Drieu Godefridi
Quel est le rôle de la fondation George Soros au sein des institutions européennes?
Le moment est venu de faire la lumière sur la nature et l’ampleur de la collaboration de la gauche européenne avec le lobby fondé par le milliardaire américain George Soros, la fondation du nom de « Open Society ».
Après tout, pourquoi pas, n’est-ce pas le privilège de la richesse que de servir ses propres idées, et la fondation de M. Soros ne se prévaut-elle pas des nobles idéaux de démocratie et d’ouverture chers au grand philosophe Karl Popper, sans doute le plus grand épistémologue de tous les temps ? L’expression de « Open Society » lui est directement empruntée et G. Soros se revendique expressément de Popper.
Le détournement est manifeste. Popper définissait la société ouverte comme celle dans laquelle les individus ont la possibilité d’agir selon leurs propres décisions, et la société fermée comme celle où l’individu est soumis au caprice de la collectivité. La démocratie paraissait à Popper le seul régime permettant de changer de dirigeant sans effusion de sang, raison pour laquelle ce régime avait sa prédilection.
Soros ne reprend nullement cette distinction. Ainsi définit-il la société ouverte comme celle dont les gouvernants prennent soin des intérêts des électeurs, et la société fermée comme celle où les gouvernants servent leurs propres intérêts.
Outre qu’elle paraît bien naïve — même l’homme/la femme d’Etat le/la plus dévoué(e) à l’intérêt général prend généralement soin de ses propres intérêts, qui pourrait le lui reprocher ? — cette distinction est surtout radicalement étrangère, on le constate, à l’oeuvre de Popper.
Sur la foi de cette définition vague qui trahit celui dont elle se revendique — car c’est bien la liberté individuelle et démocratique dont se souciait Popper, contre tous les totalitarismes — Soros catégorise comme « fermées » toutes sociétés qui adoptent des politiques qui ne sont pas de son goût.
Ainsi M. Soros taxe-t-il de « fermées » les sociétés occidentales car elles sont, selon lui, par trop « inégalitaires » et pas assez « redistributrices » des richesses. Que l’heureux propriétaire d’une fortune de plusieurs dizaines de milliards de dollars, bâtie sur la spéculation non seulement boursière, mais purement monétaire, déplore les inégalités, peut faire sourire. Surtout, c’est un jugement qui méconnaît le fait que jamais, dans l’histoire occidentale, les classes moyennes n’ont été aussi taxées et imposées, de mille manières, qu’elles ne le sont aujourd’hui.
Rappelons que jusqu’il y a un siècle, le taux de taxation considéré comme normal, en Occident, était de l’ordre de 10%. Il est de nos jours quatre à cinq fois plus élevé. Certes, de par leur mobilité géographique et juridique, les Soros de notre monde échappent souvent à ces taux confiscatoires. Mais frapper davantage encore les classes moyennes ne rendra pas nos sociétés moins inégalitaires. Surtout, vouloir socialiser et collectiviser toujours davantage aboutit à l’exacte négation de la société ouverte selon Popper, celle dans laquelle les individus conservent la maîtrise de leur destin en dehors des désirs et de la toute-puissance de l’Etat.
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Autre exemple : l’immigration. M. Soros considère qu’il est souhaitable que l’Europe et les Etats-Unis accueillent chaque année un grand nombre de réfugiés, économiques ou politiques, en provenance du reste du monde. Sa fondation et lui ne sont pas étrangers à la propagation et au succès de cette idéologie dans la gauche occidentale depuis une trentaine d’année. M. Soros considère toute société s’opposant à cette idéologie comme fermée, hostile et autoritaire; ainsi des pays d’Europe centrale, qui souhaitent en effet conserver la maîtrise de leurs frontières. Mais qui ne voit que là encore M. Soros fait violence aux mots ? En quoi serait anti-démocratique et contraire à la liberté le fait que des peuples se prononcent, massivement et de façon répétée, dans des scrutins dont la validité n’est contestée par personne, pour une immigration contrôlée et la maîtrise de leurs frontières ? N’y aurait-il de « vraie » démocratie que lorsque les urnes votent pour les idées, souvent extrêmes, qui ont la faveur de M. Soros ?
Et puis, il y a la manière. Confortablement installé sur l’impunité de sa fortune, M. Soros publiait récemment un répertoire des « amis fiables » (reliable allies) de sa fondation au sein du Parlement européen, comprenant pas moins de 226 noms ! Deux cent vingt-six parlementaires européens sont officiellement considérés comme des alliés fidèles de l’opulente fondation de M. Soros !
En ces temps d’appels à la transparence, ne serait-il pas opportun d’interroger chacun de ces parlementaires sur la nature de leurs liens avec l’Open Society, ce qui leur vaut le beau label d’ « ami fiable » ? Plus précisément, ne serait-il pas opportun de les interroger :
1) sur le fait de savoir s’ils ont jamais reçu, directement ou indirectement, des fonds de l’Open Society ou d’un autre des nombreux véhicules de la galaxie Soros ? et
2) s’ils ont assisté ou participé à des événements organisés par les précédents, si oui lesquels, où, quand et avec quels fonds ?
Jamais dans l’histoire européenne, un lobby n’avait disposé d’une puissance de frappe financière comparable à l’Open Society. Les définitions les plus élémentaires de la démocratie et de la société ouverte au sens de Karl Popper exigent que la lumière soit faite sur la nature des « alliances » européennes de M. Soros.
Drieu Godefridi
Dernière parution « LA PASSION DE L’EGALITE — Essai sur la civilisation socialiste »
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