Migration: « La Hongrie ne respecte pas les valeurs communes de l’Europe »
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a jugé dimanche « scandaleuse » l’attitude de certains pays de l’est de l’Europe face à la crise des réfugiés, à commencer par la Hongrie.
Dans une interview aux médias Europe 1, i-Télé, et Le Monde, Fabius a notamment estimé que la Hongrie ne « respecte pas les valeurs communes de l’Europe » en posant des grillages à sa frontière face à l’afflux de migrants désireux d’atteindre l’Europe de l’ouest. Il faut « bien sûr » que la Hongrie démantèle ce mur et que l’Union européenne ait « une discussion sérieuse et sévère » avec les dirigeants hongrois, a-t-il affirmé.
« Quand je vois un certain nombre de pays d’Europe qui n’acceptent pas les contingents (de répartition des exilés, NDLR), je trouve ça scandaleux », a-t-il également déclaré, en précisant que ces pays se trouvent « dans l’est de l’Europe ». « L’Allemagne a un comportement très courageux, la France est à ses côtés, mais il faut que l’ensemble de l’Europe prenne ses responsabilités ».
Le gouvernement hongrois a présenté vendredi un projet de loi prévoyant de renforcer les sanctions contre le passage illégal de ses frontières, dont une peine de trois ans de prison pour toute personne interceptée en train de franchir la barrière à sa frontière avec la Serbie.
175 kilomètres de barbelés, une pallissade 4 mètres de haut
Entretemps, la Hongrie a achevé la pose de la clôture de fils de fer barbelés destinée à empêcher l’entrée des milliers de migrants qui se pressent à sa frontière avec la Serbie, a annoncé samedi le ministère de la Défense.
« La première partie de la clôture frontalière a été achevée deux jours avant la date-limite du 31 août », a indiqué le ministère dans un communiqué. La clôture constituée de trois spirales superposées de fils de fer barbelés et qui a été posée sur les 175 km de la frontière avec la Serbie n’empêche cependant pas les migrants de la traverser, a récemment constaté sur place l’AFP.
Une palissade de quatre mètres de haut, dont la construction par l’armée hongroise a d’ores et déjà commencé, selon le ministère de la Défense, doit compléter le dispositif. Le projet porté par le Premier ministre populiste Viktor Orban, entériné à une large majorité par le parlement hongrois le 6 juin, requerra plusieurs mois de travaux avant d’être réalisé dans son intégralité. La construction de cette clôture antimigrants, similaire à celles déjà érigées par la Grèce, la Bulgarie et l’Espagne aux frontières extérieures de l’Union européenne, a été contestée par la Serbie, un pays qui aspire à entrer dans l’Union européenne.
Les postes-frontières resteront cependant ouverts. Ces deux dernières années, la Hongrie est devenue l’un des principaux pays de transit au sein de l’Union européenne pour des migrants tentant de rejoindre l’Autriche ou l’Allemagne. La plupart viennent d’Irak, d’Afghanistan, de Syrie et du Kosovo. Rien que cette semaine, quelque 10.000 d’entre eux ont franchi la frontière entre la Hongrie et la Serbie. Un millier de membres de la police des frontières y sont actuellement déployés côté hongrois et 2.000 autres doivent y être opérationnels à partir du 1er septembre, a annoncé le gouvernement à Budapest.