France : les mannequins trop maigres continueront à défiler
Un député socialiste français voulait obliger les agences de mannequinat à prouver, via certificat médical, que leurs tops-modèles ont un poids suffisant. L’Assemblée nationale a refusé cet amendement. Certains pointent du doigt une forme de discrimination à l’embauche.
Nous vous parlions en début de semaine des amendements déposés par le député socialiste français Olivier Véran pour lutter contre l’anorexie. Déposés dans le cadre d’une loi sur la Santé, ces amendements avaient reçu le soutien de la ministre en charge du dossier, sans succès.
De la discrimination à l’embauche
Cet amendement voulait notamment instaurer des sanctions aux agences de mannequinats qui engagent et font défiler des mannequins en état de dénutrition. Le député PS voulait bannir l’ « extrême maigreur » en modifiant le Code de Travail. Les agences de mannequinat auraient alors dû se soumettre à l’obligation d’attester, via certificat médical, que leurs top-models avaient un Indice de Masse Corporel (IMC) suffisant. En cas de fraude, l’agence se serait exposée à six mois d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende. Il n’en sera finalement rien. L’amendement a été rejeté ce mercredi 18 mars par la commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale, rapporte Francetvinfo.
Pour de nombreux députés français, de gauche comme de droite, cet amendement aurait instauré une discrimination à l’embauche. Cet amendement aurait « établi une discrimination dans le Code du travail », explique le député UMP Bernard Accoyer à l’AFP. Gérard Bapt, député PS, est du même avis : « Nous luttons contre la discrimination à l’embauche, et là, on en aurait créé une ! » .
De son côté, Olivier Véran persiste et signe : « On ne va pas lâcher ! On va représenter un dispositif en séance, qui intégrera un amendement pour encadrer la retouche photo et le délit d’amaigrissement [sur demande de l’employeur] » , a-t-il déclaré.
Lutter contre la valorisation de la minceur excessive
Un amendement annexe, qui consistait à interdire l’apologie de l’anorexie, notamment sur Internet, et en instaurant un délit d’incitation à l’anorexie des sites pro-ana (pro-anorexie), a quant à lui été retiré pour être retravaillé. » Nous allons le retravailler et le présenter dans l’hémicycle« , indique Catherine Coutelle, députée socialiste et présidente de la délégation aux des femmes de l’Assemblée. Selon elle, les sujets concernant l’anorexie et les mannequins trop maigres pourront de nouveau être abordés, sous une autre forme, lors des débats en séance du projet de loi sur la santé, à partir de la fin du mois de mars.
Une autre idée conjointe d’Olivier Véran et Catherine Coutelle concernant l’anorexie a tout de même été adoptée. Elle énonce que la politique de santé doit contribuer » à la prévention et au diagnostic précoce de l’anorexie mentale [le fait de s’auto-priver de nourriture] et des troubles de conduites alimentaires, notamment en luttant contre la valorisation de la minceur excessive« . Selon le Monde, en France, 30 000 à 40 000 personnes souffrent d’anorexie mentale, dont 90% sont des adolescentes.
(O.L.)
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