Séoul rafle la palme de la ville la plus engagée pour le climat
Depuis 2011, la ville de Séoul se met progressivement au vert. Des efforts encouragés par l’organisation WWF, qui lui a décerné le premier prix de l’Earth Hour City Challenge.
En janvier dernier, WWF avait sélectionné 163 villes, réparties dans seize pays du monde. Toutes n’aspiraient qu’à une chose : remporter le Earth Hour City Challenge, une compétition qui récompense chaque année les agglomérations les plus engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Si l’organisation au panda a lancé ce concours, c’est parce que les villes représenteraient la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Séoul aura finalement terminé première sur le podium des plus ambitieuses d’entre elles, la semaine dernière. Il faut dire que depuis quelques années, la capitale de la Corée du Sud multiplie les initiatives.
Trois millions de voitures en ligne de mire
Tout commence en 2001, avec l’élection du maire Park Won-soon. Dès ses débuts, il affiche clairement son ambition : lutter contre le changement climatique. Pour améliorer la qualité de vie de ses citoyens, il va commencer par s’attaquer aux transports. D’après un rapport conduit par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2009, il y avait approximativement trois millions de voitures en circulation dans la ville, soit presque un cinquième de ce que le pays compte. Cela créée des embouteillages, qui ont fait passer la vitesse moyenne dans les rues de Séoul de 30,8 km/h en 1980 à 13,6 km/h en 2004. Mais surtout, cette encombrement engendre beaucoup de pollution. Si le réseau de transports en commun se développe à partir du milieu des années 2000, c’est avec Park Won-soon que les efforts vont s’accélérer. Couloirs réservés pour les bus, véhicules électriques en partage, développement de l’usage du vélo : les exemples ne manquent pas. Et pour ceux qui ne pourraient se passer de la voiture, la ville a aussi pensé à encourager la croissance des carburants propres.
Le solaire comme plan d’attaque
À Séoul, le maire et son équipe ont aussi choisi de valoriser les énergies renouvelables, notamment l’usage du solaire. Un pari qui aurait pu sembler au premier abord un peu fou, compte tenu de l’état du secteur énergétique en 2011. La ville, qui ne produisait alors que 3 % de l’électricité du pays, en consommait plus de 10 %. Elle était largement dépendante des énergies fossiles. Le nucléaire représentait 31 % des quantités créées. D’après le site de City Climate Leadership Awards, la situation aurait depuis un peu évolué. Le gouvernement a commencé par encourager les investissements privés dans le domaine de la photo voltaïque, en mettant à disposition des locaux municipaux, où certaines stations ont été érigées. Un effort a aussi été fait sur la délivrance de permis de construire nécessaires à l’installation de panneaux solaires. De 60 immeubles où cela était accepté en 2005, le chiffre est passé à 160 en 2013. Le maire a aussi directement équipé certains citoyens. En tout, ce sont plus de 2500 foyers qui auraient été concernés. Il projetait alors d’ajouter à ce chiffre 380 unités en 2014. Enfin, la commune a équipé 285 immeubles publics, comme des centres communautaires ou des stations de pompiers. Ce dernier projet aurait coûté la bagatelle de 43 milliards de dollars, et aurait permis de produire depuis sa mise en oeuvre 6,1 MW d’électricité.
La ville est devenue grâce à ces avancées un véritable modèle de développement. Sur son site, WWF dit d’elle qu’elle aurait « impressionné le jury international d’experts avec son approche compréhensive pour lutter contre le changement climatique et sa détermination à faire décoller l’usage des énergies renouvelables« . Le succès de ses mesures et les progrès effectués en un temps relativement court prouveraient aussi « le potentiel et l’importance de passer de projets-pilotes à une implantation à large échelle » Séoul ne compte pas s’arrêter en si bon chemin… D’ici 2020, la municipalité espère réduire les émissions de gaz à effets de serre de l’ordre de dix millions de tonnes, et d’atteindre un niveau d’indépendance électrique de 20 %.
Perrine Signoret
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