La vraie vie d’une religieuse
Même si les vocations sont en forte baisse dans les pays industriels, l’Eglise compte encore à travers le monde 693.000 religieuses et 55.000 religieux ayant fait voeu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, chacun à leur manière.
Soeur Sabine, 75 ans, s’occupe en permanence d’une ancienne supérieure atteinte d’Alzheimer dans un couvent en Allemagne. Frère Jean-Marie, 48 ans, travaille avec des malades psychiatriques en République démocratique du Congo. Petite soeur Clémence, 33 ans, campe avec des Roms roumains en Italie. Et soeur Cristina, 27 ans, triomphe à Rome dans la comédie musicale « Sister Act ».
Pourquoi avoir choisi la vie religieuse, qui semble si incongrue à la majeure partie des gens ?
Fr Jean-Marie – La vie religieuse, c’est d’abord Dieu qui appelle. C’est aussi une sensibilité envers les plus démunis, les sans-valeur de la société. Moi, je l’ai ressenti chez les soeurs de mère Teresa, en voyant leur travail.
Pt sr Clémence – Je rêvais de fonder une famille, et puis je me suis rendue compte que l’attention au monde qui m’entoure était plus importante. Cela m’a étonnée moi-même, mais je sens que je suis à ma place.
Sr Cristina – Cela a été une surprise dans ma vie. Le Seigneur s’est manifesté d’une manière si forte, je n’ai pas pu lui dire non. Je me suis sentie aimée comme personne ne m’avait aimée.
Sr Sabine – Je voulais apprendre à prier. C’est ce qu’on peut faire de mieux sur cette terre, et je ne pouvais pas le faire seule, j’avais besoin d’une communauté. On ne prie pas seulement avec des mots, mais avec toute une vie.
A quoi ressemblent vos journées ?
Pt sr Clémence – Je prie avec mes soeurs, le matin et le soir, et aussi seule, une heure dans la journée. Pour gagner notre vie, nous vendons notre artisanat comme les Roms sur les marchés ou au porte-à-porte. Enfin et surtout, nous prenons le temps de l’amitié avec ceux qui nous accueillent.
Sr Sabine – Les offices ponctuent la journée, depuis le réveil jusqu’au coucher. Entre-temps, on travaille, on mange et on dort. Moi, je fabrique de la liqueur à l’atelier et j’essaie de la vendre. Avec le vieillissement, on vit plus sérieusement qu’il y a 20 ou 30 ans. Celles qui n’étaient pas vraiment très très motivées, elles sont parties.
Fr Jean-Marie – Avec mes quatre frères, nous alternons temps de prière, travail et détente. Nous vivons en harmonie mais nous sommes des êtres humains et il y a toujours des imperfections. Quand il y a un problème, on se parle et on se pardonne.
Sr Cristina – Nous nous levons à 6h30 pour les prières et la messe, puis chacune a son engagement. Moi, je chante, je prends des cours, je fais des spectacles… Même si cela semble être deux mondes différents, c’est le don que m’a donné le Seigneur et c’est en chantant que je témoigne de ma foi.
Pauvreté, chasteté, obéissance, lequel des trois voeux est le plus difficile ?
Fr Jean-Marie – Ils se complètent! L’obéissance est un voeu compliqué. Et rester célibataire, en Afrique surtout, ce n’est pas facile…
Pt sr Clémence – Ces voeux sont un mouvement de dépouillement de moi-même, les difficultés varient selon les jours. Mais voilà que moi qui ai renoncé à fonder une famille, je me retrouve entourée d’enfants du matin au soir.
Sr Cristina – Je dirais l’obéissance. S’annuler complètement pour suivre la volonté de Dieu, exprimée par les supérieures…
Sr Sabine – Tout est compris dans l’obéissance. Je ne suis pas pauvre, nous sommes bien nourries, bien chauffées, bien soignées, mais je n’ai rien à moi. Donc si j’ai besoin de quelque chose, je dois le demander, et je n’ai pas toujours eu ce dont j’avais envie. C’est arrivé à chacune de mes soeurs, sauf celles qui se sont servies quand même, parce qu’on n’est pas meilleures que les autres ».
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