Vivre sans produire de déchets, c’est possible ! (carte interactive)
En 2013, un Européen a produit en moyenne 481 kilos de déchets. Ce chiffre en baisse constante depuis quelques années pourrait bien chuter grâce à une nouvelle tendance : celle du « zéro déchet ».
Près de 500 kilos de déchets par habitant en moyenne, c’est le chiffre un peu effrayant qu’a révélé cette semaine l’Eurostat, l’Office statistique de l’Union Européenne.
Les bons élèves se situent majoritairement à l’est de l’Europe. Avec ses 272 kilos par habitant, c’est la Roumanie qui arrive en tête de classement. Le Danemark, lui, est bon dernier. Dans l’Union Européenne, la quantité de déchets a baissé de 8,7% par rapport à 2002, année où une moyenne record de 527 kilos par habitant avait été atteinte. Depuis près d’une décennie, les chiffres n’avaient cessé de baisser. De plus en plus d’ordures sont aussi recyclées ou compostées : de 18% en 1995, on est passés à 43% en 2013 en moyenne.
Le business du ‘sans-emballage’
Dans cette étude, sont comptabilisés les résidus produits par les ménages, mais aussi ceux rejetés par les établissements publics, ou par les petites entreprises. Parmi ces dernières, certaines ont décidé de s’engouffrer dans un business florissant : celui du ‘zéro déchet’. C’est le cas d’une série de petites supérettes, qui ont vu le jour en Europe ces dernières années. Le premier magasin sans emballage de Belgique (et le cinquième au niveau mondial) est né en août dernier, à Anvers. L’objectif ? Lutter contre le sur-emballage, mais aussi contre le gaspillage alimentaire. Les produits secs, tels le riz, les pâtes, les épices ou encore le café, sont stockés dans de grands silos, puis vendus au poids. Les yaourts, confitures et sauces, eux, sont bien à l’abri dans des seaux de cinq litres chacun. L’idée, c’est de n’acheter que la quantité dont on a réellement besoin. On met le tout dans ses propres boîtes, ou dans celles vendues sur place. Et pour ceux qui s’inquiètent du poids de leur nouveau bocal en verre, qu’ils se rassurent, vous ne payez que ce qui est à l’intérieur.
C’est à Berlin que la première boutique de ce type est née, il y a moins d’un an. Pour sa création, une levée de fonds avait été organisée… avec succès. Ses quatre fondatrices avaient récolté 20 000€ en moins de 24 heures. Elles en demandaient 45 000 en tout, mais surprise : la collecte est montée jusque 100 000€.
Le ‘zéro déchet’, un mode de vie à part entière
D’autres ont poussé le concept du ‘sans emballage’ encore plus loin, jusqu’à l’ériger en véritable philosophie de vie. C’est le cas de la mythique famille Johnson. Ce couple avec deux enfants s’est lancé dans l’aventure en 2008. Béa, la maman, est française, mais pour rejoindre son mari, elle est partie vivre aux Etats-Unis. A son arrivée de l’autre côté de l’Atlantique, elle goûte au mode de vie du pays de l’Oncle Sam, va faire du shopping en 4×4, profite de sa grande et belle maison de San Francisco, et mène une vie sans privation. Au Monde, elle explique en 2012 avoir tout à coup ressenti un « profond malaise« , que son hyper-consommation n’arrivait plus à combler. Avec sa petite famille, ils déménagent. Pendant un temps, leurs affaires restent dans les cartons, et le couple se rend compte qu’il est heureux avec peu de choses. « On a tout vendu pour s’installer dans une maison deux fois plus petite qu’avant, on a donné tout ce dont nous n’avions plus l’usage, et nous avons entamé une nouvelle vie, avec peu de choses », raconte Béa Johnson au Monde. Petit à petit, ils tentent de se passer totalement d’emballages, une expérience racontée sur un blog.
Ils achètent leurs produits alimentaires en vrac, et mettent fromage, viande, poisson et charcuterie en bocaux. Chaque année, ils génèrent à eux quatre « quelques poignées de détritus« , qui proviennent surtout de produits cosmétiques comme la crème solaire, qu’il est encore bien difficile de faire soi-même, ou des médicaments. Adieu les disques de coton, pour se démaquiller, Béa est passée par exemple aux lingettes réutilisables. Côté vêtements, le dressing de cette jeune maman a de quoi donner de l’urticaire aux fashionistas : elle possède « deux robes, deux jupes, trois pantalons, un short, trois pulls, sept hauts, six paires de chaussures, sept culottes (…) et un soutien-gorge« . Et elle assure qu’elle vit tout aussi bien qu’avant. Mieux : elle aurait aussi économisé beaucoup d’argent depuis toutes ces années. Sur son blog, nombreux sont les adeptes qui confient avoir eux aussi, choisi la voie du ‘zéro déchet’. Si la tendance s’exporte en Europe, les chiffres d’Eurostat pourraient bien chuter d’ici quelques années…
Perrine Signoret
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