Immigration : les dirigeants européens veulent tripler les budgets de surveillance maritime
Les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 Etats membres de l’Union européenne ont décidé jeudi soir de tripler le budget de l’opération de surveillance des frontières maritimes Triton, ramenant les montants au niveau de l’opération de sauvetage des naufragés Mare Nostrum.
L’augmentation du budget de Triton semblait acquise dès avant le début du sommet. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a proposé de tripler, plutôt que doubler, les montants alloués à Triton. Avec 9 millions d’euros par mois pour surveiller les frontières maritimes – et secourir les migrants qui lanceraient un appel à l’aide – le budget revient au niveau de celui de l’opération Mare Nostrum, organisée par l’Italie entre octobre 2013 et octobre 2014, avant que Triton ne se substitue à l’opération de sauvetage.
La Belgique a soutenu la proposition de M. Juncker, a souligné le Premier ministre Charles Michel. Tous les pays européens n’étaient pas aussi convaincus de l’opportunité de cette mesure. Outre l’augmentation des moyens financiers, les dirigeants européens ont également convenu de renforcer la position en mer Méditerranée, en fournissant à l’opération Triton des navires et des moyens humains supplémentaires.
La Belgique mettra ainsi le navire Godetia à disposition. La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne notamment ont aussi annoncé l’engagement de navires en Méditerranée. Les dirigeants européens veulent aussi « identifier, capturer, voire détruire » les bateaux des passeurs qui entassent les migrants sur des embarcations de fortune. Ils ont chargé la Haute représentante de l’Union européenne pour la politique étrangère Federica Mogherini d’un mandat afin de « prendre les initiatives pertinentes le plus vite possible ».
Les chefs d’Etat et de gouvernement ont demandé à la Commission d’organiser le plus vite possible un sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine, sommet qui pourrait se tenir à Malte, un des pays européens les plus confrontés directement à l’arrivée des migrants. La solidarité envers les pays « en première ligne », dont l’Italie, la Grèce ou l’Espagne, a été évoquée. L’immense majorité des pays européens sont prêts à aider ces pays, selon Charles Michel.
Certains pays sont cependant plus réticents, en raison des sensibilités politiques propres à ces pays. La Grande-Bretagne, par exemple, a clairement fait savoir par la bouche de son Premier ministre David Cameron qu’il n’était pas question que les migrants arrivant en Europe puissent demander immédiatement l’asile en Grande-Bretagne.
Le pays est en pleine campagne électorale pour les élections législatives du 7 mai prochain. Un projet de réinstallation des réfugiés a été évoqué, dans des discussions intenses, mais l’accueil de ces réfugiés se fera sur base volontaire, ce qu’on regrette côté belge. Le projet de conclusions finales parlait d’au moins 5.000 réfugiés accueillis, la Belgique et d’autres pays plaidaient pour que ce nombre soit revu à au moins 10.000, mais le texte final ne contient aucun chiffre précis.
La Commission européenne va présenter à la mi-mai sa stratégie en matière de migration légale. Cette stratégie sera discutée au Conseil européen de juin.