La version officielle de la mort de Ben Laden est-elle un tissu de mensonges?
Une enquête d’un journaliste américain dénonce la version officielle sur la mort d’Oussama Ben Laden, qu’il estime truffée de mensonges. Selon lui, le Pakistan a coopéré à l’opération militaire.
Que s’est-il passé la nuit de la mort de Ben Laden? Un article controversé publié dans la London Review of Books met en doute la thèse officielle des Etats-Unis. L’auteur, Seymour M. Hersh, est un ancien journaliste d’investigation qui est notamment à l’origine de révélations sur les crimes commis par l’armée américaine.
Dans ce long article, l’auteur détaille les préparatifs de l’opération qui a conduit à l’élimination du chef d’al-Qaida. Il met notamment en lumière trois points, qualifiés de « mensonges, inexactitudes et trahisons » de l’administration Obama.
Une opération menée par les Etats-Unis seulement
Selon Seymour Hersh, une poignée d’officiels pakistanais était au courant de l’opération et y a même collaboré en s’assurant que les militaires américains ne croiseraient aucun radar aérien pakistanais. Une source anonyme évoque un chantage des Etats-Unis, qui auraient menacé de couper les aides financières au Pakistan, contre sa coopération.
Les Etats-Unis ont localisé seuls Ben Laden
D’après l’enquête menée par le journaliste américain, Oussama Ben Laden ne se cachait pas à Abottabbad, mais il y était emprisonné par le Pakistan. C’est une source pakistanaise, rémunérée 25 millions de dollars, qui aurait confié l’information et la localisation exacte ainsi que des échantillons ADN de Ben Laden pour prouver ses dires. Selon la version officielle, les Etats-Unis ont traqué Ben Laden grâce à ses communications.
Le corps a été jeté à la mer
Selon Seymour Hersh, cette version aurait été inventée pour éviter les questions sur l’identification du corps. Une source lui aurait indiqué que la dépouille, mise en charpie par les balles, aurait été dispersée en plusieurs morceaux dans les monts Hindou Koush, entre le Pakistan et l’Afghanistan.
Une enquête controversée
Le journaliste Seymour Hersh n’est pas le premier à soulever des contradictions dans le dossier Ben Laden. Dans son enquête, il cite notamment des informations du New York Times sur les connaissances du Pakistan. Mais le travail de Seymour Hersh est mis en doute: la majeure partie de son article est fondée sur les déclarations d’une seule source anonyme.
Le site américainSlatesoulève une autre question: si cette enquête est sérieuse, pourquoi n’est-elle pas publiée dans leNew Yorker, où Hersh publie traditionnellement? Peut-être parce que cette version des faits contredit le récit de Nicholas Schmidle, lui-même controversé en raison du manque de sources, publié dans… leNew Yorkeren 2011.
La Maison Blanche rejette cette thèse
La Maison Blanche a catégoriquement rejeté lundi les affirmations « sans fondement » de Seymour Hersh. « Il y a trop d’inexactitudes et d’affirmations sans fondement dans cet article pour y répondre point par point », a affirmé Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC).
Réaffirmant que ce raid fut « une opération américaine de bout en bout », Ned Price souligne que « seul un tout petit cercle » de responsables américains étaient informés et que le président Barack Obama avait décidé, dès le début, de pas informer d’autres gouvernements, y compris le gouvernement pakistanais.
Seymour Hersh s’est distingué par le passé pour ses révélations sur le massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam ou encore le scandale de la prison d’Abou Ghraïb en Irak, mais les controverses qui ont entouré plusieurs de ses articles récents ont terni son image aux Etats-Unis.
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