Stoltenberg enfonce le clou: « la Belgique doit dépenser plus pour la défense »
Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a appelé vendredi la Belgique à accroître ses dépenses militaires, conformément à l’engagement pris en 2014 par tous les pays alliés de consacrer 2% de leur Produit intérieur brut (PIB) à la défense d’ici sept ans.
« J’attends de tous les alliés de donner un suivi à ce que nous avons décidé en 2014: de stopper les économies, d’augmenter graduellement (les budgets de la défense) et de bouger en direction de dépenses à 2% dans la décennie », a-t-il affirmé lors d’un entretien accordé à l’agence Belga au lendemain d’une « réunion spéciale » des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 – et bientôt 29, avec le Monténégro – pays membres de l’Alliance atlantique dans le nouveau siège bruxellois de l’organisation.
Une occasion que n’a pas manquée le président américain Donald Trump pour réclamer « brutalement » de ses alliés qu’ils « contribuent enfin équitablement » et qu’ils « remplissent leurs obligations financières », affirmant qu’ils devaient « d’énormes sommes d’argent » en raison du déséquilibre entre les budgets militaires des Etats-Unis et l’Europe.
Peu surpris par la sortie de M. Trump, le Premier ministre belge Charles Michel a confirmé jeudi soir l’intention de son gouvernement d’augmenter progressivement le budget de la Défense, mais sans s’engager à atteindre les 2% du PIB réclamés par Washington et par l’Otan.
La Belgique, pays hôte du siège de l’organisation, n’a consacré en 2016 que 0,91% de son PIB aux dépenses militaires – ce qui la place dans le peloton de queue du classement élaboré par l’Otan – alors que les 28 alliées se sont engagés en septembre 2014, lors d’un sommet atlantique au Pays de Galles, à arrêter l’érosion de leurs budgets de défense et à y affecter 2% du PIB d’ici 2024. Seuls cinq pays ont atteint ce seuil en 2016: les Etats-Unis, qui en tant que puissance mondiale caracolent en tête du classement, l’Estonie, la Grèce, la Pologne et le Royaume-uni. La Roumanie devrait suivre cette année et la Lettonie l’an prochain.
Avec la « vision stratégique » approuvée en juin dernier, le gouvernement a fixé comme objectif une trajectoire pour s’orienter vers 1,3% du PIB à l’horizon 2030 et pour revenir ainsi dans la moyenne des pays européens nucléaires (France et Royaume-Uni, jusqu’à la concrétisation du Brexit) et non nucléaires.
« J’en ai parlé souvent avec le Premier ministre et d’autres dirigeants politiques en Belgique. J’accueille favorablement l’augmentation que nous voyons, mais j’attends bien sûr une hausse supplémentaire », a dit M. Stoltenberg.
Il a rappelé que nombre d’alliés avaient durant des années, après la fin de la Guerre froide, dépensé moins de 2%. « Ma responsabilité (en tant que secrétaire général) c’est d’assurer que nous mettons en oeuvre les promesses sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord en 2014 », a souligné M. Stoltenberg.
Selon lui, la tendance à la baisse des budgets militaires a cessé dans la plupart des pays, avec même une augmentation globale de 3,2% en 2016, soit dix milliards de dollars.
M. Stoltenberg a par ailleurs admis que le président Trump avait un « langage direct », « clair » et « tranchant » sur le besoin d’un partage plus équitable du fardeau (« burden sharing ») des efforts de défense entre alliés. « Le langage et les mots peuvent être différents, mais le coeur du message est le même que celui de précédentes administrations » américaines, a-t-il dit.