Elie Wiesel, écrivain au service de la mémoire de la Shoah
L’écrivain américain Elie Wiesel, rescapé des camps de la mort nazis et Prix Nobel de la Paix 1986, qui est décédé samedi, a consacré sa vie à la mémoire de la Shoah.
Pour « empêcher l’oubli » de la Shoah et favoriser la compréhension entre les peuples, ce « messager de l’humanité », comme l’a qualifié le comité Nobel, a créé la Fondation Elie Wiesel pour l’Humanité, avec son épouse, et l’Académie universelle des cultures.
Elie Wiesel a souvent dénoncé la responsabilité des dirigeants qui « savaient » le sort des juifs déportés, notamment Roosevelt et Churchill: en 1979, le président Carter lui avait montré les photos prises, fin 1942, par des avions militaires américains survolant Auschwitz.
Il s’est engagé pour de multiples causes car il avait « fait un voeu après la guerre: que toujours, partout où un être humain serait persécuté, je ne demeurerai pas silencieux ».
Né le 30 septembre 1928 à Sighet, en Roumanie (alors Transylvanie), Elie Wiesel est déporté à 15 ans à Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée par les nazis, où sa mère et sa plus jeune soeur sont assassinées. Son père meurt devant lui à Buchenwald (Allemagne) où ils ont été transférés.
A sa sortie du camp, en 1945, il est recueilli en France par l’OSE (oeuvre juive de secours aux enfants) et y vit jusqu’en 1956. Après des études de philosophie à la Sorbonne, il devient journaliste et écrivain.
L’écrivain français François Mauriac préface son premier roman « La nuit » (1958), son chef-d’oeuvre basé sur ses souvenirs de déportation, qui sera suivi d’une quinzaine d’autres (en français, en anglais, en hébreu et en yiddish), de trois pièces de théâtre et de nombreux essais.
Ses dons de conteur se confirment dans « Le Mendiant de Jérusalem », inspiré de la guerre des Six jours. « Le testament d’un poète juif assassiné » (1980), « Le cinquième fils » (1983) et « Signes d’exode » (1985) questionnent le silence de Dieu. « Le temps des déracinés » (2003), « Un désir fou de danser » (2006) comptent également parmi ses succès.
Citoyen américain depuis 1963, Elie Wiesel a occupé longtemps la chaire en Sciences Humaines de l’Université de Boston et partagé sa vie entre les Etats-Unis, la France et Israël.
Grand Croix de la Légion d’Honneur en France, il a également reçu la médaille d’or du Congrès américain pour son travail à la tête de l’Holocaust Memorial Council des Etats-Unis. Il est également chevalier commandeur honoraire de l’Ordre de l’Empire britannique.
Elie Wiesel qui, en 2006, avait refusé la présidence de l’Etat d’Israël, soulignant qu’il n’était « qu’un écrivain » a confirmé, six ans plus tard, un projet de livre avec le président américain Barack Obama avec lequel il était retourné à Buchenwald en 2009.
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