Les Balkans occidentaux de retour sur l’agenda politique européen
La perspective d’un élargissement de l’Union européenne aux Etats des Balkans occidentaux – qui lanternent dans l’antichambre de l’UE depuis près de vingt ans – semble de retour sur l’agenda politique des Européens. La Commission présentera mardi sa stratégie pour l’avenir de la région, tandis que la Bulgarie a fixé ce point parmi les priorités de sa présidence du Conseil.
A l’exception de la Slovénie et de la Croatie, qui ont rejoint l’UE respectivement en 2004 en 2013, le « rêve européen » semble encore lointain pour les Etats de l’ex-Yougoslavie et l’Albanie.
Pour l’heure, seuls la Serbie et le Monténégro ont commencé des négociations d’adhésion à l’Union. Sur les 35 chapitres que celles-ci comprennent, douze ont déjà été ouverts avec Belgrade et trente avec Podgorica.
La Macédoine et l’Albanie se sont quant à elles vu reconnaître le statut de candidates – respectivement en 2005 et 2014 -, mais n’ont pas encore débuté de discussions d’adhésion, tandis que le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine sont considérés comme des candidats potentiels.
En 2014, le nouveau président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait quelque peu refroidi les ardeurs de ces différents pays en précisant lors de son discours d’investiture qu’il n’avait pas l’intention d’élargir l’Union au cours de son mandat.
Volant de crise en crise (dette grecque, migration ou encore Brexit), les Européens n’avaient ensuite consacré que peu de temps aux perspectives d’adhésion pour les Balkans, malgré l’intérêt stratégique de la région pour l’Europe.
Le processus semble avoir été véritablement relancé en 2017 lors d’un sommet, organisé en juillet à Trieste (Italie), entre des Etats de l’UE et ceux des Balkans.
Deux mois plus tard, M. Juncker insistait sur les relations de l’Union européenne avec les pays de la région. « Si nous voulons plus de stabilité dans notre voisinage, nous devons offrir des perspectives crédibles à ces pays », avait-il déclaré lors de son discours sur l’Etat de l’Union.
Dans une lettre d’intention accompagnant son exposé, Le Luxembourgeois estimait en outre qu’une intégration réussie de la Serbie et du Monténégro était possible à l’horizon 2025, une perspective que devrait vraisemblablement confirmer la Commission mardi.
« Toutefois, même si ces deux Etats sont pour l’instant en tête pour une adhésion, cela ne signifie pas qu’ils seront les premiers à passer la ligne d’arrivée », a souligné une source diplomatique européenne.
En publiant sa stratégie mardi, la Commission entend réaffirmer son ambition pour les Balkans occidentaux qui font « partie de la famille européenne », mais aussi donner une nouvelle impulsion au processus dans tous les Etats de la région.
La haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, estimait récemment que l’année 2018 devrait constituer une opportunité unique pour les Balkans de « franchir des pas irréversibles vers leur intégration européenne ».
Le traité sur l’UE stipule que tout pays européen peut demander à devenir membre s’il respecte les valeurs de la démocratie de l’Union et s’il s’engage à les promouvoir. Ceux qui souhaitent adhérer doivent avoir des institutions stables garantissant la démocratie et l’État de droit, mais aussi une économie de marché viable et la capacité d’assumer et de mettre en oeuvre les obligations découlant de l’adhésion à l’UE.
Outre ces différentes obligations, les pays de la région devront régler leurs éventuels différends territoriaux. La Serbie et le Kosovo doivent en particulier travailler à la normalisation de leur relation, alors que Belgrade refuse toujours de reconnaître Pristina.
La stratégie que la Commission publiera mardi servira probablement aux dirigeants européens qui se réuniront en mai avec leurs homologues des Balkans. Ce sommet, initié par la Bulgarie, se déroulera à Sofia.