Les talibans disent vouloir appliquer la charia à Kunduz
Les rebelles talibans ont diffusé mardi une vidéo dans laquelle ils se félicitent de leur conquête éclair de Kunduz, ville stratégique du nord de l’Afghanistan, paradent avec des véhicules de l’armée afghane et promettent d’appliquer la charia, la loi islamique.
Les insurgés islamistes, que l’armée afghane tente de déloger de cette ville dans le cadre d’une contre-offensive déclenchée mardi, semblent ainsi suggérer qu’ils comptent s’installer durablement à Kunduz à la faveur de leur plus grande victoire militaire depuis 2001 et la chute de leur régime. La vidéo de dix minutes mise en ligne sur Facebook s’ouvre sur une vue de la place principale de la ville où des commandants talibans hissent le drapeau blanc du mouvement sous le regard d’habitants médusés.
Dans les séquences suivantes, les militants défilent dans les chars et les autres véhicules qu’ils ont pris à l’armée afghane, tout en scandant « Allahu Akbar ! » (« Dieu est le plus grand ! »). Un taliban explique ensuite à la foule que les insurgés comptent bien appliquer la charia à Kunduz, ce à quoi l’assistance répond : « Inchallah ! » (« Si Dieu le veut ! »).
A l’époque où ils dirigeaient l’Afghanistan (1996-2001), les talibans appliquaient une version rigoriste de la charia et interdisaient notamment l’éducation et le travail des femmes, les obligeaient à se voiler, avaient banni la musique et les loisirs.
La vidéo se termine sur un message du nouveau chef des talibans, le mollah Akhtar Mansour, bien qu’il n’apparaisse pas à l’écran. « Nous ne croyons pas à la vengeance », dit le message qui annonce aussi que les soldats qui déserteront bénéficieront d’une « amnistie générale ».
Le leader taliban incite aussi les fonctionnaires et les médecins à reprendre une vie normale et se porte garant de la sécurité de tous les habitants. « Kaboul doit accepter l’amère réalité que représente notre victoire », conclut-il.
Pour les experts interrogés par l’AFP, peu importe que les talibans parviennent à tenir Kunduz sur le long terme. Cet assaut réussi, un an après l’arrivée au pouvoir du président Ashraf Ghani, a déjà permis au mollah Mansour d’asseoir son autorité au sein d’un mouvement dont certains cadres lui niaient toute légitimité.