Rafael Correa : l’homme qui a redressé l’Équateur en défiant le FMI
Président de l’Équateur depuis 2006, Rafael Correa a grandement amélioré la situation économique de son pays, le tout en préservant les citoyens. Portrait de cet homme qui a mis l’austérité au placard, balayant les propositions du FMI.
Économiste de formation, ayant notamment étudié à l’Université Catholique de Louvain et à l’Université de L’Illinois, Rafael Correa a réussi à redresser la situation économique de son pays en quelques années.
Les chiffres parlent pour lui : 4,1 % de la population au chômage, le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 37 à 27 %, la croissance était de 4 % en 2013 et la dette représente 26 % du PIB. À titre comparatif, si la Belgique a un plus faible pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (14,8 %), le chômage est de 8,5%, la croissance de 0,2 % en 2013 et la dette représente près de 100 % du PIB.
Lorsque le président est interrogé sur sa façon de faire, sur la recette équatorienne et sur la situation en Europe, sa première réponse est d’éviter les recommandations du FMI. Il plaisante en disant que les membres de l’organisation sont les bienvenus en tant que touristes, mais qu’ils prendront le premier avion retour s’ils débarquent pour donner des leçons d’économie. Aucune mission du Fonds Monétaire International n’a eu lieu depuis son élection et tous les indicateurs sont bons, contrairement aux pays suivant les prérogatives fixées par l’institution. Il cite l’Espagne, mais est persuadé que l’Europe suivra si elle s’obstine à suivre ces mêmes conseils.
Mais quelle est la recette de Rafael Correa ? Il a notamment changé les proportions du budget accordées aux différents secteurs : alors que le FMI conseillait de consacrer 70 % des revenus du pétrole au remboursement de la dette et 10 % au social, Correa a attribué à ce secteur 80 % des revenus. La dette a également été un grand chantier pour le président, qui a formé un audit pour en étudier la progression. Le groupe a rapidement trouvé des irrégularités, qui ont été utilisées par Correa pour déclarer le pays en défaut de paiement, et ainsi racheter la dette bien en dessous de sa valeur.
L’économie n’est d’ailleurs pas le seul point de mésentente entre Correa et l’Europe : le président a fustigé à diverses reprises la politique migratoire européenne, en assurant qu’à ses yeux, il n’y avait plus d’étrangers. Une perception du monde qui a changé bien des opinions en Équateur, selon Mylène Sauloy, reporter spécialisées dans les pays de l’Amérique Latine.
Il a toutefois été contesté lorsqu’il a fait passer une loi visant à réguler le secteur des médias. Une décision qu’il justifie par le fait que certaines sociétés financières et/ou commerciales, notamment des banques, contrôlaient des médias, ce qu’il jugeait intolérable.
L’homme, qui se dit socialiste, est populaire : élu au second tour en 2006 avec 56 % des voix, il a de nouveau obtenu la confiance du peuple en 2007 lors du référendum visant à mettre sur pied une assemblée générale. Son objectif était alors de changer la constitution, ce qui se fera en 2008. Il a été réélu au premier tour en 2009 et en 2013 avec respectivement 51,99% et 57,17% des voix.
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