Icônes Facebook : plus d’émotions pour plus de revenus
Ils sont cinq et ils sont (quasiment tous) jaunes. Ce sont les nouveaux « émojis » de Facebook, apparus en grande pompe cette semaine sur les fils d’info du monde entier. Plus de ressentis à disposition de l’internaute, mais surtout plus de données collectées par le réseau social, qui les revend à prix d’or aux publicitaires. « Data » quand tu nous tiens…
Depuis deux jours, ils sont là. Qui ça ? Les nouveaux « émojis » de Facebook. Les quoi ? Pardon, dites plutôt « icônes » ou « émoticônes » pour désigner ces petits boutons jaunes, sensés exprimer nos émotions humaines et qui viennent de faire leur entrée sur Facebook.
C’est assurément une petite révolution pour le géant de Palo Alto, qui depuis des années cherchait le moyen de faire évoluer son traditionnel bouton « like » en répondant à la demande croissante de ses utilisateurs. Frustrés de ne pouvoir exprimer leur ressenti autrement qu’en tapotant dans le champ des commentaires, ceux-ci ont longtemps réclamé l’introduction d’un bouton « dislike » (« Je n’aime pas ») comme un contre-pied à l’emblématique pouce vers le haut dont les nuances d’émotions ont toujours été limitées. Une option que Zuckerberg et consorts ont préféré éviter, de peur de voir le « dislike » se répandre à chaque coin de page dans un élan de négativité mal contenu. Pari trop risqué donc.
Six pour un
A la place, les têtes pensantes californiennes ont opté pour une palette d’émotions supplémentaire dont le petit « j’aime » se retrouve aujourd’hui affublé. Ils devaient être six : « J’adore », « Haha », « Wouah », « Yay » (chouette), « Triste » et « Grrr », ils ne sont plus que cinq, le « Yay » étant rapidement passé à la trappe car jugé trop vague par des tests précédents.
Depuis mercredi donc, les 1,5 milliard d’utilisateurs du réseau social ont à leur disposition, non plus un, mais six choix différents. Un système résumé par l’entreprise en ces termes : « Nous avons recueilli les avis des utilisateurs et nous savons qu’il devrait y avoir davantage de possibilités pour exprimer facilement et rapidement ce que vous inspire une publication dans le fil d’actualité. C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui « Reactions », extension du bouton « J’aime , pour élargir le choix de vos réactions à un post et vous permettre de les partager en toute simplicité. »
La data en ligne de mire
Voilà pour la version officielle ; permettre aux internautes de diversifier leurs vues et participer à une meilleure communication sur le réseau, grâce à une lecture plus claire des émotions des autres.
Mais comme souvent lorsqu’un acteur médiatique de cette taille vous tend la main, l’objectif est ailleurs et tient en un mot : « data ». Grâce à une vision renforcée des ressentis de chacun, Facebook va pouvoir considérablement augmenter sa collecte de données d’utilisateurs et les revendre à ses (nombreux) annonceurs publicitaires. Au-delà de l’intérêt financier que le marché représente, l’apparition de ces nouveaux « émoticônes » s’inscrit dans une stratégie qui vise à améliorer la lisibilité du fil d’info sur Facebook. Le géant américain a vite compris que récolter un maximum de renseignements, de plus en plus diversifiés, sur une personne est un moyen efficace de lui servir chaque jour ce qu’elle attend. Un ciblage qui n’est pas nouveau dans les pratiques du site, mais depuis peu entré dans une nouvelle ère avec le passage du simple « like » à un jeu de six émotions comme autant de source de données.
A chacun son feed
Facebook va dés lors pouvoir distinguer de manière beaucoup plus précise les posts qu’un internaute aime, ceux qu’il déteste ou ceux qui le fascinent. L’objectif, à terme, étant de lui offrir un flux d’infos personnalisé qui serait en permanence rafraichi. A la fois satisfait de ce qu’il trouve sur sa page et constamment resservi, l’utilisateur n’est alors pas tenté d’aller voir ailleurs. De la même manière, les logiciels chargés des collectes de données pourront cibler davantage les meilleures publicités à insérer dans le fil d’info.
A ce stade, le staff de Facebook affirme ne pas utiliser les données récoltées de ses nouveaux « émoticônes », mais cela ne saurait durer ; « au départ, nous procéderons de la même manière que lorsqu’un utilisateur aime un post, écrit Sammi Krug, product manager, sur le blog officiel du site. Si quelqu’un exprime une réaction, nous en déduirons qu’il souhaite voir davantage de publications du même genre. Dans un premier temps, cela n’aura pas d’importance si quelqu’un clique sur « J’aime », « Wouah » ou « Triste » après avoir vu une publication. Quelle que soit la réaction, nous en conclurons que cette personne veut voir plus de contenu de ce type.
Au fil du temps, nous espérons déterminer comment les différentes réactions pourront être prises en compte différemment par le fil d’actualité, afin de proposer à chacun les contenus qui l’intéressent le plus », conclut-il.
Guillaume Alvarez
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