Mexique: la caravane de migrants renonce à rejoindre les Etats-Unis
Dépassée par son ampleur, la caravane de plus de 1.000 migrants d’Amérique centrale qui traversait le Mexique en direction des Etats-Unis afin d’y entrer clandestinement, suscitant la colère de Donald Trump, a renoncé mercredi à son projet.
« Notre travail va se terminer à Mexico », a déclaré à l’AFP Irineo Mujica, le responsable de l’ONG Peuple sans frontières qui encadrait le groupe, tout en soulignant que les personnes qui voudraient continuer jusqu’à la frontière devraient « le faire par leurs propres moyens ».
Partie le 25 mars de Tapachula, à la frontière du Guatemala, cette caravane qui inclut des femmes, des enfants et des personnes âgées se trouve depuis le début de la semaine sur un terrain de sport à Matias Romero, au coeur d’une région montagneuse de l’Etat d’Oaxaca (sud).
80% d’entre eux viennent du Honduras, les autres du Guatemala, du Salvador et du Nicaragua, a dit à l’AFP Rodrigo Abeja, l’un des leaders du groupe.
L’ONG Peuple sans frontières organise depuis 2010 le même type de caravane pour dénoncer le sort des migrants qui traversent le Mexique en proie à de nombreux dangers, entre des cartels de la drogue qui les kidnappent ou les tuent et des autorités qui les rançonnent.
Mais elle reconnaît avoir été dépassée par la taille de cette caravane cette année.
Sur les 1.500 qui la composaient à l’origine, un peu plus de 300 personnes ont préféré prendre le train de marchandises « La Bestia » en direction du Nord.
« Il y a trop d’enfants qui voyagent, 450 environ, il y a de nombreux bébés et monter dans le train, comme on le faisait avant, serait une folie », a expliqué M. Mujica.
Eduardo Arevalo, 29 ans, a quitté le Salvador avec sa femme et leurs deux enfants, qui jouent au milieu du campement improvisé. En montrant une blessure à la jambe, il explique fuir la violence de son pays où on a essayé de le tuer.
Lui et les siens vont continuer jusqu’à la frontière et demander asile aux Etats-Unis.
« Vie meilleure »
« Mon rêve est d’offrir une vie meilleure à mes enfants, afin qu’ils ne vivent pas avec la peur de sortir dans la rue et qu’on puisse les tuer », explique Eduardo.
Le président américain Donald Trump, apparemment mis hors de ses gonds par les images montrant les migrants, tweete depuis dimanche sur les clandestins et le Mexique.
Il a assuré mardi qu’il enverrait des soldats protéger la frontière méridionale des Etats-Unis, rendue poreuse selon lui par le laxisme des autorités mexicaines et les décisions de son prédécesseur, Barack Obama.
Pour l’ancien ministre mexicain des Affaires étrangères Jorge Castañeda, la réaction de Donald Trump a été « un peu hystérique ».
Le président américain « est en train de mobiliser la base conservatrice en agitant le thème qui l’a conduit à la présidence : pour le mur, pour les expulsions, contre l’immigration », a déclaré M. Castañeda à Radio Formula.
« C’est une manoeuvre qui en appelle aux pires sentiments de la société américaine », a-t-il ajouté, rappelant qu’aux Etats-Unis, la Garde nationale était déjà intervenue à la frontière en 2010, sur ordre de Barack Obama, ainsi qu’en 2006-2008 sous George W. Bush.
Selon le responsable de l’ONG Irineo Mujica, la plupart des clandestins devraient rester au Mexique, prés de la moitié d’entre eux ayant de la famille dans ce pays.
« Je pense que 80% des migrants vont rester au Mexique, qui est devenu une destination » d’accueil, a-t-il déclaré.
Humberto Velazquez, un Hondurien de 25 ans, compte se rendre à Monterrey, une riche ville industrielle du nord de ce pays. « Un ami m’a promis du travail », confie-t-il, plein d’espoir.
Jusqu’à présent, les autorités migratoires mexicaines (INM) ont remis 230 visas de transit, qui permettent de circuler sur le territoire pour une durée limitée, et devraient en remettre 200 autres ce mercredi.
Des dizaines de migrants, dont certains munis d’un visa, ont de leur côté repris la route dès l’aube.
La caravane doit partir jeudi pour Puebla (centre), où des experts doivent les conseiller sur la meilleure façon de demander l’asile ou le statut de réfugié au Mexique ou aux Etats-Unis. Elle rejoindra ensuite la capitale Mexico.
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