Qui a tué le Dahlia Noir?
Le spécialiste des serial killers, Stéphane Bourgoin, a investigué sur l’une des plus grandes énigmes criminelles de l’Histoire, devenue une véritable légende au fil des années. Il identifie un tueur en série qui a commis vingt autres meurtres atroces, à la même époque.
Ames sensibles, s’abstenir ! Vous avez peut-être dévoré le roman de James Ellroy ou adoré le film de Brian De Palma, Le Dahlia Noir. Avec Stéphane Bourgoin, l’incontournable « entomologiste » des serial killers, on quitte la fiction pour entrer de plain-pied dans la réalité sordide du meurtre qui hante l’Amérique depuis plus de soixante ans.
Mercredi 15 janvier 1947. Los Angeles. Une maman et sa fillette se promènent le long de South Norton Avenue. Dans un terrain vague, à un mètre du trottoir, elles remarquent ce qui, de loin, ressemble à un mannequin en deux morceaux, sectionné à hauteur du bassin, d’une blancheur d’ivoire. De près, la poupée s’avère humaine. C’est Elisabeth Short, 24 ans, atrocement mutilée. Les bras étendus en arc de cercle au-dessus de la tête, le visage lacéré, la bouche fendue d’une oreille à l’autre, un morceau de sein arraché. Les jambes sont écartées dans une position dégradante. Un carré de peau découpé a été enfoncé dans le vagin charcuté. L’autopsie révélera aussi une sodomie post-mortem. Le corps a visiblement été vidé de son sang. Il n’y aucune trace d’hémoglobine dans l’herbe. Et pas la moindre empreinte digitale suspecte.
Difficile d’imaginer spectacle plus monstrueux. L’image du mal absolu. Une image hyper-médiatisée qui traumatisera l’Amérique entière et que Stéphane Bourgoin décrit froidement dans son livre-enquête Qui a tué le Dahlia Noir ? L’énigme enfin résolue (édition Ring). Auteur d’une quarantaine d’ouvrages, le Français poursuit inlassablement, depuis trente-cinq ans, une quête insolite. Celle de comprendre ce qui se passe dans la tête des tueurs en série. A ce jour, il en a interrogé 77, un record mondial.
« Mon intuition était que le meurtre d’Elisabeth était trop sophistiqué pour être un premier meurtre, explique Stéphane Bourgoin. Il y en avait forcément eu d’autres avant. J’ai alors récolté, pendant plusieurs années, des dizaines de milliers de cold cases américains, commis entre 1925 et 1950. J’ai rempli cinq mille pages de tableaux pour comparer les rituels de mise à mort afin de retrouver des similitudes avec le Dahlia. »
Il reprend les écrits d’un chroniqueur iconoclaste d’Hollywood, John Gilmore. Lequel a recueilli, d’abord sans le savoir, les confidences du meurtrier d’Elisabeth Short. Suite à une apparition dans une émission télé sur le Dahlia Noir, en 1970, le journaliste gonzo a été approché par un homme qui lui révéla connaître l’assassin et lui rapporta les confessions de celui-ci sur le crime en lui montrant des objets ayant appartenu à Elisabeth. Il apparut finalement à Gilmore que le confident et le criminel ne faisaient qu’un.
Il s’agit d’un certain Jack Wilson, un homme costaud et de grande taille, au casier judiciaire très lourd. Il collectionne 55 arrestations dans de nombreux Etats américains, pour vols, braquages, alcoolisme, agressions sexuelles, sodomie (condamnée, à l’époque)… « Les arrestations pour comportement déviant étaient les plus nombreuses », note Bourgoin. Wilson est aussi connu pour avoir fréquenté des boîtes de travestis et de transsexuels. Pour mener sa vie criminelle, il a changé maintes fois d’identité et aimait se déguiser. Il est mort en 1982, dans une chambre d’hôtel à Los Angeles, où il résidait depuis quatre ans, à cause d’une cigarette mal éteinte.
Qui a tué le Dahlia Noir ? L’énigme enfin résolue, Stéphane Bourgoin, éd Ring, 600 p.. L’auteur publie aussi une nouvelle édition du Livre Rouge de Jack L’Eventreur, éd. Points Crime.
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