Une majorité de jeunes arabes rejettent l’extrémisme religieux
Une majorité de jeunes arabes musulmans estiment que les actions des groupes jihadistes comme l’organisation Etat islamique (EI) et Al-Qaïda constituent une « perversion » de l’islam, selon un sondage réalisé par l’institut Zogby Research Services de Washington.
Cette enquête a été menée en octobre et novembre 2015 auprès d’un échantillon de 5.374 arabes musulmans âgés de 15 à 34 ans au Maroc, en Egypte, en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis, au Koweït, en Jordanie, à Bahreïn et dans les Territoires palestiniens.
Plus de 80% des personnes interrogées au Maroc, aux Emirats et en Egypte pensent que les actions des groupes radicaux représentent « une complète perversion des enseignements de l’islam », alors que 45% au Koweït, 57% en Arabie saoudite et 61% en Jordanie portent un tel jugement.
15% des personnes interrogées dans les Territoires palestiniens, 13% en Jordanie et 10% en Arabie saoudite ne croient pas que ces actions relèvent d’une perversion de l’islam.
En outre, ils sont 39% au Koweït, 28% en Arabie saoudite, 21% à Bahreïn et 17% dans les Territoires palestiniens à penser que les groupes jihadistes « soulèvent (…) parfois de questions sur lesquelles (ils sont) d’accord avec eux ».
Interrogées sur les raisons menant des jeunes à rejoindre ces groupes, 69% des personnes sondées aux Emirats, 50% au Maroc, 38% en Egypte, 37% en Jordanie et 36% en Arabie citent la responsabilité de « gouvernements corrompus, répressifs et non représentatifs ».
Mais ils sont 46% dans les Territoires palestiniens, 33% à Bahreïn et 30% en Arabie saoudite à invoquer « l’occupation étrangère des territoires arabes » comme source du radicalisme.
Une majorité des jeunes interrogés restent en outre convaincus que la religion a un rôle important dans l’avenir de leurs pays, comme au Koweït (93%), Egypte (90%), Emirats (89%), Arabie saoudite (88%), Territoires palestiniens (86%), Maroc (77%), Jordanie (75%) et Bahreïn (63%).
Les auteurs du sondage n’en ont pas précisé la marge d’erreur.
Pour les jeunes arabes, « ce n’est pas la religion qui doit être réformée mais (…) le discours » véhiculé par les musulmans, a dit James Zogby, président du centre de recherches qui porte son nom lors de la présentation mardi soir des résultats du sondage à Abou Dhabi.
L’étude a été réalisée pour le compte de la fondation Tabah, une ONG basée dans la capitale des Emirats arabes unis.
Dans le monde arabe, les jeunes de moins de 34 ans représentent 53% de la population, selon des statistiques de la fondation.
Le sondage a été mené dans le contexte de la montée en puissance des groupes jihadistes à la faveur du chaos dans certains pays, consécutif aux Printemps arabes.