L’ONU craint une pénurie mondiale d’eau en 2030
A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau ce 22 mars, les Nations Unies tirent la sonnette d’alarme quant à l’utilisation de l’or bleu. Si nous ne changeons par notre manière de l’utiliser, il y aura une pénurie d’eau au niveau mondial de l’ordre de 40% d’ici 2030.
L’ONU a sorti vendredi son rapport annuel sur l’eau, intitulé « L’eau pour un monde durable », rapporte 20minutes.fr. Souvent appelé l’or bleu, cette ressource est précieuse pour de nombreuses raisons. Selon les Nations Unies, si nous continuons à dépenser cette ressource naturelle de la même manière qu’on le fait aujourd’hui, on devrait faire face à un déficit de 40% d’ici 2030. Le rapport veut inciter à se fixer de nouveaux objectifs en matière de développement durable d’ici quinze ans.
Le rapport insiste surtout sur les liens entre accès à l’eau, développement et gestion durable de cette ressource. En effet, la lutte contre la pauvreté va de pair avec une croissance de la demande en eau. Cela peut conduire à une surexploitation de cette ressource. En Inde par exemple, 18 millions de puits mécanisés ou tubés ont été installés pour lutter contre la pauvreté. L’initiative parait bonne et a atteint son but, mais elle a aussi provoqué « un stress hydrique important » dans certaines régions du pays, rapporte Le Point.
Assainir l’eau : un défi pour les pays en développement
L’ONU pointe l’urgence de la situation où biodiversité, industrie et agriculture sont menacées. Cela risque également de créer des conflits entre secteurs économiques et certains pays. Même si avoir à disposition des chiffres exacts et fiables est assez compliqué, les rapporteurs insistent sur quelques chiffres qui interpellent.
On y apprend par exemple que 1,8 milliard de personnes consomment actuellement une eau qui est contaminée par des matières fécales. Assainir l’eau est indispensable et est un processus qui n’est pas forcément facile à mettre en place. C’est un défi dans de nombreux pays en voie de développement. Un happening, organisé par 29 ONG françaises au sein de la campagne « Parlons Toilettes », a d’ailleurs lieu ce week-end à Paris pour sensibiliser à cette problématique, relate le site 20minutes.fr. Comme le souligne également Richard Connor, auteur du rapport, « une meilleure hygiène de vie réduirait fortement le fardeau des maladies liées à l’eau« .
Il faut apprendre à gérer l’eau de manière durable
Concernant l’utilisation de ces ressources, il se trouve que 20% des eaux souterraines sont actuellement surexploitées. D’ici 2050, il se pourrait que la demande en eau augmente de 55%, notamment à cause de la croissance de l’urbanisation et de l’explosion démographique. Le rapport insiste, il faut absolument « apprendre à gérer plus durablement cette ressource ». Si ce n’est pas le cas, Richard Connor met déjà en garde : « les populations vont devoir creuser plus profond, ou importer de l’eau ou dessaler les mers« .
La bonne nouvelle du rapport est celle-ci : oui, il y a assez d’eau sur Terre pour répondre aux besoins. A condition de changer notre façon de la gérer et de l’utiliser plus judicieusement pour ne pas la gaspiller. « Les lois doivent garantir un équilibre dans la consommation d’eau entre les secteurs concurrents et protéger de la pollution« , souligne l’auteur de « L’eau pour un monde durable ».
Une clé pour y arriver, c’est recycler systématiquement l’eau utilisée. Or, pour l’instant, 90% des eaux usées dans les villes des pays en voie de développement sont rejetées dans les fleuves, océans et lacs sans être traitées préalablement. Cela concerne aussi les pays développés, comme la ville canadienne de Montréal où « les tuyaux datent de plus de 100 ans« .
« Les tarifs sont trop bas »
Selon le rapport, l’un des problèmes de l’eau, c’est son prix : « les tarifs sont trop bas pour limiter l’utilisation excessive d’eau par les plus aisés et l’industrie« . C’est le cas des centrales thermiques qui représentent 80% de la production d’électricité et qui sont l’une des plus gourmandes en eau.
Pour encourager les Etats à mettre en place un meilleure gestion de l’eau à long terme, le rapport appuie sur les avantages que cela apporterait. Un dollar investit pour protéger un bassin hydraulique pourrait effectivement aider à économiser jusque 200 dollars sur le traitement de l’eau.
Le rapport en profite également pour mettre en avant des initiatives positives. En Europe par exemple, des entreprises souhaitent mettre en place une irrigation plus économe en eau. L’auteur termine sur une note d’espoir : « le défi est majeur, mais pas insurmontable.«
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