Darya Safai
« L’islamisme extrême n’est pas une religion, mais une idéologie comme le nazisme et le stalinisme »
À l’heure où nous nous relevons lentement de la terreur qui a frappé notre pays, il est temps de regarder devant soi. Ne pas avoir peur, ne pas mettre notre mode de vie en question, ne pas laisser la haine nous envahir, mais regarder la vérité en face, et réagir adéquatement.
1. Nous devons arracher l’islamisme à la racine, en Belgique et à l’étranger. L’islamisme extrême n’est pas une religion, mais une idéologie dangereuse comme le nazisme et le stalinisme, un thinktank de terrorisme. Toutes les forces démocratiques doivent s’unir pour la combattre. Il n’y a aucune raison pour ne pas nommer ce monstre par crainte de racisme et de polarisation. Celui qui craint les critiques contre l’islamisme, doit réaliser qu’il considère tout musulman comme un islamiste potentiel et qu’il adhère implicitement à la pensée de l’extrême droite. Cette attitude creuse encore davantage le fossé avec les musulmans.
Un islamiste croit que les musulmans sont supérieurs aux non-musulmans, et les hommes aux femmes. Lui ou elle ne reconnaît que la sharia comme sa loi, est contre la liberté d’expression et diffuse des messages de haine. Il n’est pas difficile de les identifier. Ils s’opposent aussi aux lois de la démocratie et aux droits universels de l’homme. Qu’est-ce qu’on attend encore?
En soi, l’islamophobie, la peur de ce qu’on fait au nom de l’islam, n’est pas une réaction incompréhensible. Comment un yézidi dont les filles de sept et onze ans sont vendues comme esclaves sexuelles ne développerait-il pas une phobie de l’islam ? Cependant, l’islamophobie ne peut jamais se muer en musulmanophobie. Celle-ci fait le jeu des islamistes et facilite le recrutement des jeunes. La plupart des musulmans sont contre le terrorisme et l’islamisme, et en sont souvent victimes, ici et à l’étranger.
Bien entendu, il faut combattre l’islamisme à la source. Assécher les pépinières syriennes et irakiennes de terrorisme et renforcer les forces laïques dans la région. Tout comme l’Union soviétique qui s’est effondrée fin des années quatre-vingt, l’islamisme s’affaiblira et ne sera plus capable de maintenir sa spirale de violence assassine.
Le monstre de l’islamisme est né en Iran, mon pays natal. Les idées de la révolution sont exportées vers d’autres pays, à présent aussi vers l’EI. État islamique, République islamique : quelle est la différence ? Les musulmans fondamentalistes considèrent d’ailleurs comme leur devoir de construire de nouveaux états islamiques dans le monde. Le jihad, un ordre sacré de Dieu, justifie leur combat.
Suite à la globalisation et à la crise des réfugiés, cette révolution islamique ne connaît pas de frontières, tout comme les problèmes qui les accompagnent. Il n’y a pas que les problèmes d’environnement, les maladies contagieuses et les crises économiques qui traversent les frontières, mais l’islamisme aussi menace notre société. Récemment, le président iranien a réussi à faire couvrir des oeuvres d’art en Italie, à supprimer un lunch accompagné de vins en France, à annuler une visite en Autriche parce qu’on n’a pas pu lui garantir une interdiction de manifestation et à imposer le voile aux hôtesses d’Air France. Ce sont des concessions à une idéologie que nous devons empêcher à tout prix de s’infiltrer ici.
Ceux qui citent le racisme et l’exclusion économique comme causes possibles de radicalisation doivent savoir que chacun est responsable de ses choix
2. Nous ne pouvons pas nous laisser culpabiliser. Ceux qui citent le racisme et l’exclusion économique comme causes possibles de radicalisation doivent savoir que chacun est responsable de ses choix. Ce pays donne suffisamment de chances et de possibilités aux gens de toutes les nationalités et de tous les groupes de population pour se construire une vie utile. Même quand on ne travaille pas, on perçoit de l’argent. Le racisme est un fait, contre lequel nous devons nous opposer par tous les moyens, mais ne peut jamais justifier le terrorisme barbare. Le cocktail de frustrations ne devient mortel que si on y ajoute une bonne dose d’islamisme.
3. Désacralisez la religion. Il est inacceptable d’enseigner la religion aux enfants de façon non scientifique et partiale, et particulièrement si celle-ci est contraire aux droits de l’homme universels. Les cours de religion doivent être absolument impartiaux. Il faut également aborder les erreurs et les méfaits de certaines traditions, certainement de l’islamisme, la menace la plus grave de notre mode de vie. Nos enfants, tous les enfants de toutes les nationalités et de toutes les communautés doivent apprendre à considérer la religion d’un oeil critique, y compris la face funeste de l’islamisme extrême. Ils doivent pouvoir écouter des conférences sur la religion, comme ils en existent sur la guerre et le racisme. Ils doivent réaliser que la religion ne domine pas leur identité, et certainement pas dans la vie publique.
Pour la même raison, nous devons combler le fossé entre l’environnement fermé, traditionnel dans lequel grandissent certains enfants et la société occidentale moderne. Encourager les mères à élever leurs enfants en adultes forts, larges d’esprit, tolérants et résistants aux mensonges de faux prophètes, d’incitateurs à la haine et d’assassins. Apprendre aux enfants à apprécier que leurs parents et grands-parents soient venus ici. Souligner les réalisations positives de notre société, et y emprunter une identité propre.
Nous ne pouvons discriminer aucun enfant, ni sur base de sa religion, ni sur base de sa race. Les enfants non religieux peuvent savoir qu’une pratique du culte est parfaite possible, et qu’elle est acceptée par la société. Mais ils doivent réaliser aussi que les prescriptions vestimentaires, l’abattage rituel ou les prières collectives en rue n’ont rien à voir avec la liberté de culte ou le maintien de traditions. C’est un comportement social, ou asocial, comme vous voulez, sous prétexte de foi. Nous ne devons pas tout accepter parce que quelqu’un déclare « C’est ce que veut ma religion. »
4. L’intégration n’est pas un choix. Vivre en Belgique ne signifie pas uniquement jouir de ses droits et ses libertés. En tant que citoyen, primo-arrivant, migrant ou natif, on a également le devoir de renforcer et de défendre ce pays, de faire preuve de loyauté et de contribuer à maintenir nos droits. Bref, s’attacher à sa patrie et créer une solidarité avec la communauté qui nous donne autant de chances.
5. Condamner l’oppression et la discrimination de femmes en toutes circonstances. Le relativisme culturel (« Cela fait partie de cette culture ») ferme les yeux à l’atteinte des droits de l’homme, et particulièrement à ceux des femmes.
La discrimination et l’oppression de femmes sont aussi funestes et répréhensibles que le racisme. Si nous voulons mettre fin aux modèles de société discriminatoires, théocratiques qui – à l’instar de l’Iran – progressent au Moyen-Orient, nous devons d’abord oeuvrer aux droits égaux pour les hommes et les femmes. La discrimination du genre est en effet l’une des pierres angulaires de l’islamisme et en plus, c’est un produit d’exportation important. Dans notre société libre et émancipée, les femmes sont encore opprimées et discriminées, au nom d’une idéologie religieuse qui fait exploser des aéroports et des métros avec la même facilité.
Ce n’est pas seulement le combat de femmes aux antécédents musulmans dans le monde, mais de toutes les forces démocratiques qui rejettent la discrimination sous n’importe quelle forme, et qui veulent supprimer le terreau du terrorisme qui a récemment ravagé nos pays.
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