Carte blanche
« Vers une Trump-mania en Europe ? »
Le pronostic paraîtra osé. Donald J. Trump n’est-il pas l’un des hommes politiques les plus haïs de sa génération ? Les médias américains eux-mêmes – pour ne rien dire des médias européens – ne le dépeignent-ils pas tour à tour comme un bouffon sexiste, un clown fasciste, un homme presque ontologiquement incapable de gouverner, voire de se comporter en adulte ?
Ne vient-il pas de « sortir » son pays de l’Accord de Paris sur le climat, virtuellement seul contre le monde entier, contre l’avis de plusieurs États américains et d’entreprises telles que Goldman Sachs ou même le pétrolier EXXON ?!
Tel est bien le récit dominant. Pourtant, nous en osons le pronostic : il y aura bien une Trump-mania en Europe.
C’est en réalité facile à comprendre.
D’abord, il ne faut pas avoir la mémoire courte. La plupart des présidents américains républicains ont d’abord été décrits en Europe comme des extrémistes de droite simples d’esprit. A-t-on oublié le monstre qu’on nous dépeignait sous les traits de Reagan ? Ce même Reagan auquel on reconnaît aujourd’hui le mérite d’avoir redressé l’économie américaine et contribué à la chute de l’effroyable univers concentrationnaire de l’URSS communiste.
Mais l’essentiel n’est pas là. Il réside à la fois dans les succès de Trump, et les échecs de ses adversaires.
Trump prétend interdire le territoire américain aux ressortissants de pays qui sont des pépinières avérées de talents islamistes & terroristes : la Cour suprême vient de valider ce « travel ban » dans sa majeure partie. « Obamacare », cette sécurité sociale à l’européenne, est en faillite virtuelle, ses principaux acteurs économiques la désertent, des familles sont saignées à blanc en primes exorbitantes, et il y a moitié moins d’Américains « couverts » que prévu. Quels qu’en soient le périmètre et le nom, il y aura bien un « Trumpcare » qui viendra se substituer à l’Obamacare.
La sortie de l’Accord de Paris va aider l’économie américaine à prospérer, en cessant de s’infliger un désavantage que rien ne justifie vis-à-vis du reste du monde : réduction des émissions de CO2 en Occident, croissance des émissions dans le reste du monde (il sera intéressant de suivre la trajectoire économique de la France qui, sous Macron, fait le choix exactement inverse).
L’équipe Trump multiplie actuellement les abrogations de règles et règlements qui sont autant de handicaps pour les entreprises, et de brimades pour la liberté des citoyens.
Depuis six mois, l’intégralité des moyens du « renseignement » américain cherche à mettre à jour la collusion supposée des Républicains et des Russes. Non seulement ce deep state a-t-il échoué à produire le moindre élément de preuve tangible, encore les médias qui se sont engagés à sa suite se sont-ils exagérément découverts. CNN ayant répercuté sans vérification et en violation de ses devoirs déontologiques une énième faribole cuisinée par les Démocrates sur les Russes et Trump, elle a dû se séparer de trois de ses journalistes, au terme de ce que la presse considère comme le plus grand scandale de l’histoire de CNN. Nul doute que d’autres médias qui poursuivent Trump de leur vindicte idéologique depuis sa candidature à la candidature républicaine, en juin 2015, connaîtront le même genre d’avanie, aussi vrai que la haine est mauvaise conseillère.
En établissant, via les réseaux sociaux, un permanent canal de communication direct, sans l’interface des médias, entre lui et cent millions de citoyens, Trump a révolutionné la communication politique.
Quand les cendres de l’idéologie seront retombées, on devra constater que Trump est un homme, avec tous les défauts que cela suppose, mais qu’il est étranger à la caricature absurde que l’on en a fait
Bref, quand les cendres de l’idéologie seront retombées, on devra constater que Trump est un homme, avec tous les défauts que cela suppose, mais qu’il est étranger à la caricature absurde que l’on en a fait, qu’il engrange de nombreux succès conformes à ses engagements de campagne, et que ses adversaires multiplient les déconvenues. Les Démocrates viennent d’ailleurs de subir cinq défaites électorales successives, à telle enseigne que certains en viennent à admettre que la marque « Démocrate » est désormais moins porteuse que « Trump », et que ce qui intéresse les Américains, ce ne sont pas les romans d’espionnage avec des Russes, mais la croissance de leur économie.
C’est pourquoi, dans le contexte d’une économie européenne toujours à la peine, et de brûlants dossiers — asile, immigration, terrorisme islamique — sans l’ombre d’une solution européenne, je me risque en effet à pronostiquer que de nombreux responsables européens iront bientôt à Canossa !
Drieu Godefridi
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