L’Europe va devoir « digérer » le retour de Syrie de centaines de combattants étrangers
L’Europe va devoir « digérer » le retour de Syrie de centaines de combattants étrangers, qu’il ne sera pas possible de tous mettre en prison, a estimé vendredi à Rome le coordinateur de l’UE pour l’antiterrorisme, Gilles de Kerchove.
Environ 3.000 de ces combattants sont passés par la Syrie. « C’est énorme, nous n’en avons jamais eu un tel nombre », a averti M. de Kerchove lors de la conférence « Med-2015 » sur la Méditerranée. Or, des centaines d’entre eux vont rentrer en France, en Belgique ou en Italie, « fortement radicalisés, ayant appris à se servir d’une Kalachnikov. Comment allons-nous faire ? », s’est-il interrogé lors d’un débat consacré à l’antiterrorisme. Il ne sera pas possible de les mettre tous en prison: « Comment faites-vous pour apporter la preuve que quelqu’un a combattu dans les rangs de Daech », l’acronyme arabe de l’organisation de l’Etat islamique (EI) ? « Nous devons faire quelque chose, mais nous en sommes très loin », a-t-il prévenu.
L’UE travaille néanmoins à améliorer l’identification de ces combattants étrangers, via « les preuves numériques », a assuré M. de Kerchove, interrogé ensuite par l’AFP. »Prouver que quelqu’un était avec Daech en Syrie passe par l’accès à un e-mail, à une conversation sur WhatsApp ou sur Facebook. Souvent ces données sont dans des +clouds+ (stockage à distance, ndlr) aux Etats-Unis, et ça prend des mois pour les obtenir », a expliqué le coordinateur européen, qui travaille avec ces sociétés d’internet et le gouvernement américain pour tenter de réduire les délais.
Mais il faut aussi donner aux combattants étrangers qui reviennent la possibilité d’une réhabilitation: « Il est important de leur donner une alternative à la prison », a estimé M. de Kerchove.
Le coordinateur européen a en outre longuement évoqué la nécessité d’agir sur la prévention afin d’empêcher les phénomènes de radicalisation.Il a cité l’exemple d’un programme américain, que l’Union européenne veut aussi mettre en oeuvre, qui cherche à mettre en relation via internet un million d’étudiants américains avec un million d’étudiants arabes. Au début, la méfiance et les stéréotypes dominaient des deux côtés, comme le complot juif, mais au bout de quelques semaines, ces étudiants ont surtout réalisé qu’ils avaient souvent les mêmes goûts et les mêmes envies, a-t-il raconté.
L’UE va aussi organiser d’ici une semaine un forum avec les grandes compagnies de l’internet afin de faciliter la fermeture des contenus illégaux et le développement d’un « contre-discours », a précisé M. de Kerchove à l’AFP.
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