Un dignitaire chrétien irakien compare Daech à « un cancer » à éradiquer
Un an après le début de l’offensive du groupe terroriste Etat islamique (EI), les dignitaires chrétiens du nord de l’Irak n’ont de cesse de réclamer son « éradication », seule condition selon eux au retour à la coexistence pacifique entre les peuples de la région.
« Daech (l’acronyme arabe de l’EI) est comme un cancer. La première chose à faire avec une telle maladie, c’est d’y mettre fin. Il n’y a pas moyen de négocier » avec ces djihadistes, a affirmé mardi l’archevêque chaldéen d’Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, Mgr Bashar Warda, à quelques journalistes à l’issue d’un entretien avec le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, en visite-éclair à Erbil.
Les djihadistes de l’EI sont arrivés, au début de leur progression fulgurante en juin 2014, aux portes de la ville, avant d’être repoussés à quelques dizaines de kilomètres par les peshmergas (combattants kurdes), aidés par l’aviation de la coalition internationale anti-EI dirigée par les Etats-Unis et à laquelle la Belgique participe. Il faut « accroître le soutien militaire aux peshmergas et à l’armée irakienne (qui tentent de reconquérir les zones occupées par l’EI) et la pression politique » pour contrer Daech, a souligné Mgr Warda. Il a aussi plaidé en faveur de pressions sur le gouvernement central irakien, à Bagdad, afin de promouvoir la « réconciliation politique ».
Ce dignitaire a l’habitude de réclamer une intervention militaire plus musclée contre les djihadistes et d’affirmer que Daech « représente une menace non seulement pour les chrétiens de la région, mais aussi pour les Sunnites, les Yézidis, et pour le monde entier » en faisant référence aux nombreux Européens qui ont rejoint les rangs de l’EI. Il faut aussi « continuer l’aide humanitaire » pour répondre au nombre croissant de réfugiés arrivant au Kurdistan et l’assistance aux victimes, a poursuivi l’archevêque au siège de son diocèse, situé à Ainkawa, le quartier chrétien d’Erbil.
Plus de 120.000 réfugiés chrétiens irakiens ont quitté leur foyer quand l’EI a envahi des villes telles que Mossoul, la seconde ville d’Irak, alors habitée par quelque deux millions de personnes, et Qaraqosh. Selon Mgr Warda, toutes les communautés chrétiennes qui vivaient dans ces zones sont désormais « en sécurité » au Kurdistan, grâce à l’aide de son gouvernement régional (KRG). « Nous, en tant qu’église, et le gouvernement du Kurdistan collaborons pour aider la communauté chrétienne à rester et à donner (à ses membres) une manière digne de vivre jusqu’à la libération des territoires » conquis par l’EI, a-t-il dit.
Il a toutefois déploré le départ de chrétiens vers les pays voisins (Jordanie, Liban et Turquie), ce qui représente selon lui une « lourde perte » pour cette communauté, dont la présence dans la région remonte au 1er siècle après Jésus-Christ.
Un responsable de la minorité yezidie, qui a payé un lourd tribut à la violence djihadiste, a pour sa part mentionné la découverte de « onze charniers » dans les zones libérées par les peshmergas et de la destruction de villages entiers par Daech. « Chaque jour, on trouve des fosses communes et des gens qui ont été exécutés par l’EI », a affirmé Xeri Bozani. « L’avenir du pays sera positif si Daech disparaît », a-t-il ajouté.
Regroupés notamment dans le Kurdistan irakien, les Yézidis forment un groupe ethnique pratiquant une religion monothéiste qui a emprunté certains de ses éléments au christianisme ou à l’islam. Considérée comme hérétique par l’EI, cette minorité a été particulièrement visée par les exactions du groupe sunnite qui a conquis des pans entiers du territoire irakien, notamment les alentours du mont Sinjar (nord), fief des Yézidis.
M. Reynders a pour sa part salué l’effort militaire et humanitaire fourni par le gouvernement kurde, qui tente de regagner du terrain face à Daech, avec l’aide de la coalition internationale dirigée par Washington et qui rassemble une soixantaine de pays, y compris arabes. La Belgique envisage de fournir une aide au Kurdistan dans le secteur de la santé, a précisé M. Reynders.