Alain Minc a raison de parler de Providence. Elle s’est penchée sans doute très tôt sur le berceau d’Emmanuel Macron mais plus encore ces derniers mois.
Manuel Valls, son clone, éliminé au profit du très gauchisant Benoît Hamon. Au lieu d’Alain Juppé, promis à un quinquennat rassembleur et centriste et donc plus difficile à battre, voilà que surgit des primaires le très droitier François Fillon qui, empêtré dans le Penelopegate, se tire déjà une balle dans le pied.
Macron marche désormais sur les eaux.
Tout ce que ses adversaires ont pu lui trouver, c’est une aventure homosexuelle bien peu vraisemblable avec le patron de Radio France.
L’ancien protégé de François Hollande a tout pour lui : intelligence hors du commun, physique avantageux, charisme, bagout, jeunesse.
Il remplit les salles. Est pris parfois de transe.
Son ouvrage, Révolutions (XO), est un best-seller.
Il donne de l’espoir, refuse la sinistrose et l’auto-flagellation.
On lui pardonne tout.
Son expérience d’inspecteur des finances, banquier, conseiller du Président, l’ont fait toucher à à peu près tout. Il connaît ses dossiers. Il a une vision cohérente.
Si Fillon ne se relève pas, voilà Emmanuel Macron, promu meilleur rempart contre Marine Le Pen qu’il affronterait au second tour.
Rien ne peut lui être plus propice tant la fille de Jean-Marie Le Pen est son exacte antithèse.
Il est européen et libre-échangiste convaincu. Immigrationniste, il a une approche libérale de l’économie. Elle est protectionniste, propose un référendum sur la sortie de la France de l’Europe, le retour au franc et des frontières étanches.
Lors d’un éventuel débat télévisé du second tour, il ne devra pas se forcer. Il lui suffira d’être lui-même.
Mais l’inverse est vrai aussi. Marine Le Pen se réjouit, sans oser l’enterrer trop vite, de ne pas affronter Fillon qui aurait pu lui piquer une partie des catholiques conservateurs et qui a des positions proches sur l’immigration.
Face à Macron, elle ne manquera pas de souligner qu’à force d’être rejoint par la droite du PS, la gauche de la droite, Minc, Attali, Cohn-Bendit, une partie du patronat, Monsieur anti-système est de plus en plus le candidat du système, l’ambassadeur de la Commission de Bruxelles et de la Haute-Finance.
Et le chouchou des médias.
Partagera-t-il le sort funeste des préférés des journalistes (Juppé, Clinton…), lui qui a fait la couverture d’une bonne centaine de magazines pleins de mansuétude?
Ou bien sera-t-il le seul à réconcilier peuple et élites puisqu’à ses meetings remplis à ras bord se pressent anciens ministres, étudiants et petits employés ?
Pour y répondre, on attend vainement des propositions concrètes.
Pour le moment, Emmanuel Macron est un produit dont l’emballage est séduisant mais dont il nous tarde de goûter le contenu.
Son aventure christique devrait-elle s’achever au pied de l’Elysée, il lui resterait à transformer En Marche en parti politique. Comme tous les autres.
Macron devrait-il succéder à François Hollande, il lui faudra rapidement affronter la CGT bloquant la France devant ses réformes libérales et ses costumes à 3.000 euros
Bref, tôt ou tard, le messie devra redescendre sur Terre. Et les choses sérieuses commenceront.
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