire tirer les cartes.
Dans Les 7 Boules de cristal, un fakir utilise une médium pour deviner le contenu du sac d’une spectatrice ou la situation familiale d’une autre. Madame Yamilah annonce ainsi la malédiction qui frappe l’un des explorateurs. Dans la même aventure, Tournesol retrouve le bracelet de la momie grâce à son pendule. Dans Vol 714 pour Sydney, Hergé s’intéresse au » soucoupisme « , croyance dans l’existence d’extraterrestres qui visiteraient régulièrement et secrètement la Terre dans leurs ovnis. Le personnage de Mik Ezdanitoff, correspondant terrestre des aliens, a pour modèle l’écrivain Jacques Bergier, coauteur du best-seller Le Matin des magiciens et cofondateur de Planète, revue éditée entre 1961 et 1971 et qui rassemblait des textes insolites, ésotériques et de science-fiction (baptisée Comète dans Vol 714). Dans sa biographie du père de Tintin ( Hergé, Plon, 1996), Pierre Assouline estime qu’Hergé, » inquiet en permanence « , » n’a jamais cessé de chercher sa voie et de poursuivre une quête spirituelle sous différentes formes « .
Le Ciel et le bon Dieu sont souvent convoqués dans les aventures de Tintin, mais aussi l’Enfer et le Diable. Des diablotins hilares et cornus conduisent les bandits au fond de l’océan dans L’Oreille cassée. Haddock est tenaillé par le démon de l’alcool dans Coke en stock. Au Tibet, le diable tente Milou, ex-directeur de conscience de Tintin : il lui met sous le nez un bel os, le détournant de son devoir de venir en aide à son maître. Dans Le Secret de La Licorne, le pirate Rackham, avec sa grande cape rouge, son » rire sardonique » et ses promesses de tortures, incarne le Prince des ténèbres. Autre figure du Malin dans l’univers de Tintin : Rastapopoulos, alias marquis di Gorgonzola, déguisé en diable d’opéra dans Coke en stock. » Les sonorités du nom Rastapopoulos évoquent celles de Méphistophélès « , constate Jean-Marie Apostolidès.
Figure ambiguë et tragique, Frank Wolff échappe au manichéisme qui régit le destin de la plupart des personnages de la BD franco-belge. Adjoint du professeur Tournesol au Centre de recherches atomiques de Sbrodj, l’ingénieur est associé aux préparatifs de l’expédition lunaire, dont il fera partie. Mais, comme le révèle son nom, Wolff est un » loup » dans la bergerie. Ses dettes de jeu et sa faiblesse l’ont conduit à se soumettre au chantage d’une puissance étrangère. Espion rongé de remords, il empêche le colonel Boris Jorgen, passager clandestin dans la fusée, d’accomplir ses noirs desseins. » Vide ton sac, Judas ! « , lance Haddock au traître démasqué, dans On a marché sur la Lune. Ce n’est pas qu’une insulte : Wolff a, comme le disciple de Jésus, trahi pour de l’argent. Il disparaît ensuite dans l’espace, sacrifice destiné à sauver Tintin et ses compagnons, en manque d’oxygène. Dans son message d’adieu, il écrit : » Peut-être un miracle me permettra-t-il d’en réchapper aussi. » Hergé regrettera d’avoir ajouté la phrase, qu’il qualifie dans ses entretiens avec Numa Sadoul (Casterman, 1975) de » sottise « , » fruit de l’intervention de personnages bien-pensants, troublés par le fait qu’il s’agissait d’un suicide « .
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