Gorbatchev « L’OTAN a entamé les préparatifs pour faire de la guerre froide une guerre chaude »
Mikhaïl Gorbatchev, le dernier président de l’Union Soviétique, critique sévèrement l’OTAN. Selon lui, l’Occident « a entamé les préparatifs pour faire de la guerre froide une guerre chaude ».
Au sommet de l’OTAN à Varsovie, on a avalisé le déploiement de quatre nouveaux bataillons multinationaux dans les pays baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie) et en Pologne. Avec une série d’autres interventions, ceci est censé rassurer l’Europe de l’Est et envoyer un signal clair vers Moscou, après l’annexion de la Crimée et le soutien russe aux séparatistes en Ukraine.
Le Kremlin reproche toutefois à l’OTAN de chercher elle-même la confrontation. Et Mikhaïl Gorbatchev partage cet avis. « Toute la rhétorique employée à Varsovie trahit un désir de faire la guerre à la Russie », juge-t-il. « Ils ne parlent que de défense, mais ils se préparent en fait pour des opérations offensives ».
Double attitude
Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg répète systématiquement que l’Occident ne cherche pas la confrontation. « Nous ne voyons pas de menace directe contre un allié de l’OTAN. Mais la Russie n’est pas non plus un partenaire stratégique », ressort-il.
« Personne ne désire faire de ceci un sommet anti-Russie », rassurait aussi le Premier ministre Charles Michel. Selon lui, il existe au sein de l’OTAN un large consensus concernant la double attitude à l’égard de la Russie, avec une attitude militaire renforcée, afin de pouvoir engager le dialogue à partir d’une position forte.
Conflit armé
Ce n’est pas la première fois que Gorbatchev (83), dont le nom est pour toujours lié à la fin de la Guerre froide, met en garde contre un conflit armé. Dans une interview l’an dernier pour Knack, il avait déjà exprimé sa préoccupation concernant le conflit entre les Russes et l’Occident, qui selon lui commence à prendre des proportions inquiétantes.
« Toute confiance a disparu et c’est catastrophique », disait alors Gorbatchev. « Moscou ne croit plus l’Occident et l’Occident ne croit plus Moscou. Une confrontation résulterait aujourd’hui inévitablement en une guerre nucléaire. Les déclarations des deux côtés et la propagande font que je crains le pire. Si l’une des deux parties, dans cette atmosphère embrasée, perd le contrôle, nous ne survivrons pas les prochaines années. Je ne dis pas cela à la légère. Je me fais réellement les préoccupations les plus vives. »
Prestige
Gorbatchev bénéficie de beaucoup d’estime en Occident pour sa contribution à la chute du Mur en 1989 et du fait qu’il a conclu des accords avec les Américains concernant le désarmement nucléaire. Il a une relation difficile avec l’actuel président russe Vladimir Poutine. Il exprime régulièrement des critiques sur le recul de la démocratie sous Poutine. Il l’a aussi appelé à démissionner.
(Belga/KVDA)
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