Le « Journal d’Anne Frank » mis en ligne contre l’avis des ayants droit
Une députée et un universitaire français ont mis en ligne vendredi, comme ils l’avaient annoncé, « Le Journal d’Anne Frank » dans sa version néerlandaise, estimant que cette oeuvre tombe dans le domaine public le 1er janvier 2016, ce que conteste le Fonds détenant les droits du livre.
« Anne Frank est morte en 1945 (au camp de concentration de Bergen-Belsen en Allemagne), donc au 1er janvier 2016 le Journal doit rentrer dans le domaine public », fait valoir Olivier Ertzscheid, enseignant chercheur en sciences de l’information.
La législation française, conforme à une directive européenne de 1993, prévoit qu’une oeuvre tombe dans le domaine public le 1er janvier suivant les soixante-dix ans de la mort de son auteur « ou du dernier auteur survivant ».
« Pour ce texte, pour ce témoignage, pour ce qu’il représente (…), je garde la conviction qu’il n’y a pas d’autre combat à mener que celui de sa libération, pas d’autre hommage à rendre que celui de son partage sans limite, pas d’autre place à lui accorder que celle qui lui revient de droit en le laissant s’élever ce jour dans le domaine public », écrit l’enseignant sur son blog en préambule à la publication de l’intégralité du journal. (http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2016/01/anne-frank.html)
L’universitaire, qui se décrit comme un « militant, très attaché à une vision positive du domaine public », avait en octobre publié sur son site deux versions françaises du « Journal d’Anne Frank », avant de les retirer en novembre après une mise en demeure du Livre de Poche.
Le chercheur rappelle que le 1er janvier 2016 sont entrés dans le domaine public des oeuvres antisémites, dont « Mein Kampf » d’Adolf Hitler. La députée écologiste Isabelle Attard a également mis en ligne la version néerlandaise de l’oeuvre (http://isabelleattard.fr/blog/? s=anne+frank).
Dès l’annonce de ces publications, le Fonds Anne Frank avait demandé par courrier à Olivier Ertzscheid et Isabelle Attard de renoncer à la mise en ligne, de rectifier leurs déclarations, et les a menacés de poursuites judiciaires.
Créé par le père de la jeune fille, Otto Frank, le Fonds, installé à Bâle (Suisse), est propriétaire des droits de ce phénomène d’édition, traduit dans 70 langues et vendu à plus de 30 millions d’exemplaires.
Selon lui, le Journal est une oeuvre posthume pour laquelle la durée du droit exclusif est de cinquante années à compter de la date de publication. Le texte dans sa version intégrale publiée en 1986 serait donc protégé jusqu’en 2037 au moins.
« Le Journal d’Anne Frank », écrit par la jeune fille juive de 13 ans entre juin 1942 et août 1944 alors qu’elle se cachait avec sa famille à Amsterdam, a été publié pour la première fois en néerlandais par son père en 1947, qui en a supprimé des passages.
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