Irak: « tentative de génocide » de l’EI contre les Yazidis
La minorité yazidie d’Irak est victime d’une « tentative de génocide » de la part des djihadistes du groupe Etat islamique (EI), a estimé mardi un haut responsable de l’ONU sur les droits de l’homme, au retour d’un déplacement dans le nord de l’Irak.
« Les éléments montrent clairement une tentative de commettre un génocide », a affirmé le secrétaire général adjoint de l’ONU, Ivan Simonovic, qui a rencontré pendant une semaine des responsables et des réfugiés à Erbil, Bagdad et Dahuk. Les atrocités perpétrées par les combattants du groupe EI au cours des quatre derniers mois peuvent être considérées comme des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a ajouté M. Simonovic devant la presse au siège de l’ONU à New York. Dans le cas des Yazidis, les meurtres pourraient être qualifiés de tentative de génocide parce qu’il y a des preuves d’une volonté de les exterminer s’ils refusent de se convertir, selon lui. Des dizaines de milliers de Yazidis ont fui le nord de l’Irak, craignant d’y être tués après y avoir été persécutés pour leurs croyances religieuses. Les djihadistes de l’EI ont revendiqué dans un récent numéro de leur magazine Dabiq la vente de femmes et d’enfants yazidis comme esclaves et affirmé que cette minorité avait été choisie en raison de ses coutumes singulières. Ivan Simonovic a pu entendre une trentaine de Yazidis qui lui ont fait part d’expériences douloureuses, y compris l’exécution d’un groupe de Yazidis qui s’étaient rassemblés dans une école et refusaient de se convertir. Des milliers de Yazidis se sont retranchés dans la montagne près de Sinjar, leur bastion, pendant plusieurs jours en août, tandis que d’autres étaient massacrés et le sort de centaines de femmes et d’enfants rendu incertain. L’association de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a indiqué début octobre dans un rapport que des femmes yazidies avaient été enlevées, faisaient l’objet d’agressions sexuelles, ou étaient achetées et vendues par des combattants de l’EI. « L’enlèvement et l’agression systématiques de civils yazidis peuvent être assimilés à des crimes contre l’humanité », avait estimé HRW dans un communiqué.