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Obsèques de Peres: une poignée de mains, des larmes et de l’humour

Le Vif

De la poignée de mains entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas à la formule en hébreu du président américain Barack Obama: quelques gestes et paroles marquants des obsèques de l’ancien dirigeant israélien Shimon Peres, vendredi à Jérusalem.

Poignée de mains

A son arrivée, Mahmoud Abbas serre la main et échange des politesses avec Benjamin Netanyahu. M. Abbas n’était plus venu publiquement à Jérusalem depuis des années. Les deux hommes n’ont pas eu d’entretien direct substantiel sur l’effort de paix depuis 2010 et mènent un dialogue de sourds sur la relance d’un processus actuellement au point mort. Le geste a ensuite suscité un vif débat parmi les Palestiniens.

Retrouvailles

Scrutés par des centaines de journalistes, des dizaines de dirigeants internationaux sont réunis au mont Herzl, avec une cohorte d’assistants et de gardes du corps. Avant les obsèques, tout ce petit monde multiplie les accolades et les discussions sur un ton léger et se fait rappeler à l’ordre par le maître de cérémonie. Le prince Charles est là mais sa présence ne relève pas de la visite officielle, dit-on côté britannique. Jamais un membre de la famille royale britannique n’a effectué de visite officielle en Israël. Aucun chef d’Etat arabe n’a fait le déplacement.

Netanyahu pleure

M. Netanyahu évoque sa relation complexe avec M. Peres, son « adversaire politique », et leur divergence sur la prééminence de la paix ou de la sécurité dans l’intérêt d’Israël. L’émotion le gagne deux fois quand il évoque le lien entre M. Peres et son frère Yoni Netanyahu, tué il y a 40 ans lors d’une opération de libération d’otages à Entebbe (Ouganda). Il a été enterré au mont Herzl par le ministre de la Défense d’alors: Shimon Peres.

Bill Clinton aussi

La voix enrouée, l’air accablé et une kippa noire incongrûment ajustée sur sa chevelure blanche, l’ancien président américain a les yeux humides. « Maintenant, il est parti et nous lègue son souvenir, un exemple puissant. C’est déjà beaucoup, si ceux qui l’aimaient, ici et ailleurs, acceptent cette responsabilité ». Son chagrin fait resurgir le souvenir d’Yitzhak Rabin enterré au même endroit il y a 21 ans. Les mots qu’avaient alors prononcés en hébreu M. Clinton (« Shalom Haver », « Au revoir mon ami ») font partie de la mémoire israélienne.

Un chant vibrant

Le chant préféré de Shimon Peres, « Avinou Malkeinou », est entonné par le chanteur israélien David d’Or et accompagné au piano. Cette prière juive dédiée à la repentance retentit sur l’esplanade qui vibre sous la force de la litanie en hébreu. Chemi, un des deux fils de Shimon Peres, craque aux premières notes. Assis à côté du président américain Barack Obama, il cache ses sanglots en appuyant ses mains contre son visage.

Une touche d’humour

L’autre fils, Yoni, ravive l’espièglerie de son père qui lui commandait: « Pour mon éloge funèbre, commence par dire: +il était trop jeune pour mourir+ ». Sa seule fille, Tsvia, évoque son plat préféré, la salade de tomates et de concombres que préparait Sonia, son épouse décédée en 2011.

Obama en hébreu

« Toda Raba Haver Yakar » (« Merci, mon ami cher »): Barack Obama, kippa noire sur la tête, conclut en hébreu la cérémonie d’éloge funèbre. Il dresse aussi un parallèle entre le parcours de M. Peres, ancien garçon de ferme né dans un « shtetl » (petite ville ou quartier juif) de Pologne, et le sien: « Regardez d’où nous sommes partis et où nous sommes arrivés ».

La paix, « à tous les Hommes »

Le Kaddish, la prière pour les morts emblématique de la liturgie juive, est récité par les trois enfants de Shimon Peres, serrés les uns contre les autres devant sa tombe encore vide. C’est la voix de sa fille, Tsvia, qui s’impose pour la récitation de cette prière des morts en général prononcée par un homme. A la bénédiction finale, souhaitant la paix « au peuple d’Israël » selon la formule rituelle, elle ajoute: « Et à tous les Hommes ».

Quelques instants après, le cercueil est descendu dans la fosse et les premiers sacs de terre sont déversés dessus.

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