Turquie: de nouvelles pressions sur les médias au lendemain des élections
La police turque a arrêté lundi deux responsables d’un magazine qui présentait en « une » de son dernier numéro la victoire du parti du président Recep Tayyip Erdogan aux législatives comme « le début de la guerre civile en Turquie », a rapporté la presse.
Sur requête d’un procureur, les forces de l’ordre ont débarqué au siège du journal Nokta à Istanbul pour saisir les exemplaires, sur la base d’une plainte pour « incitation publique à commettre un délit », a précisé l’agence de presse Dogan. Son rédacteur en chef Cevheri Güven et son directeur de la publication Murat Çapan ont dans la foulée été interpellés, a ajouté Dogan.
Dans son dernier numéro sorti lundi, Nokta affichait en « une » une photo d’Erdogan et commentait la victoire de son Parti de la justice et du développement (AKP) lors des législatives de dimanche par le titre « le début de la guerre civile en Turquie ».
Le large succès de l’AKP, qui a retrouvé au parlement la majorité absolue qu’il avait perdue il y a cinq mois, a alimenté les craintes des rivaux du chef de l’Etat, qui redoutent qu’il n’en profite pour renforcer son pouvoir sur le pays.
La semaine dernière, la police a investi de force le siège stambouliote de deux chaînes de télévision proches de l’opposition, visées par une mesure de mise sous tutelle judiciaire pour en prendre le contrôle. Ce raid a été largement dénoncé comme une atteinte à la liberté de la presse.
Le gouvernement islamo-conservateur turc est régulièrement épinglé par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui lui reprochent ses pressions sur les médias. Le mois dernier déjà, le directeur de la publication du magazine Nokta avait été brièvement placé en garde à vue après la publication en première page d’un photomontage représentant le président Erdogan prenant un « selfie » devant le cercueil d’un soldat.