Une manifestation historique
La manifestation nationale organisée par le front commun syndical jeudi à Bruxelles contre la politique du nouveau gouvernement fédéral a réuni de 100.000 à 130.000 personnes, selon les chiffres des syndicats et de la police.
Annoncée le 15 octobre, au lendemain de la déclaration de politique générale du gouvernement fédéral, la manifestation nationale a pris le départ de la gare de Bruxelles-Nord jeudi vers midi. Les affiliés aux syndicats FGTB, CSC et CGSLB, des écologistes, des représentants du monde culturel ainsi que des militants du PS et des partis de gauche radicale avaient répondu présents. Les coupes claires qui seront effectuées dans le budget de l’Etat fédéral lors des cinq prochaines années, le saut d’index et la réforme du système des pensions figurent parmi les principaux griefs des manifestants.
De 100.000 à 130.000 personnes
Le cortège s’est élancé vers le quai de Willebroek avant d’obliquer vers la petite ceinture et de rejoindre les boulevards du centre. La manifestation, qui a réuni de 100.000 à 130.000 personnes selon les sources, prenait fin devant la gare de Bruxelles-Midi. Les dirigeants des principaux syndicaux ont alors pris la parole devant la foule pour se féliciter du succès de l’action mais également pour lancer un avertissement au gouvernement fédéral.
« Le gouvernement et les patrons ne pourront rester sourds à cette mobilisation », a lancé Marc Goblet, secrétaire général de la FGTB. Il a réitéré son rejet de l’accord de gouvernement, qualifié de « profondément injuste ». « On prend l’argent de la collectivité pour le glisser dans la poche des actionnaires », s’est-il insurgé. « Félicitations aux 120.000 verts, rouges et bleus venus de tout le pays malgré les intimidations des patrons », a lancé pour sa part Jan Vercamst, président de la CGSLB.
Du côté de la CSC, la secrétaire générale Marie-Hélène Ska a également remercié les participants et notamment ceux qui n’ont pas l’habitude de manifester. « Vous êtes nombreux à vouloir le changement. C’était d’ailleurs l’un des slogans-phare de la campagne électorale. Mais de quel changement parlent-ils? Saut d’index, gel des salaires, recul de l’âge légal de la pension, la fin du crédit temps non justifié qui va pénaliser les femmes », a-t-elle énuméré. « De qui se moque-t-on? Il faut oser investir dans les services publics, dans une justice capable d’assurer ses missions, dans la culture.
Faire oeuvre de pédagogie, pour « expliquer » la nécessité des réformes
Plus tôt dans l’après-midi, le chef du gouvernement Charles Michel a répété à la Chambre le souci de placer la concertation sociale au centre de l’action politique de son équipe, visant à créer plus d’emplois et préserver la protection sociale. Il a dit entendre la « colère » de la rue, les « doutes » et s’est dit prêt à faire oeuvre de pédagogie, à « expliquer » la nécessité des réformes. Le Premier ministre a présenté une feuille de route aux syndicats qui doit créer des espaces de concertation.
Dans son discours tenu à la gare du Midi, Marc Goblet avait indiqué que la suppression du saut d’index et le respect de la liberté de négociation, des garanties pour une sécurité sociale viable, l’établissement d’un plan de relance et l’instauration d’une fiscalité juste constituaient les conditions préalables d’une reprise du dialogue social.
Incidents en fin de parcours
La manifestation a été marquée par des incidents en fin de parcours, entre la Porte de Hal et la gare du Midi. Un noyau dur de plusieurs centaines de manifestants, des métallos, dockers anversois et militants anarchistes selon les organisateurs de la manifestation, ont affronté les forces de l’ordre. Les échauffourées ont fait plusieurs blessés et des dégâts matériels conséquents. Plusieurs voitures ont été incendiées ou fortement endommagées pendant les faits. La police a dû charger la foule et utiliser des autopompes et du gaz lacrymogène pour disperser les fauteurs de troubles.
Grèves tournantes
Une série de grèves tournantes commencera à partir du 24 novembre jusqu’au 8 décembre, avant la grève nationale du 15 décembre. Si aucun progrès n’est réalisé d’ici là, Marc Goblet a averti qu’un nouveau plan d’actions sera lancé dès le 5 janvier.