Theo Francken: « Cette crise de réfugiés n’est qu’un début »
Le Secrétaire d’État Théo Francken (N-VA) est l’un des membres du gouvernement moins importants, mais sa compétence « Asile et Migration » a plus de poids politique que les trois quarts des portefeuilles ministériels. Il a accordé un entretien à nos confrères de Knack.
Il revient notamment sur son refus de délivrer un visa à une famille syrienne coincée à Alep. Condamné à payer une astreinte de 4000 euros par jour de retard dans la délivrance du visa, Theo Francken a fait appel de la décision du tribunal de première instance qui l’a annulée.
« Pour être tout à fait clair, je n’ai rien refusé, je n’ai rien ignoré. Je respecte toujours la séparation des pouvoirs. J’ai simplement fait appel de la décision du juge, et c’est mon bon droit. C’est même mon devoir de citoyen. L’avocate de la famille syrienne prétend que c’est une affaire unique, mais c’est inexact : il y a des dizaines de familles, en Syrie, et ailleurs dans le monde, qui se trouvent dans une situation semblable. Et contrairement à ce que suggèrent plusieurs médias, ça ne change rien qu’il y ait une famille belge prête à les accueillir », explique-t-il à Knack.
Presque plus de noyés dans la Mer Égée
Interrogé sur l’accord sur les migrants conclu avec la Turquie, Francken souligne qu’il estime toujours que c’est un acte particulièrement humain « vu que depuis il n’y a presque plus eu de noyés dans la Mer Égée. Pour lui, il faut limiter l’asile aux cas exceptionnels, « ce qui est beaucoup plus juste et beaucoup plus sûr ».
Pour lui, la crise de réfugiés actuelle n’est qu’un début. « Si on regarde le développement climatique, la désertification de l’Afrique, les guerres et les conflits partout dans le monde, on ne peut que constater que la pression sur les frontières extérieures de l’Union européenne ne fera qu’augmenter. Cette crise n’est qu’un début ».
Pays de Cocagne
Aussi propose-t-il de conclure un grand accord entre l’UE et tous les pays autour de la Méditerranée et s’il le faut, au-delà. « Nous devons faire comprendre aux réfugiés que prendre un bateau n’offre aucune garantie à un séjour en Europe », déclare-t-il. Il affirme qu’il ne s’agit pas de leur faire peur, mais d’éviter de prendre des mesures qui donneraient à la Belgique « la réputation d’un pays de Cocagne ».
« À moment donné, huit mille Irakiens ont demandé asile. Ils pensaient vraiment qu’on leur donnerait deux mille euros, une belle voiture et un appartement, et qu’ensuite ils pourraient faire venir leurs familles. Cette illusion leur a été vendue par les passeurs et circulait aussi sur la Toile. En réalité, ils se sont retrouvés dans une caserne au Limbourg ou en Flandre-Occidentale. Mais ils n’avaient évidemment pas payé les passeurs pour ça et donc leur déception s’est répandue comme une traînée de poudre sur internet : ‘Vous ne devez pas venir, car ce n’est vraiment rien ici », raconte le Secrétaire d’État, qui ajoute que grâce à cette approche l’afflux de réfugiés en Belgique n’avait jamais été aussi bas en huit ans.
Theo Francken, qui figure parmi les dix politiques les plus populaires de Wallonie, explique que cette popularité le conforte dans son opinion que beaucoup de Wallons et de Bruxellois francophones veulent se débarrasser de la camisole de force idéologique du PS. « Quand j’ouvre mes e-mails, je constate que dans les Maisons du Peuple on parle une langue proche de la mienne ».
Francken s’exprime également sur le sentiment d’insécurité éprouvé par certains face aux demandeurs d’asile. « Il n’y a pratiquement pas de réfugiés reconnus ou de demandeurs d’asile impliqués dans les vols à la tire et les vols à l’étalage, ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas de problèmes. Il y a pas mal d’incidents dans les centres d’asile, et particulièrement entre les Afghans et les Irakiens. Ces deux nationalités sont responsables des trois quarts des bagarres. J’ai été pensionnaire: je sais donc que quand beaucoup de jeunes vivent ensemble, il y a parfois de démêlés. Mais nous manions une ligne rouge : à la moindre atteinte de l’intégrité physique de nos personnes de Fedasil, nous intervenons durement », raconte-t-il.
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