L’hawala, le système bancaire des passeurs et des djihadistes
Les passeurs utilisent un système de paiements aussi ingénieux que séculaire. L’Hawala, une méthode qui date du Moyen-âge et qui revient au goût du jour pour développer le business des passeurs, mais aussi celui d’Al-Qaida.
De plus en plus de passeurs utilisent l’hawala, un mot arabe signifiant « transfert, une manière de transférer l’argent qui remonte à plusieurs siècles (il est mentionné dans des textes de droit musulman depuis le VIIIe siècle) et qui permet à des transactions internationales de rester en dessous des radars puisque l’argent ne se déplace pas physiquement. Il repose sur la confiance entre les intermédiaires financiers et permet de faire circuler d’importants capitaux à l’abri des regards. Le principe est relativement simple puisque cette organisation financière est basée sur un réseau de comptoirs dirigé par un Sârrâf. Ceux-ci s’arrangent entre eux en échangeant dettes et créance en se basant uniquement sur la parole. Pas d’écrit, pas de transferts physiques d’argent, mais beaucoup de liquidité disponible.
Par exemple la famille d’un candidat migrant donne une somme à un Sârrâf au Pakistan qui la bloque en échange d’un code. Ce n’est que lorsque le migrant est bien arrivé en Grèce, que le passeur recevra ce code du migrant par téléphone et pourra récupérer l’équivalent de la somme dans un autre Sârrâf à Istanbul explique le site Slate. Le système a le double avantage de rassurer les migrants qui n’ayant pas de grosses sommes d’argent sur eux ne risquent pas de se faire dépouiller et au passeur qui est certain que les candidats au voyage soient solvables.
Parfois légal
Si le hawala est utilisé en Europe de façon illégale, le système est par contre tout à fait légal dans une bonne partie du monde musulman, mais aussi dans des pays comme l’Inde, le Pakistan, ou la Somalie. Comme le précise Le Monde, en 2015 « le hawala est souvent le seul moyen pour envoyer de l’argent dans des Etats corrompus ou faillis, comme la Somalie et l’Afghanistan, ou en proie à la guerre civile, comme la Syrie. Ainsi, Kaboul compte treize banques officielles et environ 2 000 courtiers hawala. Selon la Banque mondiale, 65 % de tous les transferts à destination de l’Afrique subsaharienne se font par le hawala. »
Il permet donc d’envoyer de l’argent à sa famille même là où il n’y a pas de banque et cela coûte beaucoup moins cher que Western Union. Mais il serait aussi régulièrement utilisé par des organisations terroristes. Par exemple ce système a été utilisé par les membres d’Al Qaida pour les attaques du 11 septembre aux USA. 18 millions d’euros auraient ainsi été transférés en 15 mois depuis un magasin de téléphone de Barcelone. Il y aurait encore aujourd’hui près de 250 hawala en Espagne d’où 300 millions d’euros partiraient chaque année vers des organisations terroristes.
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